Samedi dernier, la Hell’O Kinky fêtait son grand retour aux Caves St Sabin, on l’attendant depuis mars 2020 ! C’est dire notre impatience ! Et on en a bien profité, in extremis avant que le rideau ne retombe sur le monde de la nuit… (heureusement, les bars restent ouverts, et de nombreux événements ont pu se maintenir)
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J’arrive très en avance, avec un ami qui adore danser lui aussi — l’occasion de faire le point sur les futures soirées, on était encore heureux et insouciants. La file d’attente s’allonge derrière nous et enfin, les portes s’ouvrent.
Les Caves sont méconnaissables ! Elles sont décorées de voilages et de tentures dignes des mille et une nuits, de ballons de toutes les couleurs, de petites lumières scintillantes… Je visite ces lieux que je connais par cœur comme si je les voyais pour la première fois, toutes les pièces ont été aménagées : il y a un coin « chill » avant la première piste de danse, avec plein de coussins, un endroit cosy et douillet où je me promets de revenir (mais je n’aurai pas le temps), un espace dédié au shibari où une jeune femme se fait déjà encorder. Elle ferme les yeux et danse avec la musique, pendant que les cordes s’enroulent autour d’elle. « C’est sa première expérience des cordes, me chuchote un ami, et sa toute première soirée kinky ! « .
Je repère plus loin la pièce dédiée aux massages de pieds, équipée de confortables matelas. Je me promets là aussi de revenir pour profiter d’un massage de pieds, dès que j’aurai fini mon tour de piste et salué tout le monde (mais là aussi, peine perdue, je n’ai pas eu le temps… Il y a ce sortilège en soirée, on a l’impression que l’on vit un « stop time », mais en réalité, le temps s’accélère dramatiquement ! Finalement, mieux vaut ne pas trop différer ses projets)
C’est l’une des premières soirées depuis la mise en place des nouvelles mesures : nous devons porter le masque tout le temps, sauf pour boire un verre bien sûr. Les organisateurs, costumés en docteurs fetish, et toute l’équipe, reconnaissable à son tee-shirt rose et sa casquette de cuir, nous ont gentiment à l’œil ! On nous a même recommandé de prévoir trois masques supplémentaires, afin de pouvoir en changer au bout de trois heures. J’ai sagement prévu un petit sac avec mes trois masques en réserve bien pliés, mais j’ai complètement oublié d’en changer ! Toujours ce problème d’accélération du temps. 😉
Des amis me confient qu’ils ont du mal à trouver leurs repères avec les masques, pas évident de trouver des partenaires de jeux, de faire de nouvelles connaissances… On réalise combien le sourire compte aussi pour communiquer, les jeux de regards ne suffisent pas toujours. Les masques ajoutent un peu de confusion, peut-être une part de mystère aussi… Mais après un petit temps d’adaptation, tout le monde trouve ses marques et s’amuse. (De mon côté, ça ajoute à mes diifficultés pour reconnaître les amis de loin, puisque je suis sans mes lunettes ! Heureusement, personne ne s’est vexé 😉)
Les lieux s’emplissent peu à peu, la soirée démarre et monte en puissance. J’adore la Hell O’Kinky pour son ambiance, son esprit kinky, bienveillant, délires et paillettes, et aussi pour ces deux dance floor entre lesquels mon cœur balance toute la soirée : la grande salle du fond dédiée à la techno, avec des DJ venus spécialement de Berlin pour nous offrir le meilleur son qui soit ; et la toute première salle (normalement un bar) qui se consacre au rock et aux tubes des années 80’s, 90’s, on s’y amuse beaucoup aussi, ambiance vintage « boom du collège ». Je navigue non stop entre les 2 salles, avec parfois des moments où j’oublie tout, happée par la techno qui nous emporte tous. Et puis je me souviens de l’autre salle, j’accours, et je m’offre un voyage dans le temps avec New order, Eurythmics, Cure, Madonna, etc.
Entre ces deux salles, le bar principal offre un espace plus calme, avec des alcôves voilées, et évite aux deux sons de se mélanger.
Au fond de la deuxième salle de danse, le clou de la soirée : un Donjon BDSM est aménagé, avec sa croix, ses possibilités d’attaches, et son matériel à disposition. Il remplace les traditionnels coins câlins et sex corner, malvenus en ces temps d’épidémie (même si certains semblent privilégier l’after care aux sévices ^^). L’entrée est fermée par un voile pudique, un membre de l’équipe accueille les joueurs en souriant et leur indique les places libres, afin qu’ils se répartissent entre les deux alcôves, la croix de Saint-André, et le long escalier qui remonte vers la rue, où il fait un peu frais.
Ce soir, j’ai surtout envie de profiter des amis et de danser ! Quelques personnes m’ont dit : « c’est sûrement la dernière soirée avant longtemps, on va à nouveau fermer les boîtes et les clubs, à l’instar de ce qui se passe dans d’autres pays d’Europe ». Ces funestes prédictions me font l’effet d’un coup de fouet : c’est maintenant ou jamais, il faut profiter, s’amuser, faire tout ce qu’on veut sans se soucier du qu’en dira-t-on ! Dernière chance avant longtemps !
Je reconnais une amie de soirée toute de latex vêtue, elle chevauche un homme-chien. Je lui demande si je peux lui gratouiller les oreilles et le taper un peu, mais elle ne m’entend pas avec la musique. Elle se relève et me fait signe de lui grimper dessus à sa place, ce que je m’empresse de faire ! Je me serais bien promené un petit peu, il a l’air costaud, il doit pouvoir supporter mon poids pendant longtemps…
La musique techno s’interrompt nous laissant tout étourdis, place aux artistes invités : un beau danseur, Eli Adem el Sultan, évolue gracieusement sur scène, suivi de Patouchka Ba Nana, chanteuse de cabaret tout feu tout flamme.
La musique reprend, nous enveloppe des pieds à la tête, pénètre chaque cellule de nos corps, et semble ne jamais devoir s’arrêter.
Je ne vois pas le temps passer, entre les bavardages avec les amis, les deux pistes de danse, les jeux… Les lieux commencent à se vider, mais tant qu’il y a de la musique à fond, je ne me pose pas de questions ! Un DJ finit par me mettre la puce à l’oreille en me disant : « J’aurais dû arrêter, mais tant qu’on ne me dit rien, je continue ! » Je jette un coup d’œil à ma montre ; quoi, déjà 5h20 ! Il est temps de lever le camp… Juste au moment de partir, déjà en doudoune, je croise un ami ; on ne s’est pas vus de la soirée ou presque et on a du mal à se quitter ! Il me parle d’un after, j’ai envie de m’incruster un instant, mais je préfère rentrer sagement, direction Bastille, en passant par un marché qui se met déjà en place…
Nous voilà de nouveau mis au coin et privés de soirés dansantes pour les quatre prochaines semaines ! Pour la dernière fois j’espère.
Pour en savoir plus
La page Facebook de la Hell’O Kinky
2 commentaires
Merci cher Papa Noël ! Oui, le départ à l’aube dans Paris qui s’éveille fait partie de la magie de la soirée… même si c’est encore mieux l’été !
J’apprécie toujours autant le récit des soirées où on s’habille joyeusement, on danse beaucoup, et où tout virevolte, jusqu’aux aiguilles des horloges. La promenade parisienne pour terminer, c’est l’instant de magie que je ressens aussi.