Je caressais ce rêve depuis longtemps : connaître un jour, une nuit plutôt, le Kit Kat, le club Fetish légendaire de Berlin ! On m’en parlait avec tant d’enthousiasme, d’étoiles dans les yeux, je n’ai pas résisté quand on m’a proposé de faire le voyage pour participer à la Wasteland, et vivre enfin l’expérience Kit Kat. Tout ce que l’on m’a vanté s’est révélé encore bien en dessous de la vérité ! J’ai découvert un lieu incroyable et merveilleux, une ambiance unique, un son exceptionnel, au-delà de tout ce que je pouvais imaginer !
Essayer de raconter avec des mots est voué à l’échec – même si je vais me lancer quand même, et tenter d’approcher le graal —, car c’est une expérience que l’on vit dans son corps, son cœur, sans distance, en se plongeant corps et âme dans la fête, en profondeur, jusqu’aux abysses.
Une fois la fête finie, il ne reste que des impressions fugitives, des sensations, des émotions, un foisonnement de souvenirs indescriptibles composés d’un mélange de couleurs, de musiques, de rencontres, de contacts… des souvenirs de plus en plus brumeux à mesure que le temps passe.
Et le désir, mordant, cuisant, de recommencer ! D’y retourner ! (heureux les Berlinois…)
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Nous arrivons pile à l’heure et découvrons avec effarement la longue file d’attente : elle occupe déjà toute la rue ! Mais elle avance vite, le club absorbe des centaines de participants sans frémir : contrôle des sacs, du billet, et hop, on est dans la place, impressionnés par l’efficacité de l’organisation !
De charmantes hôtesse vêtues de latex nous orientent vers un vaste vestiaire. Tout le monde s’affaire afin de se métamorphoser en créatures de la nuit dans une débauche de tenues sexy, de masques, de lingerie… Je suis prête en deux secondes, je me suis déjà changée dans les toilettes du restaurant, trop impatiente pour attendre. Je retrouve plein d’amis de Paris, une vingtaine peut-être, je suis ravie de les revoir, nous sommes tous excités comme des puces ! Je ne les reverrai pas de la soirée pour la plupart, mais où sont-ils passés tous ?
Petit moment de stress ensuite, au moment de se présenter devant l’entrée : les responsables du dress code nous examinent avec attention, le respect du dress code, c’est du sérieux, on ne rigole pas avec ça ! C’est vrai que cela participe à l’ambiance de la fête… Une amie se fait retoquer en raison de son haut en dentelles, elle doit acheter en catastrophe un top en wetlook – une boutique est installée dans le vestiaire, pratique pour les étourdis ! – Le body de soie d’une autre amie ne passe pas non plus, elle préférera rester nue, trop belle… Je surprends aussi une jolie inconnue en difficulté avec son corset gothique. Du latex, du vinyle, du cuir, des uniformes fetish, et puis c’est tout ! (Aux Wasteland d’Amsterdam, le dress code encore plus strict : le wetlook, ce mi-chemin entre le faux cuir et le latex, ne passe pas). Dans le doute, je n’ai pris aucun risque : je suis vêtue de vinyle des pieds à la tête !
Une fois à l’intérieur, c’est la liberté totale, la fête peut commencer, et nous nous jetons dans la mêlée avec enthousiasme.
Je perds aussitôt de vue une partie de mes amis, et je m’accroche aux derniers, histoire de faire le tour des lieux avec eux au moins une fois avant de les perdre pour de bon eux aussi à la faveur d’un mouvement de foule.
Le club est immense, je n’en ai jamais vu d’aussi grand ! Il recèle moult salles, recoins, escaliers, mezzanines, passages secrets… un vrai labyrinthe !
Au sous-sol, on traverse plusieurs salles équipées d’installations bdsm, il y a même deux lits d’hôpital d’autrefois, et des chaises gynécologiques à l’ancienne. Là, les pratiques bdsm les plus intenses se déroulent. On y trouve aussi un bar tout en longueur, un dance floor, une grande salle équipée de matelas — calme, pour l’instant.
Au rez-de chaussée, j’ai dû mal à m’orienter ! Il y a une grande piste de danse avec des bancs de poissons qui nagent au-dessus de nos têtes, une plus petite décorée façon jungle, deux ou trois bars, des espaces lounge avec des canapés, des espaces câlins avec des banquettes, des lits… et surtout, surtout, j’en suis restée scotchée : une piscine ! Un homme avec une queue de sirène s’y ébroue, il joue à m’éclabousser de ses mouvements de queue et me lance des regards provocateurs, avant de s’amuser plus loin. Il y fait plus frais, on peut y fumer, ce qui donne une ambiance transgressive à souhait comme j’adore. On peut même y manger : un stand propose des saucisses grillées, pour les amateurs de sucreries, des hôtesses hyper lookées se promènent en offrant des bonbons, du popcorn, et aussi des préservatifs dans des plateaux qu’elles portent en bandoulière.
On apprécie l’ambiance calme, détendue, la musique nous parvient de façon assourdie, elle permet d’échanger plus facilement. Nous convenons avec mes amis que cette incroyable piscine sera notre point de rendez-vous avant de partir chacun de notre côté en quête d’aventure.
