Vivre un conte de fées avec la Nuit Dèmonia

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    Samedi dernier, j’ai participé à la Nuit Dèmonia, l’apothéose des soirées fétish de l’année, organisée par la boutique Dèmonia.
    J’aime tellement cette soirée démesurée, extravagante, hallucinante ! Cette dernière édition a tenu toutes ses promesses et même au-delà, avec une organisation sans faille, une ambiance de folie sur la piste de danse – merci les DJ ! – , comme dans les espaces de jeux super bien équipés, et aussi dans l’espace fumeur, aimé entre tous, même pour la non-fumeuse que je suis – une deuxième soirée dans la soirée ! Il paraît que l’espace VIP offrait aussi une soirée à lui tout seul 😉 !
    Je vais la raconter à ma façon, à travers un récit imaginaire.
    Pour démêler le vrai du faux, vous n’aurez qu’à venir la prochaine fois : une date a déjà été annoncée, samedi 27 octobre !
    Un indice quand même : les scènes érotiques et sentimentales sortent tout droit de mon imagination, on ne se refait pas. Les scènes bdsm sont bien réelles elles, ou presque !
    Je vous invite à suivre le blog Les déculottées, un récit plus orthodoxe ne devrait pas tarder !

***
    Alice, journaliste qui enquête sur l’univers bdsm, vient de vivre une séance d’initiation à la soumission ici. Dans ce nouvel épisode, elle se prépare activement en vue de la Nuit Dèmonia, avant de vivre une nuit intense.

    Préparatifs
    Dès le lendemain, Alice crée son profil sur un site de rencontres spécialisé, en vue de se documenter pour son article. Elle voudrait nouer des contacts, interviewer des volontaires. Elle choisit sa photo avec soin, complète sa fiche en détails. En réalité, ça ne sert à rien pour effectuer simplement des recherches, mais une autre raison la motive.
    Avec Alex, elle se sent en confiance, elle se coule volontiers dans la peau d’une soumise. Ils sont entre professionnels, la journaliste et le responsable de la com, ils se comprennent d’un seul regard. Ils savent ce qu’ils font et pourquoi ils le font. Enfin, en théorie. Alice doit s’avouer qu’elle n’a pas su garder une parfaite maîtrise de ses pensées, tout est rapidement parti en live ! Elle se sent d’ailleurs pleine d’impatience à l’idée de le revoir, une impatience qui n’a rien à voir avec son travail.
    Pour la nuit Dèmonia, Alice entend jouer les dominatrices, elle viendra armée de son martinet, et elle aimerait un autre accessoire aussi, qui ne laissera aucun doute sur son rôle : un soumis. Elle craint de se faire attraper par un maître sinon, de se retrouver les bras en croix avant d’avoir eu le temps de dire ouf, les fesses rouées de coups sans sommation. Elle se connaît, elle a du mal à dire non clairement, eet ntre la musique à fond, les cris, personne n’entendra ses timides protestations. Alice s’attelle à la tâche, pleine d’enthousiasme. Se trouver un soumis ne devrait pas demander trop de temps, ils ont l’air d’abonder sur le site et d’être tous en mal de maîtresse.
    Alice passe des heures à tchatter, gagnée par une certaine lassitude et une pointe d’agacement. Tous les soumis lui demandent ci ou ça. L’un veut être piétiné, un autre fouetté, celui-là pénétré, brûlé, encagé, souillé, humilié… Ils n’aiment que telle ou telle pratique, réclament des sévices précis. Alice ouvre de grands yeux, certains ont de ces exigences ! C’est le monde à l’envers, elle n’est pas là pour leur donner satisfaction, c’est à eux de se mettre à son service ! Enfin, c’est comme ça qu’elle voit les relations de domination… Elle veut juste une espèce d’ange gardien, de page, un chevalier servant qui veillera sur son bien-être, lui rendra de menus services. Elle est sur le point de renoncer quand elle en trouve enfin un selon ses vœux. Celui-là ne demande rien, il veut juste la satisfaire et l’adorer ! Alice a envie de rire, il ne l’a encore jamais vue et parle déjà d’adoration. Il marque un point, elle adore rire.
