Je ne sais pas comment je vais raconter la soirée Hell’O Kinky d’hier, car je me suis immergée dans la soirée jusqu’au cou, et elle est passée en un battement de cil !
– Finalement, j’ai une idée : je vais rechercher les DJ de la soirée sur Soundcloud, et me replonger dans l’ambiance…
***
Je voudrais déjà tout revivre ! Les joyeuses retrouvailles dans la file d’attente – l’occasion d’échanger les dernières nouvelles – l’effervescence en me changeant fébrilement dans les vestiaires, en aidant au passage ma voisine à remonter sa fermeture éclair, l’empressement de me jeter dans le bain…
Et puis re-découvrir les caves St Sabin parées aux couleurs de la Hell’O Kinky : voilages rouge des mille et une nuits, coussins, ballons gonflables en forme de dinosaures, guirlandes lumineuses… autant d’éléments de décor qui transforment les caves médiévales en un terrain de jeu kinky ! – Attention cependant à s’asseyant à ce qui ressemble à de moelleuses banquettes le long du bar : ce sont des tables recouvertes de draps ^^ Mais l’abondance de coussins permet d’y passer un moment douillet à souhait !
Je retrouve un ami soumis qui a troqué sa tenue fetish habituelle contre une mignonne tenue de serviteur coquin avec son nœud papillon. De mon côté, je suis parfaitement anonyme avec mon masque et ma couronne de plumes (que je pensais rendre à une amie, mais je suis repartie avec !). Au bout de quelques minutes, il fait si chaud, mon masque atterrit dans le sac d’un ami ^^ Je le sais pourtant que les masques m’encombrent toujours (en plus, j’ai l’air de loucher quand j’en porte un, mais je ne peux pas résister !)
La soirée m’attire, m’avale, et m’engloutit. Je croise une multitude de visages connus et souriants, ravis d’être là… Des gens dansent déjà, que ce soit sur le dance floor «tubes» ou le dance floor techno. C’est ce que j’aime aussi avec la Hell’O Kinky : il est 23h pétantes et on danse, on fait déjà la fête alors que les lieux s’emplissent peu à peu ! D’autres soirées sont plus lentes à se lancer, les gens arrivent tard. Là, pas une seconde à perdre…
Je traîne au bar avec des amis retrouvés, tout en admirant les tenues extravagantes des participants. J’adore les ambiance fetish, l’esthétique du dress code fetish (vinyle, cuir, latex, essentiellement en noir), mais c’est bon aussi de faire voler en éclat ce strict dress code, avec des paillettes, des strass, des lumières, des peluches, des licornes… Je croise une grande peluche Pikachu, un Joker, une ravissante créature avec ses oreilles et sa queue en fourrure…. (photos à venir, mais pour les participants only). De mon côté, c’est l’occasion d’en rajouter du côté des fleurs, tutu, etc…
On ne se refait pas, les participants sont nombreux à apporter une touche bdsm à leur tenue : des amis ont prévu leurs martinets, et d’autres accessoires aussi, et j’aperçois de loin une large casquette d’uniforme fetish…
Un artiste de bodypainting a posé ses palettes de peinture dans le bar, il orne des dos, des décolletés, d’arabesques et de fleurs multicolores… De belles œuvres éphémères, mais je n’ose pas m’y risquer, ma peau est déjà moite.
Il y a toujours une ou des performances sur la piste de danse techno lors des Hell’O kinky, et je m’efforce de ne pas les manquer en général, mais cette fois, je n’ai pas fait attention à l’heure, je ne sais pas où j’étais, sans doute près de la scène « pop », à chanter à tue-être Sweeeet dreeeems, ou Quelque chose en toiaaaaa ne tourne pas ronnnnd…
J’arrive à la toute fin de la performance, le sol est jonché de paillettes dorées. Un ami me tend quelque chose :
— Tiens, je ne sais pas si ça t’intéresse, ils en ont lancé à la fin du show, je te le donne si tu veux !
Un string avec un D, le logo de Dèmonia ; je suis ravie, c’est collector ! Parfait pour samedi prochain ^^ Il pourrait aussi faire un bandeau de pirate… Je le noue autour de mon poignet comme un bracelet — las, je l’ai perdu, il a dû chuter à un moment donné ! Si jamais quelqu’un l’a retrouvé ^^
Je ne quitterai plus le dance floor techno d’une semelle, au plus près de nos DJ bien-aimés, qui savent si bien faire monter la température, jouer de crescendo à l’infini, de retombées exaltantes… Ils nous maintiennent dans leur aura, leur son, et nous restons scotchés contre leurs platines, ensorcelés.
