Un petit billet pour évoquer le plaisir de switcher, écrit au féminin, mais j’imagine que les garçons peuvent tout à fait ressentir les mêmes choses…
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La domination ou la soumission ? Quand on fait ses premiers pas dans l’univers BDSM, en participant à des soirées par exemple, on réalise qu’il faut rapidement choisir son camp.
C’est ce qui nous définit, notre « étiquette » pour évoluer dans ce milieu. Car si on ne s’affiche pas clairement dominante (avec un fouet ou une cravache à la main par exemple, ou une certaine allure), ou clairement soumise (avec un collier de cuir, ou une certaine attitude), la question vient vite : tu es plutôt domina ou soumise ? Ce n’est pas forcément gênant, surtout au début, quand on « découvre », c’est une question qui offre même une entrée en matière et permet de faire des rencontres… mais au bout de plusieurs années dans le milieu, on est quand même censées avoir gagné en expérience et avoir les idées arrrêtées sur le sujet 😉
Pour beaucoup, c’est une évidence : elles se sentent maîtresses d’emblée, c’est venu naturellement, depuis toujours ; elles ne se posent pas de questions. Ou au contraire, elles sont soumises, l’ont toujours été. Pour d’autres, comme moi au départ, ce n’est pas si clair. J’étais attirée par l’esthétisme, la beauté des tenues, des séances, et la musique des soirées fetish-BDSM… mais je ne choisissais pas mon « camp » : je ne me sentais pas assez expérimentée, je manquais de confiance pour « dominer », mais ressentir de la douleur ne m’attirait pas du tout, douillette comme je suis, et je n’avais aucun goût pour le sacrifice ou l’humiliation.
J’ai commencé par regarder, bavarder avec des amis, profiter des soirées de façon « festive », avant que les choses ne se précisent peu à peu : je préfère la domination ! Une douce domination, certes, mais une domination quand même ! Et cette prise de conscience, cette « révélation » 😉, c’était comme s’envoler et décoller à la vitesse de la lumière vers les étoiles ! Je vole toujours d’ailleurs 😉
Les nombreux soumis qui se sont précipités à mes pieds m’ont bien aidée d’ailleurs à me positionner : eux me voyaient comme dominatrice, ils n’avaient aucun doute sur le sujet ; ils courbaient l’échine, s’agenouillaient, se proposaient pour faire ci ou ça, surtout des massages de pieds ;-)… Ils m’ont mise en confiance, je me suis amusée avec eux, sur eux, et j’ai aimé les voir ramper et s’offrir, beaucoup aimé. Sentiment de jubilation, d’exaltation… j’exultais, heureuse dans ces fêtes où l’on pouvait abuser, réclamer, se défouler, jouer, en dehors des conventions du monde « normal », avec des partenaires de jeux consentants. J’ai creusé la question avec enthousiasme, jouant avec mes nouveaux pouvoirs, leurs limites, n’écoutant que ma curiosité pour ce nouveau monde dont je venais de franchir le seuil.
Ce qui m’intéresse dans « tout ça », et ce qui intéresse tout le monde je pense, c’est le plaisir ! Le plaisir que l’on retire de ces pratiques, un plaisir hors normes, inégalé, incomparable, unique en son genre. Les plaisirs devrais-je dire :
– Quand on domine, on se repaît du pouvoir que l’on a sur l’autre. On s’amuse avec un soumis, comme un chat avec une souris, on le maltraite, on le malmène avec une pointe de sadisme qui nous électrise (bien sûr, le soumis est plus que consentant, cela va sans dire, on a vérifié ce point avant).
On a du plaisir à lui faire plaisir aussi, avec certaines pratiques qui lui font beaucoup d’effet, car on s’amuse et on se réjouit de ses réactions. C’est avant tout un plaisir cérébral, qui peut s’incarner dans notre corps (frissons, cœur qui bat plus vite, excitation…) mais cérébral quand même avant tout. Le plaisir de faire plaisir en faisant mal. (je ne sais pas si je suis claire 😉 )
– Le plaisir des soumis peut lui aussi être cérébral, en particulier pour les soumis romantiques, adeptes des relations D/s : plaisir de se donner, de se livrer, de faire plaisir à sa maîtresse.