    — M’adorer, vraiment ? Et qu’attendez-vous de moi en échange ?
    — Oh rien, juste être tenu en laisse, sentir que je vous appartiens le temps d’une soirée, me jeter à vos pieds, les vénérer…
    Alice hésite un instant avant d’accepter, après tout, qu’a-t- elle à perdre ! S’ils ne s’entendent pas, elle lui rendra sa liberté. La photo qu’il lui envoie achève de la convaincre, il a l’air mignon comme tout avec ses yeux candides.
    Alice a suivi les recommandations d’Alex à la lettre : arriver pile à l’heure pour éviter de faire la queue, porter déjà son costume sous son manteau, en respectant le dress code bien sûr, sinon, on n’entre pas, que l’on soit journaliste ou la reine d’Angleterre !
    Cette histoire de tenue l’a bien occupée ces derniers jours. Elle avait souri en découvrant le thème sur son invitation : Contes de fées. Elle a toujours adoré les contes de fées, peut-être à cause de son prénom. Il aurait été logique de se déguiser en Alice au pays des merveilles, mais outre la difficulté de trouver une robe dans ses prix en latex ou vinyle, Alice avait envie de changer de personnage, elle se sentirait plus libre en jouant un autre rôle, le jeu n’en serait que plus épicé. Elle évita quand même les fées Carabosse, les sorcières, et choisit d’incarner une princesse. Sait-on, jamais, si le prince charmant passe par là !
    Elle compte bien danser aussi, et renonce aux accessoires encombrants. Elle opte pour une jupette à volants ornée de motifs en simili cuir, en priant pour que cela soit dans le fameux dress code, et un haut en vinyle. Un diadème en strass évoquant une princesse, son martinet rouge et noir en guise de sceptre, et le tour est joué ! Elle préfère se fondre dans la foule, regarder les autres à loisir en restant invisible. Pour son soumis, c’est facile, elle lui a demandé de venir le plus nu possible, il a l’air d’avoir un joli corps, autant en profiter. Il viendra donc vêtu d’un boxer en cuir et de son collier. Point.
   
     Premières explorations
     Alice reconnaît tout de suite Elrik dans la queue, elle se sent d’emblée en confiance. Il a un visage ouvert, des yeux doux, un grand sourire, des cheveux ébouriffés et des lunettes d’intello qui tranchent avec le reste. Elle voulait s’efforcer d’incarner une domina sévère, mais ce fut raté dès le début, car elle lui rend son sourire et embrasse ses deux joues dans la foulée.
    — On se tutoie d’accord ?
    Elrik semble interloqué, il devait s’attendre à autre chose. Alice soupire, elle veut bien jouer un rôle, mais se rajouter des contraintes, non, ce serait le comble ! Il a l’air déçu, ça commence mal. Elle tente de se justifier.
    — Écoute, nous deux, c’est juste pour ce soir d’accord ! Ça me fatigue d’avoir des échanges pompeux, et tout le tra la la ! On va faire simple…
    — Vous n’avez pas à me donner d’explications maîtresse, c’est vous qui décidez ! Par quoi voulez-vous commencer maîtresse ? Pardon, je vais avoir un peu de mal au début, par quoi veux tu commencer ?
   Alice se demande si elle a eu une bonne idée avec cette histoire de soumis. Elle préfère les hommes plein de charisme, extravertis, qui la taquinent, la bousculent un peu, proposent, choisissent… Celui-là semble tout attendre d’elle, alors qu’elle fait ses premiers pas dans ce monde mystérieux. La soirée va être longue ! Elle s’empare de sa laisse et se dirige vers l’entrée.
    — On va déposer nos manteaux et découvrir le Faust !
    Les lieux sont encore relativement vides, Alice en profite pour regarder les installations de près. En arrivant, on se retrouve dans une grande salle équipée de cages en fer forgé, d’une croix de Saint-André. Au fond, une pièce plus intime propose une balançoire de cuir (sling), un pilori, différents supports aux usages mystérieux, un confessionnal, qui ferait d’ailleures une accueillante cachette à l’abri des regards !
