Je sais, j’ai fait des adieux déchirants sur les réseaux sociaux vendredi dernier, – enfin, sur Facebook surtout – mais bon, je suis allée regarder de temps en temps quand même, et là, je ne résiste pas au plaisir de rouvrir mon blog pour vous raconter une soirée, la Burning Night. Je vais tenter de capter la magie à l’œuvre…
Ils s’appellent les Burning Men, ils organisent des festivals fabuleux en Amérique, et en Espagne aussi, sous le nom de Nowhere, des espaces de liberté, de créativité, de véritables rêves éveillés où l’on peut vivre des expériences sensuelles, incroyables, oniriques, dans une ambiance bienveillante, pleine de love et de folie, le tout dans un décor et des tenues dignes de Mad Max… J’ai lu des articles, regardé des vidéos, écouté des amis exaltés…. Tous m’ont dit : il faut venir pour comprendre !
Ce soir, samedi 17 décembre, les French Burners nous offrent une soirée à leur image, pour se retrouver, nous permettre de goûter l’ambiance de leurs camps, une sorte d’avant-goût avant les festivités dans le désert. Je n’aurais manqué ça pour rien au monde ! La soirée se déroule à La machine du moulin rouge, dans un décor industriel de fin du monde.
J’adore me déguiser, le thème, « violet », me laisse d’abord perplexe, avant que je ne choisisse un corset mauve et une guirlande de la couleur ad-hoc en guise de boa… Dès l’entrée, j’ouvre de grands yeux, les Burners rivalisent d’imagination : il y a des costumes baroques, futuristes, steam-punk, des tenues extravagantes et magnifiques, des tutus scintillants, des hauts de forme 19e, des combinaisons intégrales, des uniformes de contes de fées, des princesses, des aventuriers… J’ai aimé déambuler sans autre but que de regarder le plus de costumes possibles…. Beaucoup de paillettes, de lumières, de guirlandes lumineuses ajoutent un aspect féerique à la soirée.
Je suis arrivée tôt, j’aime bien goûter les débuts de soirée, me laisser prendre peu à peu par l’ambiance, sentir le moment où elle bascule, s’enflamme… C’est aussi l’occasion de jouer les observatrices avant que les choses sérieuses ne commencent… Je suis accueillie à bras ouvert avec un big « hug » à l’américaine par un grand gaillard, je me demande un instant si je le connais, avant de réaliser que les Burners sont tous hyper affectueux, ils ont plein d’amour et de câlins à donner… (Moi aussi, ça tombe bien, je suis au bon endroit !)
Je profite de la faible affluence pour faire le tour des activités. Je m’arrête un moment devant le stand « Appel aux bénévoles » : des vêtements sont collectés, toutes les bonnes volontés sont recensées pour des actions ponctuelles, essentiellement envers les migrants. Les Burning Men ne restent pas enfermés dans leur utopie, ils sont généreux, veulent améliorer le monde autour d’eux, sans oublier d’être fun : je reçois un badge en échange de mon mail pour faire quelque chose ! (par exemple, être accompagnatrice pour des séances de ciné, ou des pièces de théâtre, ça a l’air sympa !).
Il y a une tente où l’on nous prête des vêtements originaux, vintage, pour changer de look, se déguiser. Plus loin, on me glisse des bracelets fluo aux poignets, on me propose une séance d’hypnose (pour me détendre, même si je suis déjà assez détendue en fait ^^). Je dois tendre les bras devant moi, comme une somnambule, et mes mains se rapprochent toutes seules, par le seul pouvoir de la voix de mon hypnotiseur. Impressionnant ! Je teste aussi le reiki, on me montre le point pour supprimer les maux de tête (pour l’instant tout va bien, mais demain, ça pourra être utile), je profite d’un massage de pieds, surprise et amusée, car ce type de massages me semblait réservé aux soirées bdsm…
Il y a aussi un parcours sensoriel, trois petites salles où l’on nous prive d’un sens à chaque fois : il s’agit de monter un casse-tête les yeux fermés, de jouer aux devinettes avec des mimes, de se regarder intensément les yeux dans les yeux sans se parler… (Malheureusement, j’ai fait cet exercice avec un vrai clown que je connais bien, sinon je pense que ce doit être assez troublant de plonger son regard dans celui d’un inconnu aussi longtemps…)
Bientôt, je croise de plus en plus d’amis, de tous les cercles… Je les connais grâce aux soirées Fétish, Kinky Salon, Ecrits polissons…. Je suis ravie de les retrouver tous, ils se mêlent à merveille et adoptent l’esprit Burner avec naturel et enthousiasme ! Je souris surtout de retrouver des amis du monde bdsm… J’aime que des univers aussi différents se réunissent là, unis par un même goût pour la fête, le travestissement, la musique et les contacts !
Il y a de plus en plus de monde, l’appel de la danse est plus fort que tout, la techno pulse, nos cœurs battent à l’unisson. Sur la scène, une danseuse tourne avec des cerceaux enflammés, de jolies acrobates évoluent le long d’un drap ou dans de grands cerceaux…. Au sous-sol, l’ambiance se réchauffe encore, il est minuit, tout le monde est invité à se déshabiller pour danser nu pendant une heure… Tentant… ! Mais finalement, je préfère remonter regarder la suite des shows, et speak english avec des inconnus car la Burning night attire des burners de toute l’Europe… (je n’oublierai pas les amis Hollandais !)
La musique nous plonge dans une transe bienheureuse, le temps est suspendu, nous dansons, ivres de musique, heureux de communier tous ensemble. Des regards se croisent, des sourires s’échangent… Je suis serrée dans des bras inconnus pour des « free hugs », nous rions de joie, émerveillés de l’ambiance aimante dans laquelle nous baignons. L’espace d’un instant, je me sens plus proche d’eux que de mes meilleurs amis avec qui nous n’osons jamais rien de plus que des bises sur les joues. Des contacts éphémères, forts, qui nous réchauffent le cœur, nous avons tous des tonnes d’amour à échanger, nous débordons de partout… Rien de sexuel, enfin, je crois, c’est comme une immense vague d’affection qui nous submerge et nous emporte.
J’ai envie de garder contact avec tous ces gens qui m’étreignent, j’ai envie de les revoir, ce sont eux ma communauté d’amis, je ne veux plus jamais les quitter, je veux rester là pour toujours, danser, sourire, m’amuser.
Les lumières se rallument, la musique se tait, nous restons toujours sur la piste, frappés de stupeur, ne voulant pas croire que c’est fini, espérant un miracle, la musique, encore, qui nous portera à nouveau. Nous voulons tout revivre depuis le début, poursuivre toute la journée, et la nuit qui suivra, et toute la vie…. J’envie les bénévoles, la fête continue pour eux, une fête plus sensuelle, en petit comité… Derniers « hugs » dans les vestiaires et l’entrée, et je suis brutalement jetée dans le métro, dans le froid et la solitude.
Merci aux organisateurs et à tous les bénévoles pour cette soirée ! Ça va être long d’attendre la prochaine ! A moins de pouvoir aller au Nowhere cette année, qui sait… qui viendrait avec moi ?
2 commentaires
Il ne faut pas hésiter ! j’y suis allée « seule », et j’ai retrouvé de nombreux amis Facebook…
J’arrive 3 mois après l’article, mais cela dit, je serais partante pour ce genre de festival ! (Ce n’est pas la première fois que je commente ton blog en disant « Han ! J’aimerais trop y aller !!! », finalement je n’ai toujours rien osé, par timidité, peur de me lancer seule peut-être…)