Je connaissais Aline Tosca par ses écrits érotiques, en particulier son recueil de nouvelles Le sexe gourmand, dont la sensualité joyeuse m’avait réjouie. J’étais donc très curieuse de la lire dans un autre registre : l’amour.
Une vie dans un tableau, publié chez VFB Editions m’a beaucoup plu. J’aime son écriture forte, poignante, parfois envoutante, presque en transe, impression souvent renforcée par l’absence de ponctuation. Les phrases peuvent être courtes, hachées, précipitées pour nous faire éprouver l’intensité des sentiments. Les pensées des personnages s’emballent, s’affolent, et notre cœur de lecteur bat lui aussi un peu plus vite.
D’autres nouvelles prennent plus leur temps, se teintent de nostalgie, de mélancolie, de douceur, évoquent le passé, comme dans Ecris quelque chose de joli. Sont-elles autobiographiques ? L’histoire est racontée par des bribes de journal intime où les générations de répondent en musique. Un vin d’Italie est de la même veine et nous offre une évocation pleine d’humour de l’Eurovision et de son parfum d’enfance. Aline Tosca est parfaite pour raconter les réminiscences, les souvenirs qui ressurgissent, doux-amers et nostalgiques.
Certaines nouvelles explosent de couleurs vives, comme leurs volcaniques héroïnes, ou sont pleine d’humour, drôles et pétillantes. Par exemples, Le battoir de couilles nous offre un clin d’œil rafraîchissant, et Offre d’emploi m’a bien fait sourire aussi.
J’ai retrouvé la gourmandise de l’auteur derrière chaque mot, son appétit de vivre intensément, son amour inconditionnel pour les mots et toutes leurs connotations. Son goût immodéré pour les jeux de mots me réjouit toujours autant, ainsi que sa façon de les marier, de les « assaisonner » pour qu’ils sonnent bien ensemble et chantent.
Le recueil d’Aline Tosca regorge de surprises, foisonne de textes de toutes les dimensions et parcourt toute la palette des émotions amoureuses. Un vrai patchwork littéraire où on se love douillettement ! Où on se perd un peu aussi 😉 On y trouve des nouvelles longues, des textes très courts, des poèmes… Tous les formats m’ont plu ! Surtout les nouvelles, avec peut-être une préférence pour les histoires mettant en scène des femmes passionnées, au tempérament du sud, explosif, sans concession, ressentant l’amour fou à l’état brut, animal. (Les hommes, eux, paraissent souvent lâches, veules et faibles à côté).
Mais Aline Tosca sait aussi mettre en scène des femmes de l’ombre, ou de douces jeunes filles romantiques, comme Candice. Cette première nouvelle raconte une histoire d’amour entre deux êtres unis par la littérature, la passion des mots (que partage l’auteur). Une pure jeune fille, un homme un peu trop comme les autres, qui s’enflamme à l’excès, un peu trop vite… Une nouvelle au goût amer, les contes de fées n’existent pas. J’ai aimé le procédé pour raconter l’histoire. L’auteur donne tour à tour la parole à Candice, puis Armand. On pénètre ainsi les pensées intimes de chacun, on sent la distance qui s’installe quand au début, le récit montre une fusion des cœurs sans nuage.
La morsure destructrice de la jalousie, et les folies qu’elle engendre, sont merveilleusement décrites dans Orange mécanique, ou encore J’étais à la fenêtre et je vous ai vus, qui mettent en scène des femmes passionnées et cruelles à la fois ; et aussi dans Je t’aime à la folie également, récit poignant, où j’ai bien ressenti la souffrance de la narratrice. La vengeance impitoyable des femmes meurtries, blessées par leur homme…
Trois petits tours et puis s’en vont est le récit glaçant d’une lente descente aux enfers, quand la femme de transforme en garde malade.
J’ai retrouvé l’influence de Maupassant, dans La Salamandre par exemple. La peur s’empare d’un homme, l’étreint, se mue peu à peu en folie qui menace de l’emporter
Certaines nouvelles privilégient les jeux de mots, ou sont écrites d’un style trop poétique et éthéré pour me faire accrocher à l’histoire qui ressemble presque à un songe. Je me laisse bercer par les mots, ces poésies en prose qui annoncent la suite du recueil (des poèmes). L’histoire reste souvent en suspens, on ne sait plus ce qui tient du fantasme ou de la réalité. L’auteur décrit une ambiance, évoque les émotions, fixe l’instant, un peu comme une photographie des pensées et des sentiments.
Les histoires mettant en scène des enfants, de jeunes, sont particulièrement bouleversantes. Notre prochain rendez-vous par exemple, qui décrit si bien l’attente, le désespoir face à ce père manquant qui ne tient pas ses promesses.
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Mon retour de lecture est particulièrement touffus, j’espère que vous me pardonnerez et que l’auteur ne m’en voudra pas, j’aurais du prendre des notes au fur et à mesure au lieu de me laisser entrainer jusqu’au bout du livre !
Une petite question en forme de clin d’oeil : mais pourquoi les héroïnes portent-elles des noms si bizarres ?
Et une précision, il s’agit d’un livre numérique, particulièrement agréable à lire dans le train par exemple. Vous ne verrez pas passer le voyage…
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L’éditeur a eu la jolie idée de monter un film pour nous faire toucher du doigt l’ambiance du recueil. Je l’ai trouvé très réussi. Vous pouvez le regarder là.
Une vie dans un tableau est également directement disponible sur Amazon
4 commentaires
Je me suis mis, avec grande modération, à la tablette numérique… J’ai encore bien du mal à me passer du papier
Il y a certains auteurs irrésistibles, on a envie de les lire, quel que soit le support qu’ils aient choisi
J’étais comme toi ! Une inconditionnelle du papier… mais des livres m’ont tentée, et ils n’étaient publiés qu’au format numérique… j’ai fini par m’y mettre ! Et j’apprécie à présent, car je voyage souvent, c’est très pratique… cela dit, sur ma table de nuit, les livres papiers ont ma préférence !
Une tablette qui a une sacré chance d’être posée sur d’aussi jolies et fines jambes.
Ton retour est éloquent, presque exalté mais….j’aime tellement le papier