Soirée de rentrée à la Musardine

1209214_583674631706388_35217411_n     Les soirées de la Musardine se transforment toujours en des voyages lointains, vers des contrées, mystérieuses, intrigantes. Et celle d’hier soir ne faisait pas exception à la règle.
    La Musardine fêtait sa rentrée littéraire avec trois auteurs qui m’ont passionnée. L’espiègle libraire les a chacun interviewé avec les questions les plus impertinentes qui soient, les plus dérangeantes, pour le plus grand plaisir des participants. Et je dois dire que les trois s’en sont très bien tirés.
    J’étais très curieuse d’entendre Ian Soliane défendre l’indéfendable Culte que j’ai éreinté dans ma chronique, mais à qui je reconnais un talent littéraire incontestable. Il m’a presque convaincu que son livre était un roman d’amour fou, et a évoqué les nombreuses métaphores et références autour de son livre. J’ai fini par l’envisager d’un autre œil que le regard « premier degré » que j’ai porté sur lui. Je suis peut-être passée à côté de quelque chose. La question de l’amour inconditionnel voué à un homme idéalisé, qui n’est finalement pas à la hauteur des sacrifices consentis pour lui est intéressante…. Mais je n’ai pas le courage de relire le livre sous cet angle, je me contenterai de lire les chroniques de mes consœurs.
    Antony Sitruck nous a fait pénétrer dans ce monde fermé, étrange, glauque et attirant, repoussant et fascinant, j’ai nommé le porno, avec son roman Pornstar. Un peu sur le mode « avant c’était mieux, ce n’est plus ce que c’était » à « la grande époque » des années 80 et 90… En résumé, internet a tué le marché en rendant tout gratuit et en blasant les spectateurs. Il a fallu aller toujours plus loin dans le trash et la violence. Et de dresser le pathétique portrait du X aujourd’hui : gang-bangs géants au fond d’un hangar dans le 93, toutes jeunes filles subissant direct les pires outrages… etc… On est loin du glamour toc et clinquant qui édulcorait les films des seventies et suivantes, au moins au début du film ;-). Le tableau dressé par l’auteur a fait se hérisser les cheveux et les poils de toute la salle, pour le plus grand plaisir de chacun finalement à en juger par la queue à la caisse ensuite et devant la table de dédicaces. J’avoue être curieuse moi aussi, de ce roman / étude sociologique sur cet univers en déchéance. L’histoire d’une chute peu glorieuse. Mais le destin de jolies jeunes filles jetées en pâture dans des hangars m’a finalement attristée et non émoustillée.
    Le troisième auteur, Michel Vignard, était celui, qui, a priori me parlait le moins puisqu’il présentait un livre sur l’amour entre les hommes. Contre toute attente, au bout de quelques secondes, j’étais suspendue à ses lèvres, et sur le point d’acheter l’anthologie qu’il a concoctée avec passion. Il a commencé en disant qu’en fait son livre répondait à la question que se posent toutes les femmes : mais que fabriquent donc les hommes ensemble (c’est d’ailleurs le titre)… et j’avoue, j’ai tendu l’oreille avec curiosité, car la question, effectivement, nous titille toutes… Aux questions les plus retorses du libraire, il a répondu avec érudition, références, citations, et nous a tenus sous le charme de son savoir. Questionné sur la pédophilie, rien que ça, je me raidissais d’avance en attendant sa réponse, et il s’est révélé très intéressant. Remontant aux Grecs, expliquant « l’invention » de l’enfant avec l’Emile de Rousseau, donnant des exemples de textes racontant des initiations d’adolescents avant et après cette prise de conscience. Tout simplement passionnant. Une grande fresque historico philosophico socio sur les mœurs sexuelles racontée avec simplicité et le sourire. Simplement, une grande absente : la femme (au moins dans son exposé).
    Et puis ce fut le temps des agapes, des cocktails, des bisous et des retrouvailles entre amis (certaines manquaient cruellement à l’appel, je ne les nommerai pas, mais elles se sentiront visées si elles me lisent 😉
    La joie de revoir Lise Félini et de parler de ses projets à venir : une soirée lecture, où l’on sera assis sur des coussins, dans le décor incroyable du sous-sol de la boutique Metamorphose, véritable caverne d’Ali Baba fétichiste… dire que je vais rater ça ! Je me voyais déjà, glissant peu à peu sur les coussins, bercée par la voix envoutante de Lise… Dieu sait ce qui aurait pu se passer ! C’est le 4 octobre, voici le flyer pour ceux qui ont la chance de pouvoir y aller)
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    J’ai aimé voyager au Japon avec Daniel Nguyen dont je regarde régulièrement les très belles photos, me faire expliquer l’art subtil du Shibari, cette recherche intimiste de la beauté, la soumission par amour, bien loin du fameux bondage occidental, qui est plus une pratique qu’un art, un exercice, un exploit mené avec tapage, ayant perdu les référence avec son modèle nippon.
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   J’ai rencontré et discuté avec un fesseur, qui m’a expliqué que la fessée était un art de vivre, un état d’esprit, et pas simplement une « discipline ». Il pouvait en parler des heures, avec feu, et m’a presque convaincue d’essayer pour voir. Presque, car ce matin, une fois dessoulée, je me tâte… (avec douceur)
   Il faisait doux et nous nous sommes attardés sur le trottoir devant la librairie bondée, les adieux s’éternisant….
    Bref, une super soirée ! Vivement la suivante ! (mais une question me taraude toujours et ne trouve pas de réponse : que se passe t-il en haut de l’escalier près du bar ? Quel espace secret nous cache-t-on ? Quand pourrons nous enfin l’investir, le fouler, nous y vautrer, que faut-il faire pour avoir le droit de monter et de visiter ?)

