Sur Twitter, quelqu’un que j’aime bien suivre a partagé un message en Morse, et un souvenir de collège m’est revenu en mémoire. D’un seul coup j’avais tout : le son, l’image, l’ambiance, les émotions… je me suis retrouvée dans mon souvenir !
Au collège, je faisais du scoutisme, et j’adorais ça, moi la fille unique qui enfin vivait en groupe, avec les feux de camp, les chants, les disputes, les rires, les jeux de piste, etc.
En classe, j’étais assise à côté d’une amie guide elle aussi, on maîtrisait le morse toutes les deux, et pendant les cours, on se pianotait des messages sur nos cuisses discrètement. On piquait des fous-rires, parce qu’on se chatouillait l’une l’autre, et on perdait le fil de la traduction, il fallait tout recommencer depuis le début (surtout quand c’était mon tour de recevoir un message, j’étais moins fluent que mon amie en morse, et j’avais besoin de noter les lettres identifiées au fur et à mesure). Il y avait aussi la peur de se faire surprendre par le prof, ce qui nous faisait rire nerveusement – qu’est-ce qu’on fricotait sous les tables ? Et qu’est-ce que je retranscrivais lettre par lettre sur ce papier caché sous mon manuel de cours ? « Montrez-moi cette feuille mademoiselle ! » (ce n’est jamais arrivé, mais je le redoutais et fantasmais) Le contenu des messages achevait de nous donner le fou rire, car il était question des garçons, évidemment.
Aujourd’hui, je relis cet épisode avec mon regard d’adulte versée dans l’érotisme. Il s’agissait d’une amie que j’aimais énormément, presque trop, et chacune des lettres qu’elle traçait sur ma cuisse me propulsait au 7e ciel ! Sur le moment, je n’y ai vu que de l’amitié, envers et contre tout, mais il me semble que si je riais autant, c’était aussi pour lutter contre mes sentiments et dissiper tout éventuel malaise entre nous…
La 4e ! La pire des classes selon les professeurs je crois, mais là où tout commence pour les élèves. Cette année-là ne fut qu’un long fou rire, ponctuée aussi de moments gênants, de honte à jamais, de complexes atroces, d’épisodes piteux etc…
Mais je me souviens surtout des crises de rires entre amies, et c’était bon et terrible à la fois… des fous rires longs, silencieux s’il nous fallait rester discrètes, à s’en faire mal au ventre, avec les larmes qui roulaient sur nos joues cramoisies, le nez qui coulait, et mon amie qui me disait qu’elle n’allait plus pouvoir se retenir et filait d’urgence aux toilettes, ce qui remettait de l’huile sur le feu de mon fou rire. Plus ils étaient « interdits » (en classe, à la messe, la nuit sous la tente, au théâtre, etc… plus ils s’éternisaient et nous torturaient sans fin)
J’ai longtemps connu ces fous rires d’anthologie, légendaires, au lycée, puis à la fac… ensuite, les orgasmes les ont peu à peu remplacés. Les fous rires adolescentes sont des proto-orgasmes je pense – mais ce n’est que mon avis !