Ils ont en commun leur amour des femmes et l’envie de se consacrer à leur bien-être, à leur plaisir. Ils existent depuis toujours, empruntant des formes différentes selon l’époque et les codes en vigueur :
* On ne présente plus le chevalier servant issu de la littérature courtoise du moyen-âge.
Epris passionnément de la dame du Seigneur, il la courtise, accomplit mille prouesses, se surpasse pour ses beaux yeux.
Un extrait savoureux de l’article Wikipedia sur le sujet :
L’ultime épreuve étant « l’assag », épreuve au cours de laquelle l’amant devait montrer qu’il était capable d’aimer purement, que l’amour existait en lui, il pouvait contempler sa dame nue et il pouvait faire avec elle tout ce que la passion requiert : la tener (l’étreindre), la baiser (l’embrasser), la manejar (la caresser) ; tout sauf « le fait » (lo fag). La femme, dans l’assag, prenait sa revanche sur le mari impérieux et tyrannique, sur le désir brutal et trop rapide : l’homme « qu’elle couchait auprès d’elle » devait obéir à tous ses caprices et ne succomber à la tentation que pour autant qu’elle désirait y succomber elle-même. Car plus l’épreuve était méritoire pour l’amant, plus elle le devenait pour elle, et périlleuse pour son honneur. » (René Nelli, « Sur l’amour provençal », Les Cahiers du Sud n° 372, cité par Jean Markale, L’amour courtois ou le couple infernal, Imago/Payot, p. 225).
Sympa non ?
Tableau : Lancelot du Lac
* Le Sigisbée, quant à lui, est tombé dans l’oubli.
Présent surtout en Italie au 18e, début 19e siècle, le sigisbée est un jeune homme qui se met au service d’une femme mariée, sous l’œil bienveillant du mari. Soupirant, cavalier de soirée, compagnon de voyage… le sigisbée remplissait maintes missions auprès de ces dames, déchargeant les maris trop occupés. Ils pouvaient même habiter sous le même toit.
Pour en savoir plus, voir l’article Wikipedia, dont j’ai tiré ce petit extrait :
Isabelle Henry, dans son Dumouriez, général de la Révolution (1739-1823) remarque : « Toutes les journées se passent à accompagner la belle sans la quitter : à la messe, puisqu’il faut se montrer galant même dans cet endroit de prière, lui soutenir le bras dans les rues, l’accompagner dans les salons, lui faire bonne conversation. Si par mégarde un mari découvre que le chevalier servant de sa femme se laisse aller à un peu de dévergondage, il ne s’en offusque pas, trop heureux qu’un autre entoure sa femme, et lui procure des attentions légères que lui-même prodigue à d’autres. ».
Tableau 18e : La dama e il cicisbeo, de Piero Nanin
Et si l’on en croit Robert Merle, cette coutume existait aussi au 16e siècle en France, toujours en avance en matière de galanteries…
On vient de me retrouver le passage ci-joint, et je ne peux résister au plaisir de vous le montrer.
Extrait de « Fortune de France », Robert Merle
* Aujourd’hui, on trouve des soumis, toutes sortes de soumis et pour tous les goûts !
Je dirais même qu’ils sont parfois trop « spécialisés » : l’un propose de faire le ménage ou la cuisine, un autre masse les pieds, celui-là fait le chauffeur, un autre veut être malmené, animalisé, infantilisé, travesti… Ils peuvent être romantiques, turbulents, masochistes… Ils partagent tous la même envie de servir une femme, de se mettre à ses pieds, de la vénérer, de l’adorer, pour sa plus grande joie ! Et les jeux se sont considérablement corsés par rapport à leurs illustres prédécesseurs… Il y a moins de vêtements aussi 😉
Je prépare une série de billets sur les différents types de soumis… mais je voudrais aussi terminer mes romances estivales, des retours de lectures, et des tas d’autres choses !
Photo et mise en scène : Alain Massa
2 commentaires
Ce serait un ouvrage monumental ! et qui me passionnerait… J’ai un ami travaille sur les rites et coutumes des sociétés primitives, impressionnant !
Très intéressant…dans le « tas de choses » à écrire, je verrais bien une encyclopédie complète des pratiques les plus torrides ou étranges à travers les temps, mais rien d’intellectuel ou de cérébral, uniquement du vécu!