Je danse, hypnotisée par un couple ultra looké qui danse merveilleusement, sur l’estrade près du DJ. Ils ont la techno dans le sang ! Ils redescendent parmi les communs des mortels et nous dansons longtemps ensemble, sur les fantastiques set de JB Buda, l’organisateur, et ses successeurs aux platines.
Les ondulations de la foule m’entraînent de ci de là, avec des retrouvailles surprises que je n’ai pas le temps de savourer, happée ailleurs – je ne sais plus où donner de la tête tant il y a d’amis ! Soit je papillonne non stop, soit je m’attarde auprès de deux ou trois, espérant revoir les autres plus tard (vœu pieux) …. Dilemme !
Il faut parfois se résoudre à quitter le dance floor et faire la queue aux toilettes ^^ et c’est l’occasion de joyeuses rencontres là aussi, voire de bavardages facilités, loin du son (une soirée dans la soirée, s’amuse un ami ! Il y a aussi l’espace fumeur qui peut jouer ce rôle de deuxième soirée dans la soirée je pense, mais je ne m’y suis pas aventurée). Je note au passage le panier avec plein de produits de soin à notre disposition si on a besoin de se refaire une beauté, une délicate attention.
Les « coins câlins » ne désemplissent pas, une queue se forme parfois devant, une jeune femme souriante pleine d’énergie gère l’affluence. Il faudrait creuser de nouveaux tunnels dans les caves ! Des matelas ont été installés, mais des couples se risquent sur les marches de l’escalier, en recherche d’un peu d’intimité. Je devine des vagues de désir qui emportent tout, font oublier un instant l’inconfort de la pierre dure…
D’autres espaces, plus chill, s’offrent aux participants : l’un consacré aux massages, en particulier aux massages des pieds, un autre au shibari… Un stand RDR (réduction des risques) distribue tout ce qu’il faut pour se faire plaisir, des préservatifs, et aussi son corollaire : des conseils de prévention…
Et soudain, comme par magie, une porte que je n’avais jamais remarquée s’ouvre au fond du bar et dévoile un escalier. Je connais les caves par cœur, depuis tant d’années, et je suis très intriguée de découvrir encore de nouvelles cachettes ! Je m’aventure en cette terra incognita, curieuse, mais un gardien du temple m’invite à rebrousser chemin — c’est la sortie de secours, entrouverte exceptionnellement pour que l’air circule mieux, car il fait chaud, très chaud même… enfin ! Nous sommes tous moites et collants (gare aux hugs !)
Je suis incapable de tenir en place ; le shibari, les massages de pied, ce ne sera pas pour cette fois, j’ai trop envie de profiter de ces DJ venus spécialement de Berlin et du Kit Kat en particulier, la Mecque de la techno – heureux ceux et celles qui s’y rendent souvent ! J’ai envie d’y aller moi aussi… « Il suffit de s’organiser et go », me glisse un ami à l’oreille. Oui, une motivation sans faille devrait venir à bout de la logistique : réservation des billets de train ou d’avion, de l’hôtel et des soirées, préparation de la valise, recrutement des amis… ou partir à l’aventure en solo…
Le temps file, je regrette de ne pas avoir passé du temps avec tel ami, telle amie… Je rêve d’une soirée s’étalant sur tout un week-end ! Un ami évoque des festivals, des burns (séjours inspirés de Burning man)… et j’imagine des sortes de camps scouts entre amateurs d’events sexpo, de soirées kinky, de techno… — parfois sous la pluie, ce qui doit doucher quelque peu l’enthousiasme des participants ! Ou renforcer leurs liens au contraire.
Je quitte à regret la soirée vers 5h30, toujours un peu inquiète à l’idée de faire la queue devant le vestiaire – un jour je resterai jusqu’à la dernière seconde. Je sors en même temps qu’un ami, on se dirige tranquillement vers notre station de métro en évoquant la fantastique soirée que l’on vient de passer. Mais soudain, je jette un coup d’œil au panneau des annonces de métro, le mien est sur le point d’arriver, et mes réflexes de parisienne reprennent le dessus, je pique un sprint sans même lui dire au revoir pour attraper ce fichu métro. Mais pourquoi ?! C’était si agréable, ce «debriefing» à chaud… Je pouvais bien laisser passer un ou deux métros, au lieu de courir vers lui comme si ma vie en dépendait !