Mais le plaisir des soumis est le plus souvent sensuel, un plaisir ressenti directement dans leur corps, dans leur chair. Ils sont souvent masochistes à des degrés divers. Ils savent transcender la douleur, et y trouver une forme de jouissance, parfois jusqu’à un état de transe nommé le subspace. La morsure du fouet, la pluie de cuir des martinets, la minuscule brûlure des bougies… autant de sensations et de sources de plaisir, souvent intenses quand la dominatrice et le soumis sont bien connectés, et la domina peut emmener son soumis très loin.
Certains préfèrent ne pas choisir entre ces deux « rôles » : les « switchs ». Ils sont parfois incompris, ou mal vus ; c’est un peu « déplaisant», j’imagine, de ne pas réussir à situer clairement une personne – on aime bien les étiquettes, même si on les déteste aussi 😉
Les switchs ne s’enferment pas dans un rôle, ils alternent au gré de leurs envies, et le plus souvent selon les partenaires de jeux (mais pas toujours, certains couples BDSM switchent). Les switchs ont envie de goûter à tout, de tout essayer… Telle personne leur donnera envie de se soumettre, une autre réveillera plutôt leurs appétits de domination.
De mon côté, je suis curieuse des sensations offertes par le fouet, les martinets, les cordes, et je m’y risque à l’occasion… Pourquoi se priver de telles sources de « plaisirs », de ces ressentis inédits, alors tant pis si mon « image » de domina en prend un coup 😉 et pour les taquineries de certains sur les réseaux sociaux !
L’essentiel, c’est de suivre ses envies ! Je reste domina malgré tout, car je parle de mes envies précisemment, de mes limites (nombreuses !), je choisis les personnes avec qui j’ai envie de réaliser ces séances, car je les sens attentionnées, quelque chose en elles me donne envie de me retrouver entre leurs mains. Elles dégagent un je ne sais quoi qui parle à ma facette soumise, et je bascule… J’ai pu ainsi tester les cordes, l’enfermement, les martinets et le fouet, maniés avec une grande douceur par des dominas ou des dominants indulgents et voulant me faire connaître ces sensations… J’en profite pour les remercier, ils ont souvent fait des efforts pour moi, en se forçant à retenir leurs gestes, m’offrant des caresses du bout de leur fouet ou m’effleurant à peine de leurs lanières de martinet !
– Dans mon cas, cela reste des pratiques et des jeux ponctuels, je ne pense pas avoir jamais l’occasion de vivre une « vraie » relation D/s en tant que soumise (et puis j’en vis déjà une en tant que domina, on ne peut pas tout avoir 😉 ), même si j’ai déjà croisé en soirées des maîtres redoutables, dégageant une aura à laquelle on ne peut rester insensible, capable de subjuguer d’un seul regard. (Ne pas les regarder surtout, au risque de prendre perpet’).
Photos : Patrick Lesage (2021), Alain Massa (2018)
10 commentaires
Super article ! J’ai moi aussi un peu hésité à mes débuts.. Choisir c’est renoncer ! Et ce que je privilégie avant tout, ce sont les belles matières, les odeurs, les sons… Finalement, après quelques mois de découverte, je me suis aussi dirigé vers une douce domination ! Mais je ne dis pas non à l’idée de switcher de temps en temps pour avoir d’autres sensations de temps en temps !
Merci pour ce retour et vos compliments ! Nous sommes proches Je penche moi aussi vers la domination en douceur, à ma façon… sans me priver de tester de nouvelles sensations, quitte à paraître un peu « versatile » !
Une liste de courses, quelle horreur!!! Ca casse complètement le charme!!! Je vois la relation D/s avant tout comme un échange, en acceptant le fait que je ne convienne pas à toutes les dominas, et inversement.
