Le 5 juillet dernier, avec deux amis de soirée fous de musique et de fêtes, nous prenons la route vers Amsterdam, où se déroule la Wasteland Summerfest, sorte de grand festival fetish electro en plein air.
– Moi qui déteste les longs trajets en voiture normalement (souvenirs d’enfance calamiteux de voyages interminables), j’adore ces roads trips à l’américaine ! Je m’installe avec allégresse dans la voiture, enchantée à la perspective de la fête qui nous attend au bout du voyage, réjouie d’écouter les récits bien déjantés de ces deux gaillards qui me font rire et se révèlent des conteurs hors pair. Le tout saupoudré de cafés, sur fond de musique metal, rock, punk, toujours excellente ; ce sont des experts ! J’aurais dû noter tous les groupes d’hier et d’aujourd’hui qu’ils m’ont fait découvrir et ont rythmé notre voyage.
Nous avons choisi d’arriver la veille de la fête, histoire d’être en forme et bien reposés le jour J (nous venons de faire 6 heures de route quand même !). Il est déjà tard quand on dépose nos valises à l’hôtel, mais impossible de résister à l’envie de ressortir faire un tour en centre ville avant notre nuit réparatrice.
Juste une petite ballade, un dernier verre… Nous avons tant de choses à nous raconter, tant de projets sur le feu, et nous voulons voir les canaux, les rues piétonnes, le quartier rouge… nous promener le nez au vent, en humant discrètement ce parfum de cannabis qui flotte dans les rues et finit par nous gagner. J’ai bien essayé de tirer les garçons par la manche de temps à autres « venez, on rentre, demain on doit assurer ! », il y avait toujours un dernier truc à voir ou à boire, je me suis laissée guider avec plaisir, et beaucoup d’amusement. L’un des amis recherche un bar « interlope tu vois, vaguement SM… », il me fait rire aux larmes ! Nous cherchons la « perle rare », trouvons un bar lap-dance, un bar médiéval, un bar sportif… La ville nous happe, nous absorbe, et de fil en aiguille, nous nous glissons dans nos lits vers 6h du matin !
Le réveil pique un peu ! Le temps de se lever, de rater le petit-déjeuner de l’hôtel, de trouver un café ailleurs, de se préparer en gloussant, avec des essayages variés et des questionnements essentiels de dernière minute : « quel chapeau je mets ? Chaînes ou non ? « , de déjeuner sur le pouce… on accuse un certain retard, mais de toute façon il pleuvait à verse, ça ne servait à rien de se presser ! Car oui, il pleut, damned, alors que c’est une fête censée se dérouler dehors, dans une chaleur de fin du monde… moi qui voulais mourir de chaud, je suis légèrement déconfite, j’ai même froid !
On fait la queue dans un tunnel de fer, léger moment de stress (pourquoi j’ai systématiquement un sentiment d’imposture dès que je me fais contrôler, que ce soit dans le métro ou en soirée !) mais tout se passe bien : billets validés, tenues acceptées par la « door bitch » qui vérifie le dress code « post apocalyptique ». – Ce n’est pas le cas pour tout le monde, non loin de nous, j’en vois un qui doit enlever son marcel blanc et je rigole sous cape. Il peut rester, mais en petite tenue !
On y est ! Yes, petite danse de joie, la musique pulse à nos oreilles et donne déjà envie de se trémousser !
La lumière est intense d’un seul coup et me fait cligner des yeux, après ces quelques minutes dans le noir. C’est comme se téléporter dans un autre univers, une autre espace-temps, le tunnel devait être magique !
La première chose à laquelle je pense en pénétrant les lieux n’a rien à voir avec l’univers fetish/bdsm, et se situe même aux antipodes : Disneyland ! Un immense espace dédié aux plaisirs de toutes sortes, avec plein d’attractions, à ceci près qu’elles ne sont pas pour les enfants.
Les décors évoquent Mad max : une carcasse de voiture, des infrastructures, pylônes, estrades en bois ou en métal rouillé, des sculptures qui crachent du feu, des sortes de braseros qui répandent une odeur de feu de bois…
La fête bat son plein et on en prend plein les yeux ! Elle se déroule principalement en extérieur, sur une sorte de plage, on a les pieds dans le sable (humide). Ce doit être si agréable quand il fait beau ! Là, il fait carrément fraichou, brrrrrr, je garde ma veste pas très fetish, mais au moins, j’ai chaud, et de plus en plus même ! Il bruine toujours un peu par moment, un vrai temps breton, mais notre bonne humeur et notre envie de faire la fête n’est pas entamée un instant ! Nous sommes excités comme des puces, nous sautons partout, déjà ivres de musique electro, et en deux minutes top chrono, nous nous perdons les uns les autres dans la foule, comme ça, par pure distraction… Ce n’est pas très grave, au contraire, c’est comme cela que les aventures surviennent, que l’on fait des rencontres, en se retrouvant seuls ! Si l’on reste collés entre frenchy, autant rester dans nos soirées parisiennes habituelles… – Quand même, on vient à peine d’arriver, et je me retrouve déjà livrée à moi même, d’habitude je reste un peu avec les amis au début !
Je m’empresse de visiter les lieux de fond en comble, admirant au passage les superbes tenues ambiance SF, inspirées par Mad Max, The 100… Beaucoup ont joué le jeu à fond, ils sont magnifiques !
– Près de l’entrée, on trouve des stands qui proposent des accessoires fetish. Je me promets de revenir faire du shopping plus tard, mais évidemment, je ne suis jamais revenue
– Non loin, plusieurs containers alignés accueillent les casiers pour ranger notre vestiaire, et un mini dance floor avec son DJ !