C’était une Hell’O Kinky festive comme jamais, pétillante, coquine, joyeuse, pleine de love, à l’image de son créateur. On était tous unis par l’amour de la techno de Berlin et l’envie de nous amuser ! – Seul bémol, s’il faut chercher la petite bête : je me demande s’il n’y a pas trop de lumière à certains endroits ? Dans l’espace massage en particulier, très éclairé, et parfois sur la piste (les néons blancs qui soudain éclairent nos mines de vampires) –
J’ai retrouvé l’ambiance de la Hell’O Kinky que j’aime tant, démultipliée encore par je ne sais quoi : l’approche des vacances, la fin des soirées avec l’été qui s’annonce et l’éparpillement des amis ?
Un grand bravo aux organisateurs, aux équipes du bar, du vestiaire, aux angels avec leur casquette fluo qui leur va si bien, et aux super DJ…
En résumé, vivement la prochaine Hell’O Kinky !
– Elle se déroulera à Berlin ! Plus d’infos sur Instagram
[EDIT] un ami m’a envoyé le récit de la performance que j’ai manquée :
« Je n’ai vu qu’un seul show. Je ne sais pas s’il y en avait d’autres.
J’ai passé plus de temps dans la petite salle disco-pop que dans la
grande salle voûtée techno. Et donc celui que j’ai vu, c’était par le
même performer que tu as pu voir lors de la Démonia Play. C’était un
show en trois actes:
-La première partie, la performeuse a cherché deux assistants dans le
public. L’un d’eux n’était d’ailleurs pas très volontaire, et a dû
être rassuré par quelques mots qu’il ne lui arriverait rien. Et donc,
les deux gars du public ont chacun tenu le bout d’une corde, tandis
que la performeuse se penchait en diagonale vers l’avant, la corde
s’enfonçant profondément dans son ventre, un peu comme une bête
sauvage prêt à déferler dans le public et n’étant retenue que par cette
corde. Puis elle s’est entortillée dans cette corde de différentes façons,
toujours avec les deux extrémités tenus par les deux volontaires
désignés. La corde a fini autour de son cou, et cette première partie
s’est terminée quand elle s’est exclamé « zut, je suis toujours en vie »
(ou un truc du genre).
-La seconde partie étant le knife play. D’abord elle fait retirer le
fourreau par une fille du public, puis elle promène la lame sur son
corps, la tient entre les dents, la fait tenir à une personne du
public pendant qu’elle se pousse dessus, etc.. Mais zut, encore une
fois, encore vivante.
-En troisième partie, elle distribue des spatules, un, euh, fouet
mécanique? Enfin, le truc pour battre les œufs à la main quoi. Et
peut-être d’autres outils de cuisine, j’ai oublié. Bref, les gens du
public lui tapent dessus avec (gentiment, sur les fesses). Et à la fin
elle bouffe un poireau (ça doit être un jeu de mots je pense …)
Alors comme ça on a perdu son string rouge? Bon sinon il m’en reste
encore deux: il y en avait plein le sol, je trouvais dommage qu’ils
soient piétinés.
Sinon, comme détail, je n’ai pas compris tout de suite, mais les
multiples personnes qui avait des petites cornes de cervidés, c’était
pour être dans le thème « Bambi Summer Biche » !
Les photos souvenirs (Olive the duck)
Pour suivre la Hell’O Kinky
Facebook
Instagram
Pour écouter le set de Buda sur Soundcloud
3 commentaires
Vos reportages sont délectables. Vous savez tellement décrire les choses! J’ai aimé particulièrement ce passage de la soirée Hell’O Kinky:
Ils nous maintiennent dans leur aura, leur son, et nous restons scotchés contre leurs platines, ensorcelés.
Je danse, hypnotisée par un couple ultra looké qui danse merveilleusement, sur l’estrade près du DJ. Ils ont la techno dans le sang !
Vous êtes tellement pétillante!!
Merci Sylvain pour ces compliments ! L’ivresse et la joie ressenties en dansant est difficile à retranscrire, elles se vivent intensément 🙂
Vos mots réussissent à transmettre cet état je joie et d’ivresse!!! J’adore !!