Photos : La Musardine, Lise Félini, Daniel Nguyen (dans l’ordre d’apparition à l’écran)

6 commentaires

  1. Irina a écrit :

    Devenue moi aussi provinciale, je me délecte de lire le compte rendu de ta soirée à la Musardine. La fessée, l’amour entre hommes, autant de sujet qui a priori ne m’émoustillent guère mais qui deviennent tout de suite beaucoup plus passionnants lorsqu’ils nous sont expliqués par des connaisseurs et passionnés.

  2. juju051 a écrit :

    Si un jour tu as besoin d’un guide ou d’un traducteur ( oral) parlant le japonais, fais moi signe, je te donnerai l’adresse de mon fils dans le marais. Il a également de bonnes bases en chinois ( là, il vient de s’inscrire dans une école pour améliorer ses connaissances) et  » baragouine » le coréen. Mercredi ( nous etions à Paris) il nous a présenté sa ( une?) copine coréenne. Comme Eric, pas un des livres que tu as présentés ne m’attirent.
    Je ne me vois ni fesseur ni fessé…..
    Et tes projets?

    1. Clarissa a écrit :

      Maîtriser ces langues orientales, si éloignées de la notre, implique je pense de se plonger dans une culture, un état d’esprit…oui, cela me passionnerait de le rencontrer et de l’écouter m’en parler …

      1. Clarissa a écrit :

        Merci Irina ! Je suis contente de te faire vivre un peu l’actualité parisienne, trépidante et… pluvieuse j’espère te recroiser lors d’une de tes escapades dans la capitale

  3. Clarissa a écrit :

    J’espère t’y croiser un jour ! Vos agendas vont bien finir par s’entendre Contente de te donner envie en tout cas… Oui, ces livres sont particuliers. Cela m’a bien intéressée d’écouter les auteurs, sur des sujets éloignés de mes thématiques préférées ….

  4. Erik Torrent a écrit :

    Merci ma chère Clarissa de nous faire vivre ces soirées de la Musardine dont nous, les pauvres provinciaux, sommes malheureusement privés !
    Ces 3 livres ne m’attirent pas de prime abord, mais j’aurais bien aimé discuter à nouveau avec Lise et faire la connaissance de Daniel

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