Livrée à moi-même, j’explore les lieux à nouveau, et je me perds, tout le temps ! Je n’ai entrevu certaines salles qu’une seule fois, sans jamais réussir à les retrouver.
Toute la soirée, j’erre comme une âme en peine… non, je rigole ! Je déambule, émerveillée, fascinée par les tenues que je croise (je me souviens en particulier d’incroyables uniformes), les éléments de décors, portée par le rythme électro qui bat dans mes oreilles et accélère mon cœur. J’ai l’impression de pénétrer dans un autre monde, de changer de plan, un peu comme dans un jeu vidéo quand le niveau suivant se débloque et révèle un univers flamboyant, coloré, magique, totalement différent de la réalité habituelle…
Je tente parfois de rejoindre notre point de rendez-vous, la fameuse piscine, pour revoir mes amis, échanger des impressions. Je demande mon chemin à ceux qui me sourient « where is the swimming pool ? », l’occasion de faire plein de rencontres sympas. Des chevaliers servants éphémères arborant de grandes casquettes soviétiques me mènent à bon port d’une main sûre, m’aidant à naviguer à travers la foule et me faufiler au milieu des danseurs. Parfois, nous nous arrêtons en si bon chemin, le temps d’une pause au bar, ou pour danser, si la musique nous happe.
Le son est fantastique, les meilleurs DJ du monde sont réunis et mettent le feu. Tout le monde semble en transe, la foule oscille au rythme de l’electro, qui ralentit parfois pour mieux nous emporter ensuite dans des crescendos irrésistibles. J’ai dansé comme une folle, soulevée par ces rythmes hypnotiques, j’ai adoré, m’interrompant le temps de changer de salle, de regarder les shows : pôle danseur sexy, shibari raffiné, séances bdsm, sans oublier le groupe de rocks de filles enchaînant les tubes qui nous a accueilli dès notre arrivée !
J’ai aimé regarder la piste de danse depuis la mezzanine, admirer le spectacle chamarré des danseurs dans leurs tenues féeriques et démoniaques, nonchalamment accoudée à la balustrade, en bavardant avec d’autres curieux. Juste derrière moi, une autre fête bat son plein, des couples s’étreignent ardemment sur les matelas. Un moment d’inattention, ma bouteille d’eau m’échappe, bascule entre les barreaux avant de s’écraser quelques mètres plus bas, procurant une douche fraîche aux danseurs ! Oups, je bats en retraite avant que des têtes ulcérées ne se lèvent vers moi.
Le jour s’est levé depuis longtemps, la Wasteland se termine officiellement à 6h, mais le Kit Kat, lui, reste ouvert jusqu’à 17h ! Vers 8h, les derniers amis Français s’en vont, je suis tentée un instant de rester seule, dans cette ambiance déjantée et love à souhait. En plus, je suis devenue tout à fait fluent in english, j’évolue comme un poisson dans l’eau, bienheureuse dans ce bain d’electro au milieu de tous ces visages souriants. Mais je finis par les suivre sagement, j’ai envie d’être avec eux, et je me sens au bord de l’évanouissement tant j’ai dansé !
Le soir-même, nous retournons au Kit Kat, attirés par ce lieu incroyable comme des papillons de nuit. Il est configuré de façon plus intime, la musique est toujours d’enfer et l’ambiance électrique, mais ceci est une autre histoire.
Quand je pense que les Berlinois ont la chance de vivre de telles nuits tous les week-ends !
Je rêve de revenir !!
Photos :
Un grand merci à Heinrich von Schimmer d’avoir immortalisé la soirée de ses belles photos, ma tenue ci-dessus exceptée (note à moi-même : plus jamais de vinyle rouge avec du vinyle noir), je me suis permise d’en sélectionner quelques unes pour illustrer ce billet, n’hésitez pas à regarder toutes ses autres photos sur :
Son site internet
Sa page Facebook
Pour en savoir plus :
Le site de la Wasteland
Le site du KitKat Club
6 commentaires
C’est très étrange de se retrouver sur une photo diffusée sur le web
Oh, souhaitez-vous que je supprime la photo concernée ? C’est laquelle ?
Oui, c’est indescriptible, au delà de tout ce que l’on m’avait raconté ! (mais mon imagination va encore au-delà ^^ )… Seul souci : depuis, j’y pense très souvent, et j’ai envie d’y retourner !
Bonjour, et merci pour ce retour. Je souhaite aller à Berlin, et recherche de bonne soirée dans un monde ou le jugement n’existe pas, je suis soumis à ma femme qui bien entendu est dominatrice. Les soirées cuir vinyle latex, BDSM, Travesti, nous convienne tout à fait. Je recherche les soirée exceptionnel sans code.
Bientôt, il y aura la Nuit Dèmonia à Paris, le 30 octobre, et la Nuit du Divin marquis le mois suivant… la Wasteland, c’est un rêve éveillé ! A vivre au moins une fois dans sa vie ^^ mais quand on y a goûté une fois, on n’a qu’une envie : y revenir !
« Tout ce que l’on m’a vanté s’est révélé encore bien en dessous de la vérité ! » C’est parce que tu ne nous croyais pas, ou alors que tu manquais d’imagination (deuxième option que je ne saurais retenir).
Effectivement, ça ne ressemble à rien d’autre !
Quelle chance d’y passer une soirée…