    Elle aperçoit Alex de loin et s’élance à sa rencontre. Il la salue avec un grand sourire, il semble ailleurs, il ralentit à peine son pas, Alice doit presque courir pour rester à sa hauteur. Qu’est devenue leur complicité passée ? Les moments forts qu’ils ont vécu n’ont donc pas compté pour lui ? Elle ravale sa déception et ouvre les yeux. Qu’est-ce qu’elle espérait, une petite séance intime au coin du feu ? Il est aux commandes d’une soirée de 1700 personnes, un immense paquebot qui est en train de se remplir peu à peu, et qu’il va diriger toute la nuit pour un voyage féerique. Il est super occupé voilà tout ! Il la regarde amicalement.
    — ça va ? Profite bien de la soirée ! On se voit plus tard !
    Il est déjà parti, il la laisse toute seule dans le grand bain. Enfin, pas toute seule, heureusement. Alice serre fort la laisse de son soumis, elle est bien contente qu’il soit là.
     La piste de danse, immense et déserte pour l’instant, pulse déjà, de l’excellente musique électro résonne et fait battre son cœur à l’unisson. Alice regrette que personne n’ose se lancer sur la piste, elle va poursuivre ses explorations en attendant les premiers danseurs.
    Au bout de la salle de danse, un espace dédié à l’entretien des tenues de latex accueille déjà des amateurs. Les plus belles filles de la soirée se font polir amoureusement leurs tenues de latex, jusqu’à ce qu’elles brillent de mille feux. C’est très sensuel de les regarder tourner lentement sur elles-mêmes, tandis qu’une belle jeune femme en combinaison de latex noire les polit doucement avec un chiffon, s’agenouillant parfois pour s’occuper de leurs jupes.
    Derrière le stand beGLOSS, un robot propose ses services : un appareil photo automatique. Vite, se prendre en photo avec son soumis avant qu’il n’y ait la queue, ça lui fera un souvenir pour se prouver qu’elle n’a pas rêvé !  
Aleksander Sacha     Un passage dans un tunnel étoilé permet d’accéder dans un univers parallèle, l’espace fumeurs. La musique n’est plus perceptible, les conversations vont bon train, c’est le lieu de tous les échanges, de toutes les rencontres. Une deuxième soirée dans la soirée ! Une foule de fumeurs et de curieux s’y presse déjà.
    Alice s’y attarde, heureuse d’être serrée au milieu de tous ces inconnus, d’admirer de près les maquillages, les costumes. Elle pense à son enquête, prend mentalement des notes, mais a de plus en plus de mal à garder du recul. Les beaux barbares, les officiers soviétiques, les vampires, finissent par lui tourner la tête.  Elle ne quitte plus des yeux un Viking encore plus grand et plus tatoué encore qu’Alex, il finit par s’approcher d’elle et lui vole un baiser sur la bouche en éclatant d’un rire sonore. Finalement, elle n’est pas si invisible que ça…
    À ses pieds, Elrik enlace ses jambes, attendant patiemment qu’elle termine sa coupe de champagne et ses contemplations rêveuses. La foule devient dense, Alice doit faire attention à ce qu’il ne se fasse pas piétiner. Elle finit par le relever et l’embrasse sur la joue pour le remercier de sa patience. Il sourit, tout content. Il est tout simplement irrésistible, Alice l’embrasse encore, sur l’autre joue. Bon, il est temps de bouger, sinon, elle ne pourra plus jamais s’arrêter de l’embrasser, il a la peau si douce ! Il la change des barbus qu’elle affectionne d’habitude…

    Une nuit féérique
   William Théron La soirée est lancée. La salle des délicieuses tortures retentit de claques, de gémissements et de cris. Là une soumise semble subjuguée par le regard intense d’un magnifique dominant tatoué, avant qu’il ne lui fasse vivre une séance mêlant badine et martinet (ci-contre, William Theron). Plus loin, un soumis se fait vigoureusement fouetter, apparemment à son grand ravissement. Alice repère aussi une soumise qu’on installe au pilori. Elle est câlinée d’un côté par une dominatrice, embrassée et caressée, tandis que son dos subit un martinet manié avec ardeur. Un attroupement se forme autour d’eux pour les admirer, Alice se faufile pour mieux voir, elle s’inquiète pour la jolie soumise. Ses cris gagnent en intensité, son dos et ses fesses rougissent, son visage se crispe. Son voisin devine son inquiétude et la rassure, il la connaît bien.