C’est d’ailleurs pour cette raison que j’hésite souvent à aller vers une domina en soirée, par peur de m’imposer à ses pieds alors qu’elle ne le souhaite peut-être pas plus que cela (et il n’y a rien de pire qu’un échange sans plaisir) Du coup, j’ai préparé une pancarte avec mon pseudo pour le prochain goûter ou la prochaine soirée. Ainsi, si une domina vient me voir pour me mettre à ses pieds, ça lève déjà une sacrée barrière.
J’ai bien noté que vous appréciez les prises d’initiatives, je saurai m’en souvenir lors de notre prochaine rencontre (si vous souhaitez m’avoir à vos pieds, bien entendu) En réalité, je n’avais nulle intention de jouer les légumes. Je dirais simplement qu’il peut être profitable pour vous de me guider de temps à autre, dans le but de trouver les gestes qui augmenteront votre plaisir. Ou à l’inverse, de me recadrer si mon initiative s’avérait malheureuse. Un échange, en quelque sorte…
On est d’accord ! Je pense qu’il ne faut jamais hésiter à se présenter aux dominas présentes en soirées : elles sont là pour s’amuser avec des soumis ! Peut-être que ce ne sera pas le bon moment, etc… mais elles seront toujours contentes d’être sollicitées avec gentillesse, respect, et sans liste de course
Je ne me m’imagine pas une seule seconde en père fouettard (ceci dit, je ne suis pas non plus maso, étant surtout dans un rapport de domination cérébrale)
Avec y avoir (trop) longuement réfléchi, j’ai l’intention à l’avenir de proposer deux approches différentes aux dames qui souhaitent m’avoir à leurs pieds.
En tant que valet de pieds, j’aime tout particulièrement écouter les ordres de Madame, puis les exécuter. De cette façon, je sais ce que je dois faire pour la combler, et je me plie en quatre pour répondre à ses attentes et lui procurer un maximum de plaisir.
Néanmoins, certaines dames, tout en appréciant la présence d’un homme à leurs pieds, ne donnent pas d’ordres, soit par inexpérience ou parce qu’elles veulent tout simplement se détendre. Dans ce cas de figure, je prends l’initiative, dans un sens c’est moi qui mène l’échange…
Pour autant, peut-on vraiment parler d’un rôle de dominant? Car si l’échange est différent, on retrouve les mêmes ingrédients : dévotion, prosternation, appliqué à embrasser, masser et lécher les pieds, le plaisir de se retrouver à quatres pattes, éventuellement nu…
L’un comme l’autre, mon plaisir est d’en donner à Madame, afin qu’elle se sente comblée, épanouie, aux anges. Et afin qu’elle prenne un malin plaisir, au point d’en redemander et de me réclamer à ses pieds…
C’est bien de réfléchir… et ensuite de suivre ses instincts, ses envies, ses intuitions ! J’aime beaucoup tes deux approches… cela te demande pas mal d’empathie, d’attention, d’écoute, pour comprendre à qui tu as affaire et t’adapter de ton mieux… Toutes les dominas apprécieront ! Trop souvent, les soumis viennent vers nous avec « une liste de courses », réclamant ci ou ça, s’exprimant sur leurs préférences alors qu’on ne leur demandait rien, insistant parfois… Une prise d’initiative de ta part sera sûrement bien accueillie, puisque sa finalité est de faire plaisir ! On n’a pas forcément envie d’avoir un « soumis-légume » attendant tout de nous
Merci beaucoup pour ce retour ! Oui nous sommes proches, curieux et joueurs, au delà de notre goût pour la domination Je pense que c’était difficile pour les switchs de s’assumer, mais leur parole se libère…
Merci Albin ! Qui sait ce que nous réservera l’avenir
Comme tu le dis, je me precipiterai bien à tes pieds come soumis pour partager le plaisir des liens indissociables du soumis et de sa maîtresse. Au plaisir
Bel article, je me retrouve beaucoup dans vos ecris. Je suis dominant mais aime vivre aussi le jeux avec les bonnes personnes, vivre et découvrir les sensations que je procure à d’autres lors de mes jeux.
J’aime à me croire switch mais pas tellement car je ne peux pas me laisser aller avec n’importe qui ni n’importe quand ce qui complique pas mal mes jeux avec ma partenaire actuelle.
Au plaisir de vous lire encore.