Je pense beaucoup aux plaisirs de la vie ces temps-ci, et je trouve que les plaisirs les plus vifs, les plus intenses, les plus doux, nous les éprouvons grâce à notre corps, c’est lui qui nous les procure (OK, avec quelques stimuli !). Bien sûr, il y a d’autres sources de plaisir : lire un chef d’oeuvre, décrocher un job ou une promotion, piquer un fou rire, réussir un deal, l’amour réciproque, trouver la robe de ses rêves, être publié… mais les plaisirs sensuels se situent quand même bien au-delà… non ?
J’ai envie de démarrer une série de billets sur les cinq sens 😊
Je vais commencer par l’odorat, souvent négligé par rapport aux autres sens, perçu comme secondaire. On y pense seulement en cas de mauvaises odeurs, pour s’en plaindre. Un sens tellement important pourtant, qui correspond à notre part d’animalité ; il crée l’appétit, le désir, l’attirance, la gourmandise… le plaisir de manger disparaît sans lui paraît-il, le plaisir d’aimer aussi peut-être.
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J’ai découvert une parfumerie sous les arcades des jardins du Palais Royal, et je suis tombée sous le charme de cette boutique à l’ancienne, avec son escalier en colimaçon, son papier peint désuet, et ses jolis parfums alignés dans les vitrines, éclairés comme des bijoux.
J’entrais par curiosité, j’ai tout de suite prévenu la vendeuse : je ne suis fidèle qu’à un seul parfum, depuis toujours, même s’il se retrouve entouré de flacons inconnus et délaissés dans ma salle de bain.
La vendeuse ne se vexe pas, elle s’intéresse au contraire :
— Lequel ?
— Jardins de Bagatelle !
Elle sourit et me propose quelques testeurs parfumés triés sur le volet parmi la vingtaine alignés sur le présentoir.
Je les respire, sceptique, intriguée aussi, et aussitôt, une explosion de parfums de fleurs réjouit mes narines. Ils sentent tous délicieusement bons ! Je les voudrais tous ! Ce n’est pas mon Jardins de Bagatelle, mais on reste dans les mêmes tonalités florales, et tous ces parfums me plaisent, semblent faits pour moi…
Ma curiosité est excitée pour de bon, j’hume toutes les autres bandelettes de papier : encens, épices, cuir, bois, miel, senteurs orientales, parfums capiteux, lourds, parfums pour garçonnes, pour jeunes filles romantiques… les parfumeurs sont des magiciens ! Je respire une bandelette et je devine à qui il est destiné. Des histoires me viennent, s’évanouissent en fumée, je pourrais rester des heures à flairer toute la boutique…
Evidemment, je repars avec un joli flacon ambré aux senteurs printanières légèrement exotiques, le cœur battant à l’idée de commettre ma première infidélité parfumée.
Il n’y a pas que les parfums « officiels » qui me plaisent, il y a aussi de nombreuses odeurs, au-delà des fleurs (jasmin, chèvrefeuille, roses…) :
Liste non exhaustive, à chacun de composer la sienne ! Par exemple, j’ai interrogé l’homme qui m’a confié ses odeurs préférées :
A bientôt pour la vue et le toucher, ce dernier à lui seul mériterait une dizaine de billets !
L’ouïe, je l’ai abordée, ici et là, mais je pourrais y revenir…
Le goût a été effleuré là.
Photo : parfumerie Serge Lutens