    — Elle adore ça, ne vous en faites pas ! Elle est partie dans un autre monde, où la douleur devient plaisir, à la limite de la conscience, on appelle ça le subspace… Et il y a sa dominatrice qui veille sur elle, regardez comme elle la caresse…
    Le plaisir des contrastes ! Alice se souvient avec émotion de sa séance de martinet, la brûlure cuisante des lanières alors qu’elle venait tout juste de jouir… Le mélange des sensations formait un cocktail explosif. À ce souvenir, une petite tension naît entre ses jambes, elle est tentée un instant de s’offrir à son tour et de tenter le voyage. La peur la retient, les dominateurs n’y vont pas de main morte ! Elle préfère attendre Alex, peut-être réussira-t-il à se libérer pour elle ?
    Pour se consoler de sa frustration, Alice se tourne vers son soumis, toujours gentiment à genoux tout près d’elle. C’est bien qu’il soit là, à sa disposition. Elle se sent troublée par ce qu’elle vient de voir, elle ne veut plus se contenter d’être voyeuse, elle a envie de profiter elle aussi ! Diego, des Méchants garçons
    Elle l’entraîne vivement à la recherche d’un coin isolé et s’affale sur la première banquette libre. Autour d’elle, des dominatrices tendent leurs chaussures ou leurs pieds, des soumis les lèchent avec ferveur, tandis qu’elles bavardent entre copines, les remerciant de petits coups de cravache s’ils se relâchent. Excellente idée ! Alice se déchausse et tend son pied de Cendrillon à son soumis, déjà à genoux aux côtés de ses compagnons de galères. Il commence un massage délassant, il masse lentement, avec patience, presque amoureusement, ignorant la frénésie environnante, la techno tonitruante. Ils se regardent un instant. Alice plonge dans ses yeux bleus comme on se noie. Elle aurait dû prévoir un bandeau pour l’aveugler, car elle s’attendrit, ça ne va pas du tout. Elle ébouriffe ses cheveux et l’attire à côté d’elle.
    — Mes mains aussi ont besoin de massages, elles sont mises à rude épreuve quand j’écris mes articles pendant des heures !
    Il s’empare de ses mains comme s’il s’agissait de porcelaines fragiles, infiniment précieuses. Alice se sent fondre, elle se détend au point de fermer les yeux de bien-être et se laisse faire longtemps, perdant la notion du temps. Elle doit se secouer, avant de passer le reste de la nuit sur cette banquette. Ça tombe bien, la musique est de plus en plus démente, les DJ se surpassent et emmènent toute la salle avec eux. Elle se redresse d’un coup en entendant son groupe préféré et se met à courir au plus près des platines.
    Son soumis se révèle tout aussi efficace sur la piste de danse que dans la salle de jeu, ils dansent l’un en face de l’autre, s’amusent à se frôler, se toucher, une danse câline, mal assortie aux rythmes infernaux. Ils oublient le temps à nouveau, ils dansent pour l’éternité, s’effleurant et se caressant sans pouvoir s’arrêter. Alice est sur le point d’oublier complètement son article quand elle jette un coup d’œil à sa montre. Déjà trois heures ! Elle sursaute, à part parler de la douceur de la peau de son soumis, elle n’a rien à dire d’autre…
    Elle va se promener seule le temps d’observer et de tout mémoriser. Tant qu’elle reste avec Elrik, elle oublie sa mission d’observation. Après tout, c’est son soumis, elle peut le déposer quelque part, lui dire de l’attendre, il ne bougera pas. Elle a un peu pitié de lui quand même, et comme dans les films d’espionnage, lui demande de vérifier sa montre.
