Un petit texte onirique, inspiré d’une très belle photo de Laura Makabresku
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Elle réchauffe un serpent contre son sein. L’animal à sang froid se tortille, ondule, disparaît sous la dentelle de son corsage. Il resserre ses anneaux autour de sa poitrine menue, excité par les battements de son cœur, la pulsation du sang ; il a soif.
Elle rit, il la chatouille ! Il agace ses tétons sensibles de ses écailles dures et glacées. Soudain elle se fige, il vient de planter ses crocs empoisonnés dans la rondeur de son sein. Il les enfonce, pénètre la douce chair jusqu’à son cœur.
Elle pâlit, son cœur se rétracte sous l’attaque ; il s’arrête de battre un instant, avant de repartir lentement. Elle est prise de vertiges à mesure que le poison se distille et se diffuse, il pénètre dans ses veines, se mélange à son sang, gagne ses organes… Tout son corps lutte, avant de se rendre ; il accepte le poison, l’assimile à sa façon.
Elle se sent mieux, c’était juste un étourdissement ! Une énergie différente circule sous sa peau, ses yeux brillent d’un nouvel éclat. Le serpent s’est dissous en elle, ils ne font qu’un, il s’immisce dans ses désirs, elle se sent pleine d’appétits inconnus. Qu’est-ce qu’elle fait avec cette robe de communiante ! Elle l’arrache d’un geste vif, il lui faut du noir désormais, et en attendant, elle restera nue.
La métamorphose est achevée, il ne lui reste plus qu’à trouver des proies à la peau tiède contre lesquelles se réchauffer.
– Photo : Laura Makabresky
