Mercredi dernier, j’ai participé à mon deuxième apéro littéraire érotique, animé par la pétillante Flore Cerise, mais cette fois, avec un rôle particulier, une mise en lumière quelque peu inquiétante, puisque j’étais invitée « officiellement », pour représenter la collection « Osez 20 histoires » des éditions La Musardine
Et bien, c’était génial ! J’ai adoré ! (c’est quand la prochaine fois ?)
Un premier jeu pour faire connaissance : un de mes textes avec des trous à compléter. J’avoue, je me suis sentie un peu mal à l’aise ! Quoi ! C’est moi qui a écrit ça ? Ces phrases si longues, pleines de verbes et d’adjectifs… Relire à froid, pendant que des inconnus, pire des amis, le font aussi, un texte écrit un an plus tôt ou presque… le passage le plus chaud de l’histoire, là où ça foisonne et ça s’emmêle dans tous les sens… terrible expérience !
Notre petit groupe d’intimes s’élargit peu à peu avec l’arrivée de nouveaux participants, je reconnais des amis, la pression monte. Flore virevolte et réussit à installer tout le monde. Le silence se fait. Je suis soumise à la question.
L’interview
Pour ceux qui ont raté ce grand moment (et pour moi aussi, en souvenir), je reprend ici les questions posées par Flore, l’indiscrète :
– Comment écrit-on pour un « Osez 20 histoires » ?
Au départ il y a un thème imposé, et une contrainte de taille : 15 000 signes environ, ce qui nous fait 7 ou 8 pages A4. Il nous est demandé de raconter une histoire complète, avec une scène érotique bien chaude, car le but, comme le dit souvent notre cher directeur de collection, « c’est de faire bander le lecteur et mouiller la lectrice »…. Attention donc à ne pas trop perdre de temps avec les prélimaires, 7 pages, c’est vite passé ! Tous les détails attendus sont sur le blog de la collection « Osez 20 histoires ».
– Pourquoi le choix de l’eunuque ? D’où t’es venue cette idée ?
Le thème « été torride » m’a fait penser au désert, et, de fil en aiguille, aux mille et une nuits, aux harems… Je me suis amusée à inverser les rôles. Contrairement à la tradition, le maître des lieux est un eunuque et s’entoure de serviteurs et d’amis fort bien pourvus… J’ai imaginé deux oies blanches se faisant piéger… Au départ, elles se montrent curieuses, très légèrement réticentes, mais se prennent au jeu, charmées, séduites, et se fondent dans l’ambiance… Vous verrez !
Qu’est ce qui t’as donné envie d’écrire des nouvelles érotique ?
J’ai toujours aimé écrire, des nouvelles fantastiques, de SF … je me suis mise à écrire des histoires érotiques d’abord pour mon chéri, et lui seul. On était séparés géographiquement pendant un temps, et pour garder le lien avec lui, jouer ensemble, je lui ai envoyé des histoires osées. Il a aimé, et m’a encouragé à les publier, ce que j’ai fait sur un blog, un profil Facebook… grâce à ce profil, je me suis liée avec d’autres auteurs, qui sont devenus des amis, et avec qui j’ai plaisir à concourir ou rejoindre des projets en commun !
Quels sont les « Osez 20 histoires » auxquels tu as préféré participer ? Pourquoi les thématiques t’ont plu ?
J’ai particulièrement aimé participer au recueil « Osez 20 histoires de sexe entre filles », un défi pour moi, qui n’aimait que les garçons. Je n’avais pas d’attirance particulière au départ pour les filles, mais je me suis prise au jeu, et j’ai vraiment aimé imaginer des amours saphiques. J’ai aimé participer aussi au recueil « Osez 20 histoires érotiques dans un train » car c’est l’un de mes fantasmes préférés… le train, ce lieu confiné où se concentrent plein d’inconnus qui s’ennuient
Coup de coeur aussi pour le dernier recueil, sur la science fiction, l’occasion rêvée de mêler mes deux passions…
Ensuite place à l’atelier d’écriture ! (ludique avant tout) Il s’agit d’écrire un texte érotique se déroulant dans l’île de notre choix, d’écouter les histoires des autres et de voter pour notre préférée (cruel dilemne tant les textes m’ont plu !). Des livres de la collection « Osez 20 histoires » sont en jeu….
De nombreux textes sont vraiment excellents, truculents, drôles, sensuels… un régal de les écouter. Tout le monde promet de les envoyer à Flore pour de futures parutions dans son « canard coquin ». Je vais guetter les prochains numéros. En attendant, voici le mien :
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Claire maudit sa malchance. Qu’est ce qu’il lui a pris de voyager seule sur son yacht uniquement en compagnie de son capitaine ! Ils n’ont rien pu faire au milieu de cette tempête, et se sont laissés dériver pendant des heures… Ils ont fini par s’échouer sur l’île la plus inhospitalière qui soit. Une sorte d’iceberg, peuplé uniquement de pingouins et de phoques à première vue. Claire frissonne et observe les alentours. Nulle trace de son capitaine. Elle devine au loin des bâtiments et s’approche, priant le ciel pour qu’il ne s’agisse pas d’igloos désertés. Elle accélère le pas et distingue avec soulagement des cheminées qui fument.
Elle frappe à la première porte et s’engouffre dans une pièce où flambe un bon feu. Il règne une chaleur suffocante, l’air est saturé d’humidité. Claire marque un temps, surprise. Une dizaine de jeunes femmes brunes, à la peau mate, sont allongées nues sur des nattes. Elles sont occupées à se masser, se caresser, se frictionner. Une sorte de hammam a le temps de penser Claire. Déjà, deux jeunes femmes s’approchent d’elle et lui parlent dans une langue inconnue. Elles joignent le geste à la parole et la déshabillent en un tour de main. Elles poussent des petits rires de joie, visiblement ravies de découvrir un corps si pâle et tout en rondeurs. L’air brûlant est surchargé de parfums épicés. Claire a la tête qui tourne, elle s’étend sur une natte, bientôt rejointe par les femmes qui n’hésitent plus à la palper, la tâter de toutes parts. Elles n’ont plus aucune retenue. Des dizaines de mains empressées la caressent sans fin, la triturent, pressent ses seins, ses fesses, ouvrent ses jambes. Des baisers, des coups de langue, pleuvent à présent sur son corps et l’explorent sous toutes ses coutures. Des langues qui ne tardent pas à s’immiscer entre les lèvres de son sexe et boire à sa source. Claire gémit de plaisir sous les caresses et les morsures de ces créatures du diable.
Soudain, elles la délaissent, toutes en même temps, et Claire crie sa frustration Elle ouvre les yeux, et réalise que son capitaine vient d’arriver. Il est déjà assailli par ces femelles en chaleur et presque nu. Il promène ses mains au hasard, saisit des seins, des fesses, tandis que son pénis disparaît dans la bouche de l’une d’entre elles. Claire s’avance comme une somnambule, féline. Elle veut sa part elle aussi. Elle mêle son corps blanc aux peaux brunes et s’empare des fesses musclées de son capitaine, plantant ses ongles avec vigueur dans la chair ferme.
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Pour lire le récit de Julie Derussy, cliquer là
(D’après Flore, nos écrits dévoilent nos fantasmes les plus secrets… gloups…)
Prochain apéro organisé par Flore Cerise : mercredi 16 juillet, avec une invitée de choix : Clara Basteh.
Pour vous inscrire, rendez-vous sur l’événement Facebook et réservez votre place ici
Photos : Daniel Nguyen
D’autres photos sur le blog de « Osez vos histoires » là