    — On se retrouve devant le stand beGLOSS dans une demi-heure !
Mère Dragon et sa soumise Vina    Alice déambule librement, luttant contre un léger vague à l’âme. Elle se sentait des ailes avec l’affectueuse présence de son soumis, il donnait un sens à sa présence à cette soirée. Elle se sent souvent seule, sans raison particulière, et sa solitude a pris fin au moment où elle s’est emparée de sa laisse, une sensation incomparable. Etre enfin deux, reliés physiquement, connectés.
    Elle se concentre sur les costumes fabuleux qu’elle croise (ci-contre, Mère Dragon et sa soumise Vina), mes regardant fixement de ses yeux myopes, sans doute avec admiration, car des filles sublimes viennent l’embrasser sans raison, pour le plaisir d’un baiser entre filles ! C’est l’avantage de se retrouver seule finalement, elle n’a pas à se soucier de ce qu’aurait pensé Elrik… Elle croyait n’aimer que les garçons, mais elle prend énormément de plaisir à ces doux baisers de fille. Elle se surprend à rêver, ce serait bien d’avoir une petite soumise aussi, toute jolie, elle pourrait profiter de sa douceur, lui demander de faire ci ou ça avec son soumis pour le plaisir de les regarder. Plus tard ! Elle est déjà bien occupée avec un seul soumis !
    Alice croise plus loin deux jeunes femmes à moitié cachées sous un parasol d’inspiration asiatique. On lui fait signe, on l’invite à venir à l’abri des franges, elle s’arrête faire un brin de causette entre filles, dans ce cocon isolé du reste du monde, avant de reprendre son chemin. Des soumis lui tendent leur laisse, mais elle s’est attachée au sien, pour rien au monde elle n’en changerait.Mina
    Elle regarde depuis un moment une séance de martinet sur de jolies fesses déjà bien rouges. Absorbée dans la contemplation du spectacle, elle sent soudain une présence dans son dos, et des chatouilles. Un homme hilare déguisé en petit chaperon rouge manie un plumeau dans son cou, son dos… C’est très agréable, Alice se retourne, il entame un massage de son visage dans les règles de l’art. Il est troublant d’être massée si doucement quand à côté d’eux d’intenses séances de tortures sont à l’œuvre. Derrière eux, des massages d’un autre genre se déroulent. Pat et Alice offrent des massages bdsm, ils poursuivront toute la nuit, variant à chaque fois les massages, s’adaptant aux envies, à la sensibilité des femmes se remettant entre leurs mains, sans oublier de les faire jouir d’un puissant sextoy à la fin, peut-être même trop puissant pour elle se dit Alice.
     Alice se ressaisit, Elrik va l’attendre… Depuis combien de temps se fait-elle masser le visage ! Elle remercie le chaperon rouge et se dirige vers le lieu de leur rendez-vous, avec finalement avec dix minutes d’avance. Elrik est déjà là, il l’accueille avec un grand sourire. Elle s’empare de sa laisse et se sent tout de suite mieux, désormais, elle ne le lâche plus ! L’aventure peut reprendre, elle a assez « bossé » comme ça. Elle décide de tout oublier, le magazine, sa rédac’chef, elle n’est plus qu’une dominatrice qui va mettre son gentil soumis sur le grill. Elle veut bien devenir une soumise aussi si elle croise Alex, et s’il a enfin le temps de s’occuper un peu d’elle, on peut toujours rêver.
    Elrik lui raconte d’un ton désinvolte, assez fier de son petit effet, presque en se vantant, qu’il a été approché par une inconnue.
    — J’ai failli me faire embarquer ! Par une Domina, elle me croyait seul….
