Mardi dernier, l’équipe des Polissons m’invitait à la soirée ARTQ pour animer un atelier d’écrire.
Quelle plus belle façon de fêter les un an de parution du Village des Soumises – en plus, l’éditeur Tabou était présent !
J’ai proposé un extrait racontant une lecture publique dans la bibliothèque du château :
La lectrice se redresse, c’est l’heure. Elle ouvre son livre et commence sa lecture. Sa voix est chaude, vivante, ses intonations accompagnent à merveille le texte. Océane est bientôt suspendue à ses lèvres et vibre en écoutant les récits torrides d’une autre époque, écrits d’une plume désuète et galante à la fois. Il lui semble que ces textes lui sont directement adressés, ils ont été composés pour elle, au-delà du temps. Ils parlent de liberté, de désir, de plaisir, d’étreintes sauvages…
Un passage se révèle plus épicé, plus intime. Océane est de plus en plus émue. Elle n’est pas la seule d’ailleurs, la lectrice se trouble. Tout en lisant, elle caresse son cou de sa main libre, machinalement, sans y penser. Sans qu’elle s’en rende compte, ses jambes se sont écartées, elles s’ouvrent et se referment comme des ailes de papillon. Sa main descend, se glisse sous sa robe, s’immisce entre ses cuisses. Océane ne peut s’empêcher de la regarder fixement, elle guette ses moindres gestes et n’a aucun doute : la lectrice se caresse distraitement. Ses joues rosissent et ses yeux se perdent dans le vague ; elle s’interrompt un instant avant de reprendre sa lecture. Sa voix se voile, baisse d’un ton, alors que les mots deviennent plus crus encore.
Soudain, un auditeur se lève.
Aux participants et participantes d’écrire la suite !
Ils se mettent aussitôt au « travail ».
J’en profite pour rejoindre l’atelier d’hypnose érotique, animé par Benji.
Après nous avoir parlé de l’hypnose telle qu’il la pratique – promis nous resterons conscientes, ce ne sera pas comme dans les spectacles ou les films – , Benji nous invite à nous détendre, à fermer les yeux, tandis qu’il nous plonge peu à peu dans d’agréables pensées méditatives. Il nous propose de nous caresser une jambe. C’est étrange car je le fais tout à fait consciemment, pour suivre ses indications… et je ressens bien les effets démultipliés qu’il évoque ! Peut être parce que toute mon attention est centrée sur la sensation de mes doigts sur mon collant, et sur sa voix envoûtante, douce, enveloppante. J’ai très envie de réessayer !
Je reprends mes esprits, je récupère les textes des participants, et je prends beaucoup de plaisir à les lire, tout en me faisant masser les pieds par Sacha et Camille ; un excellent moment ! J’aurais aimé lire toute la nuit ^^ Certains textes sont très osés, voire pornographiques, d’autres légers, poétiques…
Merci à tous ceux et celles qui m’ont remis leurs écrits ! Ce fut très difficile de choisir, j’ai souffert de devoir désigner deux gagnants, alors que tous les textes m’ont plu. J’ai même eu des dessins, plein d’humour. Et un très beau dessin remis trop tard, celui de Karina ci-dessus.
– Le texte de Christophe m’a troublée :
Il semble décidé et pourtant, il hésite et s’arrête soudainement. Océane, si gênée, si timide pourtant, se surprend à s’approcher de la lectrice elle aussi. L’homme reste en retrait et observe la scène. Océane devient de plus en plus entreprenante, sans le quitter des yeux. Elle remplace les mains de la lectrice par les siennes, et entreprend de la caresser, fixant toujours l’inconnu. Le souffle de la lectrice s’accélère et s’érotise sous les explorations d’Océane.
Océane finit par se retirer doucement, et laisse la lectrice à ses sensations. Elle se tourne vers l’homme, le prend par la main, et l’entraîne dans les méandres du château. Seuls les murs sauront ce qui s’est passé.
Bon, pas seulement en réalité, mais je ne veux pas spoiler ^^
– Le texte de Jeff m’a fait sourire, avec son avalanche de métaphores, jeux de mots, etc. (il a peut-être bénéficié d’un avantage par rapport aux autres. Je n’arrivais pas à lire son écriture, il a dû me susurrer son texte à l’oreille)
Soudain, un auditeur se lève,
Rouge, tendu son vit en forme d’éperon d’abordage, transpirant, pris d’une crise de priapisme qui l’empêche de rester assis dans son fauteuil Louis XV. Il demande de l’aide, il défaille…
Le pompier de service intervient, ouvre son pantalon
Le souffreteux Pan avait monté une tente énorme. Laissant dévoiler un mât de misaine qui pour la lectrice semble être un mât de cocagne.
Il lui fait venir l’eau à la bouche.
Le sapeur se tourne alors vers l’assistance :
» Il faut un pompier mais d’un autre genre »…
Océane et la femme qui lisait se sacrifient
Une plume pour soulager ce malade d’imaginaire
Et ses femmes, savantes sur le sujet, partagent la tâche pour sauver le congestionné.
Une plume & des langues sans masque.
Enfin, tel un jet d’écrivain prolifique, elles libèrent la pression de la page blanche.
La soirée se termine sous les mains du Marquis, co-organisateur de la soirée. Il pose un casque sur mes oreilles, un bandeau sur mes yeux. J’écoute une délicieuse histoire érotique (du point de vue de la voiture dans laquelle se déroule la scène ! ) tandis qu’il me masse les épaules et le cou. Divin ! (Dès que l’on est privés de la vue, tous les sens s’éveillent et se déploient : l’ouïe, le toucher…)
Je décline à regret la proposition de rester dîner, et repars comme une star, avec un bouquet de fleurs dans les bras ^^
Merci à toute l’équipe ARTQ pour cette soirée !
Pour participer la prochaine fois, la page FB des polissons
Photos : Le Marquis