J’ai failli renoncer à raconter la soirée, tant elle fut mouvementée, avec son lot de mauvaises surprises et de déconvenues, mais je ne peux pas m’empêcher d’écrire, malgré tout ! (l’écriture est une addiction comme les autres…)
Avant tout, je voudrais apporter tout mon soutien au collectif La Monarch que j’apprécie tant, qui nous organise toujours des soirées délirantes, mêlant les plaisirs de la techno, du bdsm, et des back rooms… Des soirées inclusives, tolérantes, transgressives, où le maître mot est la fête !
Premier coup dur pour La Monarch deux jours avant la soirée : la préfecture de police du 92 l’interdit. L’équipe réussit l’exploit de trouver un nouveau lieu pour accueillir tous les fêtards qui viendront directement de la Pride, 2400 personnes environ !
J’arrive très tôt (ticket numéro 2 ^^), en compagnie d’un ami soumis, et nous découvrons époustouflés un lieu digne de Berlin : un grand entrepôt de béton brut, tagué et décoré jusque dans les moindre détails : rideau avec des guirlandes de pénis en métal, ballons au-dessus de nos tête en formes de sexes… le ton est donné, nous sommes tout de suite dans l’ambiance !
Au rez-de chaussée, la scène house et pop attire les amateurs de tubes et de rythmes plus lents. A côté, Charon de la Forge a installé le donjon et disposé tous ses équipements : cages, croix de St André… Le confessionnal trône au fond de la pièce, et d’agréables souvenirs me reviennent ! Non loin, Apoutine Latex propose sur son stand des accessoires bdsm, des sextoys, des bijoux, des tenues… tout est tentant, je me promets de revenir.
Un escalier mène à la dark room, déjà très lancée, et chaude dans tous les sens du terme ! Il y fait sombre comme on aime, je devine des silhouettes s’étreignant.
Pour l’instant, je préfère danser sur le dance-floor techno, en bas, toute à la joie des retrouvailles entre amis !
L’ambiance se tend soudain, des policiers arpentent la salle. Je remonte vers l’accueil me renseigner ; tout le monde retient son souffle, on ne sait pas ce qu’ils vont décider. Les policiers explorent même la dark room. Et parce qu’il y a toujours un petit côté comique dans les pires drames, un participant les accoste et les taquine :
— Vous êtes drôlement mignons avec vos uniformes !
Les policiers ne répondent pas, mais sourient, indulgents. Je me dis que tout va bien se passer, ils ne vont quand même pas gâcher la fête, le jour de la Pride, cette soirée tant attendue depuis des semaines, avec des préparatifs d’enfer depuis des mois…
Mais ils n’hésitent pas : la préfecture du 94 demande à ce que les entrées soient bloquées. De nombreuses personnes patientent dehors, incertains. Nous, dans la soirée, nous posons des questions aussi… On court aux infos à droite et à gauche : la soirée va-t-elle devoir s’arrêter ? Apoutine Latex range déjà son stand, des membres du staff nous disent que la soirée est sur le point de se terminer.
Au milieu de ces incertitudes, une amie nous propose d’aller à une soirée techno non loin, à une vingtaine de minutes en voiture. La balance semble pencher pour une fermeture de la soirée, mais j’hésite : et si la soirée n’était pas interdite finalement, et se poursuivait envers et contre tout, même en petit comité ? Mais je suis une personne influençable, et je ne résiste pas à certaines amies ! Nous nous entassons dans une grande voiture, je me retrouve sur les genoux d’un ami, collée contre une amie que je dois écraser un peu – ça me rappelle certaines virées de ma vie d’étudiante, dans la voiture du seul d’entre nous qui avait son permis de conduire…
Nous débouchons dans un immense hangar où l’on pourrait construire des navettes spatiales ! Je n’ai jamais vu de warehouse aussi gigantesque de ma vie. Tout est démesuré, les lieux peuvent accueillir jusqu’à 6000 personnes. Je suis impressionnée, mais une amie me souffle qu’en Belgique, les soirées pour 25 000 personnes ne sont pas rares. On nous regarde avec curiosité, nos tenues fetish détonnent un peu, et nous ne parvenons pas vraiment à entrer dans l’ambiance, affectés par ce qui vient de se passer, inquiets pour La Monarch. Une amie garde un œil sur son téléphone, pour regarder leur storys et suivre l’évolution de la situation. Elle s’exclame soudain.
— Ils ont rouvert la soirée ! On y retourne ?
C’est un peu incohérent toutes ces allées et venues, mais c’est irrésistible, on n’hésite pas une seconde, let’s go !
On est ravis de retrouver l’ambiance de La Monarch qu’on aime tant, à la fois fetish, bdsm, sexuelle, elle nous manquait. Cette atmosphère familière, aimée, entre fêtards qui partageons les mêmes goûts, les mêmes valeurs, les mêmes envies de jouer ; « la maison » en somme ! Finalement, la Techno seule ne suffit pas à nous combler ! Et puis on espère aussi retrouver des amis qui auront réussi à entrer peut-être.
Nous entrons discrètement. La police poursuit ses rondes, explique le vigile, mais tolère la soirée avec une jauge réduite.
La confiance revient, on se coule dans l’ambiance, on s’immerge dans la soirée qui reprend sur les chapeaux de roue ; il est déjà tard, c’est maintenant ou jamais !
Dans le donjon, j’aperçois un homme flagellé, un autre fessé, deux dominatrices posent des aiguilles sur l’épaule d’un troisième garçon. J’aime leur concentration, et leur attention, la délicatesse de leurs gestes pour composer cette broderie !
Dans le dance-floor du bas, en marge des danseurs, un homme entre toute sa main dans le fondement d’un autre. Le long des murs, des ébats se succèdent, tandis que nous dansons comme des fous. La pride est fêtée comme il se doit, malgré les embûches !
Je me résous à partir vers 6h, rompue de fatigue, enviant ceux et celles qui profiteront de l’after prévu.
Tout mon soutien à la Monarch qui s’est dépensée sans compter pour sauver la soirée coute que coute, malgré les difficultés qui se sont accumulées.
Bien sûr, toutes les personnes n’ayant pu entrer ou ayant renoncé à attendre seront remboursées ou auront un avoir… Des informations sur les modalités pratiques seront publiées sur les réseaux, mais pour l’instant, l’after bat son plein au Who !
Quelques photos prises en tout début de soirée, quand il n’y avait que nous ou presque :
(photos supprimées sur simple demande ! Je me suis permis de les poster les ayant vu passer sur les réseaux ^^)
Pour plus d’informations
La Monarch sur Facebook et sur Instagram
[EDIT] communiqué de La Monarch :