    Alice sursaute, son sang ne fait qu’un tour, surtout quand il lui avoue que c’est la troisième fois déjà. Quand elle est allée aux toilettes, quand elle a dansé avec un magnifique officier prussien – elle a d’ailleurs dû montrer sa culotte à tout le monde, mais ça ne pose pas de souci dans cette soirée où l’on voit tant de jolies fesses tendues vers la morsure d’un martinet ou d’une cravache ! – Un joli soumis abandonné dans un coin ne reste pas donc pas longtemps solitaire… Une maîtresse non plus d’ailleurs, si elle songe à tous ces soumis qui lui ont tendu leur laisse, proposé un massage, etc… La prochaine fois, elle confie Elrik entre les mains de quelqu’un, ou mieux, elle l’enferme dans une cage ! La moutarde lui monte au nez. Quand elle pense aux heures de tchatt qu’elle a passé pour l’avoir ! Certaines pensent vraiment qu’elles peuvent juste s’emparer de sa laisse, comme ça, sans autre cérémonie, alors qu’elle s’est tapé tout le boulot… Alice se mord les lèvres, elle est devenue folle ! Ce n’est pas un objet, c’est un homme, avec sa sensibilité, son intelligence, personne ne peut « l’avoir » ! Et quelle prochaine fois ? C’est juste pour cette nuit…
    — Tu es libre tu sais, moi ce soir je mène l’enquête, tu ne me dois rien !
    Il lui sourit et se récrie.
    — Mais je ne veux pas être libre, je suis à toi, tu fais ce que tu veux de moi ! Je suis là pour ton plaisir.
    Une bouffée de joie emplit le cœur d’Alice, ses déclarations ressemblent à un rêve éveillé ! D’accord, elle veut bien, ce soir tout est permis.
    — Et ne t’inquiète pas, je suis un grand garçon je sais me défendre, s’il te prend l’envie de refaire un tour.
    Mais Alice n’en a plus envie. Une demi-heure de solitude lui a montré un aperçu de la soirée qu’elle aurait vécu seule. Elle préfère s’afficher « en couple », gagner en disponibilité pour observer, plutôt que d’être convoitée comme dominatrice, soumise, ou autre, même si c’est flatteur.
29983761_1705863609503301_128089670623022381_o    Elle entraîne Elrik sur la piste de danse, il n’a pas le choix de toute façon. La musique est tout simplement irrésistible, le DJ enchaîne des remix de vieux tubes eighties, Dépêche Mode, New Order, … Tous les danseurs sont en transe, communient entre eux et avec ce DJ de folie ! De jolies acrobates dansent dans un cerceau, un trapèze au-dessus de leurs têtes, et ajoutent encore à la magie. Alice ne perd pas une miette de ce qu’elle voit autour d’elle : des reines maléfiques, des sorcières, des fées aux ailes lumineuses, des rois couronnés d’or, avec des capes jusqu’au sol, un monstre à longs poils, de Max et les Maximonstres peut être, un garçon en culotte de cuir « tu ne devineras jamais le conte que je représente ! ». Si, facile, Hansel et Gretel ! Elle aperçoit aussi une jeune fille au doux visage romantique vêtue de roses, une jolie Alice en latex, une vampirella aux cheveux roux et aux yeux injectés de sang grâce à des lentilles, de beaux officiers… Alice ne s’attarde pas, elle a toujours eu un truc avec les uniformes (Ci-dessous, Les méchants garçons, organisateurs de La méchante soirée : Arnaud, Diego, il ne manque que Patoche)
Les méchants garçons    La musique change, Alice prise moins le rock metal, elle s’éloigne de la piste pour refaire un tour des espaces de jeu. La première cage est occupée par un mignon soumis masqué. Accroupi, il baise les talons aiguille et les bottes qui se faufilent à travers les barreaux de la cage. Contre le mur, un dominant tient en laisse trois jeunes soumises agenouillées. Elles portent un tatouage sur la nuque, « La marque de leur maître » chuchote-t-on à Alice. Un chien tout fou vient se frotter contre ses jambes, enfin, un homme déguisé en chien ! Elle lui gratouille les oreilles, flatte ses flancs, le caresse comme elle caresserait un chiot, et il réagit de même, imitant un jeune berger allemand tout fou à merveille.
