Jeudi 9 mai, j’ai découvert une nouvelle soirée, la Jedismieux.
Je n ‘avais pas prévu de sortir, mais JB Flori m’a parlé d’une soirée techno où il mixait, c’était irrésistible, et dans nos caves bien-aimées en plus !
Passé un petit moment de doute (il n’y a pas foule, tout le monde est parti en week-end on dirait… ah finalement non, les lieux se remplissent à vue d’œil, mais je ne connais personne, ils ont tous l’air d’être étudiants, qu’est-ce que je fais là… ^^) vite envolé, je me suis plongée dans la soirée et bien amusée !
Plusieurs ateliers se déploient dans les différentes salles des caves :
– un stand de vente d’accessoires très sympas : nippies, colliers…
– la possibilité de se faire tirer les cartes. Le voyant est excellent, mais je ne tire que des cartes catastrophiques : instabilité, stress, ruptures à l’horizon, remises en question et bouleversements…. Glarg ! « Tu as d’autres questions ? » Heu, non, merci, pas pour l’instant… (je ne me sens pas en veine ^^)
– un espace de jeu vidéo avec un jeu de bagarre bien vintage sur grand écran
– un salon de tatouage
Je discute avec un teufeur qui patiente juste devant, pendant que la tatoueuse prépare son salon. Il me montre ses tatouages, souvenirs de différentes raves, tous réalisés au cœur de la fête, sur fond de techno. Un album souvenir de ses meilleures soirées imprimées à même sa peau ! (Je suis fascinée par les gens qui se font tatouer en soirée ! Là, c’est bien éclairé, mais je me souviens de soirées techno dans le noir, où le tatoueur opérait avec une lampe frontale… De mon côté, je serais plutôt du genre à y songer pendant des mois, je regarderais plein de comptes Instagram de tatoueurs et de tatoueuses (quoique, je pense à une amie en particulier, il y aurait ce plaisir de souffrir par amitié en plus !) et ça se finirait sûrement avec un papillon sur l’épaule comme tout le monde ^^ Je rêve aussi d’une pieuvre enroulant ses tentacules autour de mon bras… mais je crois que c’est trop tard, j’ai trop tergiversé, et finalement j’aime bien rester une « page blanche », je regrette même de m’être fait percer les oreilles.
Mon nouvel ami est le premier à s’allonger sur la table de la tatoueuse. Je serais bien restée regarder, mais par discrétion, je préfère m’éloigner (j’aurai pu rester finalement, d’autres tatouages se sont déroulés avec un public !). Je le recroise plus tard, il me montre son nouveau tatouage, très fin, ornant son cou : un chien fetish, avec son collier orné de piquants d’acier ; j’adore !
— Tu as eu mal ?
— Oh non, du tout, je me suis même endormi ^^
JB met le feu au dance-floor avec un set prévu aux petits oignons, de la très bonne techno indus… Parfois il ralentit, et les danseurs crient leur frustration d’être privés de leurs rythmes infernaux. Il sourit, taquin, s’amuse avec nous, et augmente le tempo sous les vivats et les cris d’enthousiasme. (Ne serait-il pas un brin sadique, pratiquant une sorte d’edging avec les accros au son que nous sommes ? Quand nous sommes sur le point d’atteindre l’extase avec un son qui monte, qui monte à l’infini, au lieu de l’explosion que nous attendons tous, voilà qu’il redescend soudain, ralentit, avec une sorte de son psytrance qui nous rend dingue de frustration – et c’est bon aussi, car le son repart ensuite, et monte à nouveau irrésistiblement !
Un peu plus tard, je reconnais Queen derrière la techno. Bientôt, Queen prend le dessus, la techno s’efface, et toute la salle chante en chœur We will rock you ! Excellent moment de communion et de partage… et qui donne envie d’aller à une soirée année 80’s chanter à plein poumons…
Je préfère me montrer raisonnable, la pensée du lendemain me ramène sur terre, (comme dans Mary Poppins, pour ceux et celles qui connaissent ^^), je m’arrache avec difficulté du dance floor trépidant de techno indus, avec tous ses fêtards joyeux (au passage , ambiance très différente des Monarch et Master Squat, et vraiment sympa aussi ! Beaucoup de tenues fetish du côté des filles, et aussi Kawai, voire un mélange trop mignon des deux : cette jeune fille avec une robe fetish et une peluche dans les cheveux ! Et toutes sortes de tenues excentriques, et casual aussi…)
Au moment de sortir, je remarque un garçon qui dessine sur un carnet, un casque sur les oreilles. Je culpabilise un peu de l’aborder, mais la curiosité l’emporte. Je m’assois à côté de lui, il retire ses écouteurs avec un sourire d’excuse.