– Ensuite, on accède au grand chapiteau, séparé en deux espaces : une piste de danse électro, avec plusieurs estrades accueillant des danseurs, des performers, des chanteurs… tous super lookés. Il y a aussi un stand qui vend des ballons euphorisants. J’ai essayé, j’ai eu un espèce de fou rire irrépressible pendant plusieurs minutes, whaow, c’est fort !
L’autre moitié du chapiteau accueille les « playsrooms » (coins câlins en français). Des cloisons forment un labyrinthe d’alcôves plus ou moins à l’abri des regards ; elles sont déjà le théâtre d’intenses ébats. Je l’avais déjà remarqué, les Hollandais sont doux, souriants, caressants, sur la piste de danse, mais dans ces recoins où tout est permis, ils se lâchent, se déchaînent, et je surprends de vigoureuses étreintes dans les coins sombres, qui ne le sont pas tant que ça en plus ;-). Et là, je suis surprise en flagrant délit de voyeurisme par un ami de soirée français ! On est ravis de se retrouver par hasard, si loin de nos repères, dans cet environnement complètement fou !
– Dehors, une tente tantrique offre un espace plus calme, en théorie, car ça se câline à la hollandaise, c’est-à-dire frénétiquement 😉 – je suis injuste ! Je devine de tendres caresses aussi…
De nombreuses performances se déroulent partout à la fois : shibari, vacum bed, body painting, suspensions…
Je m’attarde devant une séance de fouet, le plus long fouet que je n’ai jamais vu. J’admire la technique du dominant, son fouet touche la peau avec une force calculée, la pression souhaitée, sur l’endroit exactement visé. Le fouet claque fort, mais vient s’enrouler avec douceur autour des fesses de la jeune fille, comme une caresse. Un peu cinglante quand même, elles rosissent, et la jeune fille est ravie !
J’ai envie d’avoir chaud après être restée longtemps dehors, spectatrice. Je rejoins un hangar embrumé, qui accueille une piste electro et offre un son que j’adore. Je plonge avec enthousiasme au milieu des danseurs, jusqu’à ce que l’envie de bouger me démange à nouveau (Ce sentiment de ne pas pouvoir être partout à la fois, de rater des trucs !)
Tout au bout de l’espace du festival, la foule se presse sur l’immence dance floor electro en plein air, on danse les pieds dans le sable, abrités du risque de pluie par une tenture. Le musique est excellente, elle me prend tout de suite dans ses filets, et je reste un long moment à danser là aussi, ne perdant pas une miette du spectacle autour de moi. Je retrouve des amis hollandais d’une fête précédente, ils m’intègrent tout sourires dans leur groupe, nous nous réjouissons de nous revoir, je ne les quitte plus ! Les hollandais sont tellement accueillants, chaleureux, un peu à l’Américaine, ce sont des géants qui font des « hugs » avec de grands sourires, trop sympas !
Plusieurs shows se déroulent tout autour de nous : des danseurs dans des cages, sur des passerelles, des performers miment des séances, d’autres artistes crachent du feu…
Je suis ravie de revoir Léa Montravers dans un beau duo avec une petite soumise à couettes ! (ci-joint en photo avec son fouet)
L’après-midi passe à la vitesse de l’éclair. J’ai enfin retrouvé mes deux compères, nous alternons entre les différents dancefloor et le bar extérieur, sorte de point central où nous pouvons profiter de tout et regarder le défilé incessant des tenues.
La nuit tombe peu à peu, les lieux se vident, la Summerfest est finie ! « On sort dîner avant l’After party ? » demande un ami. « Non, on enchaîne ! » Je ne veux pas quitter ce lieu féérique, il me semble que le quitter, même provisoirement, me couperait de l’ambiance, me ramènerait sur terre… et puis on vient tout juste de se faire de nouveaux amis !
Trois chips en guise de dîner feront l’affaire avant de se remettre en piste, on est à fond ! J’ai pris soin de mettre nos billets pour la soirée dans notre casier. Le temps d’aller les chercher, de les montrer, hop, l’After party nous tend les bras, les portes s’ouvrent déjà, la soirée commence, quasiment sans transition.
On s’engouffre avec bonheur dans le dernier lieu encore ouvert, le grand hangar electro avec sa mezzanine. Nous sommes beaucoup moins nombreux mais bien décidés à faire la fête jusqu’au bout ! Je me faufile au milieu de la piste, je me jette dans l’arène, profitant à fond de chaque seconde ! L’after party est plus intime que la Summerfest de l’après midi, on se reconnaît, on se rapproche, on lie connaissance… On ne voit pas grand chose, les lieux sont saturés de fumée, de lumières, et le son est d’enfer ! Ce son va nous porter, nous soulever, nous faire atteindre des sommets de joie pure ! Le meilleur de l’electro, tout le temps, je suis en transe direct ; il ne reste que 4h de soirée, elles vont passer en un battement de cil.
Et puis d’un coup la musique s’arrête, et avec elle notre transe bienheureuse. Les lumières se rallument, nous sommes brusquement rejetés du paradis…
C’est fini !
Seule solution pour lutter contre le blues post soirée : projeter d’aller à la Wasteland de Berlin, dans le mythique Kit Kat club, et en parler tout le retour…
Un grand merci à Heinrich v.Schimmer pour m’avoir permis d’illustrer mon récit avec ses photos ! (Saul celles où je suis, prises par un ami). J’ai eu du mal à les choisir, tant elles sont belles, et je ne résiste pas à l’envie d’en rajouter encore quelques unes !)
On peut découvrir d’autres photos sur sa page Facebook
Le trailer de l’événement
Le site de la Wasteland
La page Facebook
La vidéo
2 commentaires
Merci Djamel ! Il faut recommencer alors
Comme toujours un réel plaisir de vous lire
Se genre de soirée me manque On en garde de beaux souvenirs