Le fantasme ultime du confinement : le voisin, toujours lui ! Ou la voisine… Je vais écrire tout un recueil de nouvelles sur le voisinage, à force 😉
Une histoire assez sage, encore, distanciation sociale et confinement oblige, mais il y a des petites culottes !
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Comme d’habitude, Thibault s’accouda à son balcon pour fumer une cigarette en sirotant son café. Finalement, le confinement, ça ne changeait pas trop de sa vie de tous les jours. Il était écrivain, et passait ses journées enfermé chez lui à pianoter comme un fou sur son clavier. La seule différence, c’était qu’il ne pouvait plus retrouver ses potes le soir dans des bars ou des concerts, ça lui manquait.
Son appartement donnait sur le jardin de la résidence, il restait désert le plus souvent, ne s’animant qu’au passage d’une grand-mère ou de bambins faisant leur tour, mais c’était devenu rare ces temps-ci. En baissant les yeux, il pouvait voir les terrasses des petits veinards qui habitaient le rez-de-chaussée. Comme il les enviait ! Au premier étage et au-dessus, on n’avait qu’un minuscule balcon.
Combien de fois avait-il contemplé mélancoliquement la terrasse juste en dessous de chez lui, se penchant parfois dangereusement. Il la connaissait par cœur ! Dès le printemps, un étendoir à linge tronait au milieu, exhibant son butin chaque semaine : des petites culottes en dentelles, des strings, des tops affriolants, des jupettes à volants… C’était devenu son passe-temps favori, examiner en détail ces jolis dessous et tenues sexy en train de sécher et voleter sous les courants d’air. Il connaissait le vestiaire de sa voisine par cœur, à force, et remarquait avec amusement ses nouvelles acquisitions. En bon écrivain, son imagination s’emballait. Tiens, elle devait être en couple, il y avait des dessous qu’il n’avait jamais vus ! Ah, elle avait dû larguer le mec en question, car elle venait de passer une semaine en leggins. Il lui semblait presque la connaître, fine, assez petite, dans la vingtaine d’après ses choix vestimentaires, encore étudiante…
Ces derniers temps, il n’y avait plus de nouveaux dessous, tous les magasins étaient fermés.
Ce jour-là, il sursauta et se rejeta vivement en arrière. Elle était là, allongée sur un transat, un livre à la main. Il ne l’avait jamais vue encore, il connaissait seulement son linge. C’était logique qu’elle soit présente, avec ce confinement. Il s’approcha à nouveau avec précaution, osant à peine respirer. Il ne voyait pas son visage, seulement le haut de sa tête et sa cascade de cheveux noirs bouclés. Elle portait un teeshirt qu’il connaissait bien, celui avec un Triskel, et sa minijupe rouge. Dessous, il imaginait ce qu’il pouvait y avoir, il verrait bien son ensemble noir et rouge par exemple, celui orné de cerises.
Il fut tenté d’attirer son attention, de l’appeler, mais elle le prendrait mal, peut-être. Et puis si ça se trouve, elle avait l’intention de prendre un bain de soleil en bikini, il n’allait pas rater ça ! Il faisait encore frais, mais sait-on jamais…
Il imagina autre chose.
Tard dans la nuit, afin d’être certain de ne pas être surpris, il fit descendre une boite de chocolats grâce à une corde et un dispositif spécial, un peu à la façon des jeux de pêche à la ligne des fêtes foraines. Il aurait préféré des fleurs, mais tous les fleuristes étaient fermés eux aussi. Il eut toutes les peines du monde à s’endormir, tant son cœur battait fort.
Le lendemain, il se rua à son poste sur son balcon, la guettant dès l’aurore.
Elle apparut, tout ébouriffée, un mug de café fumant à la main, vêtue de sa chemise de nuit rose avec la licorne. Elle aperçut bientôt la boîte de chocolats et poussa un petit cri de surprise qui le ravit. Elle l’ouvrit, un peu méfiante, avant de sourire devant le post-it « de la part d’un admirateur secret ». Elle se leva et s’intéressa aux terrasses voisines, se tordant le cou pour mieux voir. Thibault frissonna, quelle catastrophe si elle faisait connaissance avec ses voisins du rez-de-chaussée ! Grâce à son cadeau en plus, quelle ironie du sort…. Lui resterait ignoré pour toujours un étage au-dessus, un comble !
Heureusement, personne ne répondit à ses timides appels, Thibault reprit confiance.
Le soir venu, il lui offrit un poème de sa composition, puis un livre, des gâteaux… Chaque jour un petit cadeau pour adoucir sa solitude. Et la sienne au passage.
Laura se réjouissait, quelqu’un pensait à elle ! Elle se rendait sur sa terrasse de plus en plus tôt, pressée de découvrir la surprise du jour concoctée par son bienfaiteur. Il écrivait bien, ses petits mots étaient toujours joliment tournés, et elle se régalait des friandises offertes.
Thibault trépignait, il rêvait de voir son visage. Demain, il lui chanterait la sérénade, lui enverrait un avion en papier… tout pour qu’elle lève enfin les yeux vers lui ! A quoi bon se presser pourtant, puisqu’il fallait rester confiné… Il devait résister encore, se donner le temps de la séduire de ses mots doux, de ses attentions, comme un Cyrano des temps modernes. A ceci près qu’il comptait en profiter !
Images prises sur le net, retirées ou créditées sur toute demande.
4 commentaires
Coucou Clarissa,
Merci pour cet instant de bonheur, ton petit récit m’a mené bien loin du confinement,
Comme toujours chargé de toute ta douceur et de toute ta candeur,
Love,
Merci pour tes jolis mots sur mon histoire ! Tu me fais plaisir !
Merci Pastelle ! Ton message me fait super plaisir et me donne le sourire !
Oh que c’est joli ! J’adore. Je veux la suite s’il te plait !