Je viens de lire « La coquille de Sybel » de Julie-Anne de Sée et Alphonse Rode, paru aux Éditions Tabou.
Quelques mots sur l’histoire :
Étudiante en thèse et tirant le diable par la queue, Sybel répond étourdiment à une annonce de baby-sitting, avant de réaliser sa bévue : il s’agissait en fait de « dick-sitting » ! Une idée de deux fringuants quinquagénaires recherchant des escorts « hauts de gamme », façonnées à leurs mains… à leurs membres plutôt !
Passé le moment de surprise, Sybil se plie de bonne grâce à toutes les exigences de son mentor, Jean-Luc, motivée aussi il est vrai par la coquette somme promise. Elle se lie bientôt d’amitié à Ulla, l’ardente « dick-sitter » d’Alphonse, l’ami de Jean-Luc, qui va lui ouvrir d’autres horizons, et diversifier ses activités. Au tour des filles de mener la danse !
J’ai beaucoup aimé les personnages des deux jeunes filles, surtout Ulla, fonceuse, cash, débrouillarde et rock n’roll (un peu trop ignare peut-être ?). Mais je me suis surtout identifiée à Sybel, jeune fille naïve au début, qui se révèle un goût et un talent pour le sexe qu’elle va faire fructifier, sans renoncer à son cœur romantique pour autant.
J’ai moins apprécié son « monsieur », trop caricatural à mon goût, prétentieux, suffisant, étalant complaisamment son érudition et sa culture, très satisfait de lui-même, vieux beau se gargarisant de bons mots plus ou moins réussis, sous l’œil attendri de Sybel. Et puis, il devrait s’informer un peu mieux sur le consentement ! Les temps ont changé, dieu merci…
Malgré leur différence d’âge et d’expérience, et l’aspect tarifé de leur relation, Sybel et lui se sont bien trouvés et s’apprécient, à leur corps défendant. Heureusement, il s’amende au fil de l’histoire, accepte avec grâce de… mais je n’en dirai pas plus, l’autrice me reproche souvent de trop en dire dans mes chroniques, au risque de gâcher le plaisir de la lectrice ou du lecteur ^^ (cependant, la 4e de couverture donne un indice !)
Un roman truffé d’expressions populaires sur «la chose», de références littéraires et cinématographiques, du miel pour les amateurs ! Les personnages se livrent à de véritables joutes oratoires et rivalisent d’esprit, sous la houlette des deux auteurs que l’on devine épris de belles lettres. Cette idée d’école de geishas des temps modernes va peut-être faire son chemin qui sait, et apparaître un jour dans le paysage de l’escortisme semé d’embûches juridiques ! Dans le roman en tout cas, ce projet de deux amis en goguette est relevé avec brio par deux jeunes filles complices et déterminées !
Merci beaucoup aux auteurs et aux Editions Tabou pour ce roman enlevé, aux personnages truculents, et cette plongée dans le monde des escorts !
Une petite citation, pour le plaisir :
« Quelle misère, les hommes ! Vraiment, je ne les envie pas. Devoir toujours bander et jouir au bon moment, ni trop tôt ni trop tard. Mieux vaut être nées nana. »
Cela me donne envie de répondre avec cette citation de Gaspard Proust ^^
« Quand on pense que 80% des femmes sont clitoridiennes, à quoi bon s’acharner à bander ? »
La présentation de l’éditeur
Croyant répondre à une petite annonce de baby-sitting, Sybel, une étudiante fauchée, se retrouve dick-sitter. Jean-Luc Valmont, séduisant quinqua, dont la vision du monde érotico-pornographique phallocentrée la charme, lui dispense avec humour et un goût assumé de la provocation une formation intensive. Jouisseur cynique, il emprunte, non sans nostalgie, autant aux libertins du XVIIIe siècle qu’à la libéralisation des mœurs des années 70. En toute complicité avec Alphonse, son frère de cul, lui aussi engagé dans ce challenge pour former « l’idéale escaladeuse de braguette ». Les postulantes, dont on exige de solides prérequis culturels, défilent. Coup de théâtre final : les élèves dépasseront leurs Pygmalions dans la maîtrise des plaisirs. À contre-courant de la bien-pensance ambiante et du terrorisme castrateur des ultra-féministes, Sybel et sa partenaire Ulla opposent un anti-modèle, business plan inclus, en jeunes femmes libres, anges heureuses du sexe.
Pour vous le procurer :
Les Éditions Tabou
Le site de La Musardine ou sur place, 122 rue du Chemin-vert, Paris 11e
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