— J’écoute de la psytrance… au bout d’un moment je supporte mal la techno indus !
Je lui demande s’il serait d’accord pour me montrer ses dessins, et il me prête volontiers son carnet empli de personnages colorés, mi mangas mi psychédéliques ; j’aime beaucoup. J’adore cette fièvre créatrice au milieu d’une soirée techno et de la foule qui s’agite ! Pour écrire, j’aime le calme, en musique ou non.
— Tu les postes sur un profil Instagram ?
Il secoue la tête.
— Non, je dessine pour le plaisir,… prendre en photo mes dessins, les publier, me fatigue d’avance, et puis j’en fais trop !
Dehors, le printemps est enfin là ! La nuit est tiède, agréable, et je décide de rentrer à pieds (j’ai toujours un peu honte d’annoncer mon adresse aux taxis vu sa proximité, et les Uber ne me choisissent jamais, trop près je pense^^)
J’emprunte de petites rues absolument désertes ! Il règne un tel calme, je me sens bien, je suis déjà en terrain connu ou presque.
Soudain, une trottinette s’arrête à ma hauteur.
— Vous n’auriez pas du feu par hasard ?
— Non, mais il y a un fastfood là, ils en ont peut-être…
Je me mords les lèvres ; bien sur qu’un fastfood aura du feu !
Il s’en va et revient bientôt, cigarette au bec.
— Merci ! Vous allez loin ? Je peux vous avancer si vous voulez…
J’hésite… c’est tentant, mais gagner vingt minutes vaut-il le risque de se fracasser le crane sur le bitume ?
Il devine mes doutes.
— J’irai tout doucement, et je n’ai rien bu, juste une pinte.
— Vous faites ça souvent, patrouiller dans Paris pour ramener des parisiennes à bon port ?
— Non, c’est la première fois… je sors du boulot, je travaille de nuit, j’avais envie de me promener…
Soudain, la petite fille en moi jubile à l’idée de faire de la trottinette, et balaie toutes les inquiétudes de la dame raisonnable (c’est qui ce garçon ? je vais me casser le bras ! etc.), je suis très excitée à l’idée de poser un pied sur cette trottinette et filer comme l’éclair dans les rues vides.
— D’accord ! merci !
Il y a juste de la place pour mon pied derrière le sien. J’enlace sa taille comme s’il s’agissait d’un motard, et nous partons à petite allure, tranquille. Il accélère, me sentant en confiance, et nous avalons de longs boulevards ; je me réjouis d’éviter autant de distance à pieds ! Les petites rues j’aime bien, mais les boulevards qui s’étendent à l’infini, moins.
Et puis : le coup de la panne !
La trottinette ralentit de plus en plus.
— J’ai juste 1% de batterie, s’alarme mon chauffeur.
— Oh… merci en tout cas, vous m’avez bien avancé déjà ! Je vais descendre…
Il insiste pour me déposer pile devant chez moi, à toute petite vitesse. On descend juste le temps d’une côte pour soulager la trottinette à bout de souffle, et puis elle repart bravement, puisant dans ses dernières forces. Je me demande comment il va rentrer, mais il me rassure, elle fonctionne aussi en manuel.
Me voilà arrivée ! Petit moment d’indécision ; qu’attend-il exactement de moi, mon 06, un baiser, de l’argent ? En fait rien du tout… Je le remercie chaleureusement et lui claque deux bises sur les joues.
— De rien madame, ça m’a fait plaisir.
Il me fait un petit salut, et enfourche sa monture, poussant du pied. Dire qu’il m’a consacré son dernier % de batterie ! Je suis touchée… serait-il un peu soumis par hasard ? Je suis à deux doigts de le rappeler pour vérifier mon hypothèse, lui poser une question ou deux, lui révéler sa nature généreuse qu’il ignore encore peut-être… mais l’appel de mon lit est le plus fort.
La soirée Jedismieux se déroule tous les jeudis aux Caves St Sabin !
Soundcloud du DJ Buda