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    Alice flâne rêveusement, elle regarde différentes séances sans les voir, goûtant les caresses de son soumis dans son cou, sur ses bras, appréciant qu’il se jette à ses pieds dès qu’elle s’arrête pour observer une scène. Il envahit de plus en plus ses pensées, les sensations qu’il lui offre prennent le pas sur ce qu’elle regardait avec passion l’instant d’avant. Elle avise un coin sombre derrière une porte et l’entraîne vivement, sans un mot.
    Elrik devine son souhait, il reprend la main, met de côté son statut de soumis pour endosser le rôle du prince charmant qu’elle attend. Il l’enlace et l’embrasse doucement sur lèvres. Alice a l’impression qu’un feu vient de s’allumer dans son ventre, un incendie qui se propage dans son corps et que rien ne pourra arrêter. Elle se colle à lui, lui rend son baiser avec passion. Elle ne peut plus s’arrêter de l’embrasser, ils s’embrassent comme des collégiens, longtemps. Ce n’est pas comme ça qu’elle va progresser sur le chemin du bdsm et tester des trucs ! Si elle ne pense qu’à l’embrasser, il faudra qu’elle se trouve un autre soumis, celui là il lui plaît un peu trop…
    Ils finissent par se faire repérer, une voix taquine les apostrophe.
    — Pouah, arrêtez, vous me donner envie de gerber, c’est trop de love !
    Confuse, Alice se détache d’Elrik.
    — Mais non, je rigole ! Continuez, c’est super ce qui vous arrive !
    Le charme est rompu, ils sortent de leur cachette, qui finalement, n’en était pas vraiment une. Alice choisit de retrouver l’animation du coin fumeur, même si cela donne envie à son soumis de s’intoxiquer au passage. Il veut bien tout faire pour elle, tout lui donner, mais renoncer à ses cigarettes, il ne faut quand même pas exagérer !
    Ils continuent de se caresser sans en avoir conscience, souriant dans le vague. Un inconnu vient à leur rencontre
    — Excusez-moi, ne m’en veuillez pas si je vous dérange, mais je voulais vous dire que vous dégagez quelque chose d’incroyable, vous vous occupez l’un de l’autre sans cesse, on sent que vous êtes liés, un lien fort, on le devine dans vos regards, à la façon dont vous faites toujours attention l’un à l’autre, vous irradiez d’amour l’un pour l’autre…
    Alice éclate de rire, c’est n’importe quoi, il a vraiment l’air complètement allumé lui alors ! Mais elle est touchée aussi, et considère Elrik d’un autre œil. Il la regarde avec ses si beaux yeux, comment résister. Elle réalise seulement à quel point il est beau, pas étonnant qu’on veuille le lui piquer dès qu’elle s’éloigne ! Elle raccourcit encore la laisse jusqu’à le coller contre elle.
    Il commence à être tard, la piste de danse s’est clairsemée et devient un nouvel espace de jeux, des soumis se font piétiner à l’envi, martyriser le sexe de coups de pieds aux chaussures vertigineuses, ils semblent aux anges ! Les séances débordent jusque dans le fumoir, dans un coin du bar, une jolie fée se fait encorder par deux hommes. Alice meurt d’envie de l’embrasser, après tout, la fée a les yeux bandés, elle ne se douterait de rien. Si elle osait demander l’autorisation aux garçons… Elle se secoue, elle doit vraiment songer à rentrer. Elle n’en a pas envie, elle voudrait rester là pour toujours, dans ce lieu magique où un homme se tient à ses pieds n’attendant que son bon vouloir et la regardant comme si elle était une reine. Une dernière étreinte sur le canapé pour se donner du courage…

A suivre, le récit de l’after…
    Photos : Cheick Touré, Laurène Zabary, Daniel Power
    Un grand merci aux amis qui ont accepté d’illustrer mon récit ! 🙂

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