Récit de départ en voyage, à la recherche d’un terminal inconnu dans ce labyrinthe de Roissy
– Une histoire sage pour changer ^^ Une histoire sans queue ni tête de départ en vacances
Et sinon, aucun rapport, mais bonne nuit blanche aux fêtards de La Nuit Dèmonia et aux écrivains du Prix de la nouvelle érotique ! On va bien s’amuser tous !
Un couple, en voiture :
— Lui, conduisant, l’air faussement dégagé : C’est quoi notre terminal déjà ?
— Elle, pianotant comme une folle sur son portable : Attends, je regarde… 2H !
— Lui, cherchant à camoufler son stress : Tu es sûre ? Sur les panneaux je ne vois que Terminal 1, Terminal 2A, 2B, 2C… rien après 2G on dirait…
— Elle, tenant bon : Je t ‘assure, c’est bien 2H, c’est parce qu’il est nouveau, ils n’ont pas eu le temps d’installer de nouveaux panneaux…
— …
— Elle, victorieuse : Regarde ! Je vois des petits panneaux rajoutés en dessous des grands, 2H ! Bon, il n’y a plus qu’à suivre… tu tournes à gauche, encore à gauche… à droite… tout droit…
— Lui, mi soulagé, mi anxieux : T’as rien sur ton appli «plan» ? Car s’il faut compter sur les panneaux…
— Elle, cool et dégagée : L’appli n’est pas encore à jour, le terminal vient d’ouvrir, juste à temps pour notre voyage, c’est top non ?
— Lui, modérément enthousiaste : Mouais… On dirait qu’on quitte Roissy ! C’est bizarre…
— Elle, sereine : Non, non, on contourne Roissy… Suis toujours les petits panneaux en bas des poteaux…
— Lui, vaguement soupçonneux : On n’est pas déjà passés par là ? Il me semble reconnaître la tour là, elle ne te dit rien ?
— Elle, haussant un sourcil : Vaguement… tu sais, elles se ressemblent toutes…. Mais l’immeuble en verre à côté, c’est sûr, je ne l’ai jamais vu lui… trop stylé !
Quelques tours et détours plus tard, alors que le découragement gagne :
— Elle, vibrante : On arrive ! 2H ! Tu peux garer la voiture… Whaow, trop beau ce nouveau terminal, complètement futuriste ! Et regarde l’avion qui atterrit, on dirait presque une fusée…
— Lui, réjoui d’être enfin à bon port, excité comme un gamin : On va profiter des derniers progrès de la technologie on dirait ! C’est quoi cet espèce de robot qui vient vers nous… Ah oui, je comprends, c’est un terminal sans employés, j’ai lu un truc sur le sujet… je croyais que c’était seulement un projet, mais on dirait que c’est opérationnel !
— Le robot, de sa voix mielleuse et artificielle : Contrôle des billets ! Merci…
— Lui, pas sûr de lui : Heu, tenez…
— Le robot, tranquille : Billet non valide, où voulez-vous aller ?
— Lui, rebelle, foutu pour foutu : Sur Mars bien sûr !
— Elle, rieuse et inquiète à la fois : Arrête, t’es con…
— Le robot, imperturbable : Tenez, voici vos nouveaux billets, laissez-moi vos bagages, on s’en occupe, embarquement porte F34, maintenant, l’embarquement vient de commencer.
— Lui, toujours aux anges : C’est top cette nouvelle organisation ! Tu te rappelles la queue qu’il fallait faire avant ?
— Elle, observant autour d’elle : Ils sont bizarrement lookés les gens, tu ne trouves pas ?
— Lui, indifférent à la mode depuis toujours : Il y a peut-être un défilé ou un tournage ? C’est toi la plus belle, t’inquiète ! Pourvu qu’on ait un avion comme celui qu’on a vu en arrivant !
C’est le cas ! Un avion profilé, designed, rutilant d’argent les accueille.
— L’hôtesse de l’air, aimable et distante : Mesdames et messieurs, bienvenue à bord, nous arriverons sur Mars dans 4 mois, 3 jours, et 17 minutes, mais cela ne durera qu’une seconde pour vous, dès que vous aurez bouclé votre ceinture. Installez-vous confortablement et détendez-vous !
— Lui, paniqué : Attendez ! C’est une erreur ! Au secours !!
— Elle, fataliste et curieuse : Laisse tomber, c’est trop tard… et j’ai toujours eu envie de visiter Mars, pas toi ? Tu es fan de SF oui ou non ? Oublie Prague ! Je pense qu’il y a un souci avec ce terminal, il se situe dans le futur ou un truc comme ça… les travaux ont dû ouvrir une faille temporelle, comme dans ce film, tu te souviens ?
— Lui, révolté : Non, non, je veux descendre… Viens, on se tire !
— Elle, paisible : Zzzzzzzzz
Clic, les ceintures de sécurité se sont fermées automatiquement sur leurs ventres, leurs poitrines, non sans les piquer au passage, leur injectant mine de rien un somnifère puissant. Il les plonge dans un coma artificiel, ralentit leur cœur, leur respiration, tandis que le vaisseau allume son moteur photonique et s’élance dans l’espace.
Photo : Terminal 2F, Roissy