Flore Cherry, journaliste et organisatrice d’événements autour de la littérature érotique, vient de publier son premier roman Matriarchie : un roman érotique et politique qui se déroule dans un futur proche, en 2100 :
Le parti politique Matriarchie est au pouvoir en France, il a réussi à mettre en place un projet révolutionnaire : priver les hommes de leurs droits civiques et les écarter de la société au profit des femmes. En échange, l’état leur offre ce qu’ils aiment le plus au monde : du sexe dans des maisons dédiées !
C’est le grand retour des maisons closes, à la demande des femmes, qui peuvent enfin régner sans partage et conduire les affaires à leur manière. Les hommes y trouvent leur compte, ils sont nombreux à signer pour devenir des matriors. Ils sont pris en charge, logés, et travaillent auprès des femmes qui les recrutent en tant qu’homme de ménage, chauffeur, garde d’enfant… Ils sont complétement déchargés du poids des responsabilités, et échange, ils s’adonnent à leurs plaisirs sexuels préférés dans des maisons du plaisir, avec des courtisanes formées spécialement. Bien sur, rien n’est obligé, ils sont consentants, même s’il existe encore des « hommes libres » qui résistent.
Nous suivons le parcours de Marcel, matrior affecté auprès de Diane, qui travaille pour Matriarchie. Ils prennent tour à tour la parole au fil des chapitres, ainsi qu’Athéna, responsable d’une maison des plaisirs, et Fernand, militant pour un parti concurrent, le parti familial, qui prône au contraire les valeurs de la famille.
J’ai beaucoup aimé ce procédé : l’alternance des personnages à chaque chapitre, des personnages aux caractères bien marqués, animés d’opinions contraires. On se retrouve dans la peau de chacun d’eux, on connaît ses ressentis, ses émotions, ses convictions, sa stratégie, ses pensées secrètes, ses doutes… Et c’est un régal à chaque page ! J’ai aimé suivre leur parcours, leurs rencontres.
La campagne électorale pour les présidentielles bat son plein, Matriarchie et le parti familial débattent, et puis l’impensable survient, le désir plus fort que tout, au-delà du combat politique.
Le modèle politique de Matriarchie qui donne le pouvoir aux femmes semble séduisant au départ, et même crédible ! Je me suis surprise à penser : mmm, quelle bonne idée ! Le projet fonctionne et prouve son efficacité : diminution de la violence, de la délinquance — même si l’on peut s’étonner que tant d’hommes renoncent si facilement à leurs prérogatives 😉. (Je me suis posé la question d’ailleurs : jusqu’où les hommes sont-ils prêts à aller pour profiter d’étreintes sexuelles, sans engagement, et gratuitement ! Seraient-ils vraiment prêts à renoncer à leurs droits civiques ?)
Mais des fissures se révèlent. Ainsi, il semblerait que Matriarchie n’ait pas vraiment anticipé les émotions et les sentiments des matriors, ni ceux des courtisanes des maisons des plaisirs, a fortiori d’une responsable !
Un roman plein de suspense et addictif ; je ne pouvais pas le lâcher, je voulais absolument savoir la suite ! L’histoire est prenante, et elle est pimentée de nombreuses scènes érotiques très variées, sensuelles ou intenses, BDSM, troublantes, parfois grinçantes et surprenantes… J’ai particulièrement goûté celles se déroulant dans la maison des plaisirs. J’ai beaucoup aimé les « orgies » aussi, ces fêtes dantesques où les femmes de Matriarchie sont reines, où elles peuvent relâcher la pression.
J’ai été très surprise par la tournure des événements, je ne m’y attendais pas du tout ! Je ne dirai rien pour ne pas déflorer le sujet (si Flore me pardonne mon jeu de mots foireux 😉)
C’est aussi un livre qui nous fait réfléchir, au delà du plaisir de la lecture. Il reprend des thématiques d’aujourd’hui, sur le patriarcat, la place des femmes, le féminisme et ses excès, les questions liées à la famille… en les projetant dans l’avenir : le patriarcat est enfin vaincu, il a même laissé la place au matriarcat ; le modèle familial a volé en éclats, on n’a plus besoin des hommes, ils sont devenus soumis, au service des femmes, et sont récompensés par du sexe gratuit. Les femmes, elles, profitent de sextoys révolutionnaires !
Mais l’amour et le désir trouvent toujours un chemin et viennent perturber la mécanique huilée du modèle proné par matriarchie.
En cette période de campagne électorale, c’est le roman parfait pour dédramatiser, rêver, fantasmer, et sourire !
J’espère qu’il y aura une suite…
Merci beaucoup Flore Cherry et La Musardine pour l’envoi de ce livre ! J’ai été gâtée en plus, avec un parfum, un joli bandeau rouge satiné pour les yeux, et un mini sextoy doré qu’on peut emmener partout avec soi – l’accessoire indispensable des femmes matriarches !
La présentation de l’éditeur
2 100 après J.-C. Excédée par la politique poussiéreuse et lasse de subir au quotidien violences et pressions masculines, la France, dans un souhait de renouveau, a placé Matriarchie au pouvoir. Ce parti féministe a offert aux hommes de renoncer à leurs droits civiques pour se mettre au service de l’État, en contrepartie d’un accès contrôlé aux » maisons des plaisirs « . Le tableau semble idyllique…
Mais les présidentielles qui approchent à grands pas font rôder une atmosphère très tendue dans la société. Les vieilles valeurs remontent à la surface, les médias s’arrachent les scoops et le Parti familial, principal adversaire de Matriarchie, fourbit ses armes. Dans ce monde froid de lutte pour le pouvoir, Fernand Fuego et Diane Maurepas, à la tête des deux partis opposés, préféreront se déclarer leur flamme plutôt que la guerre, et débattre de leurs idées sur l’amour, la parentalité, les failles possibles de Matriarchie, au risque de trahir les leurs.
Et comment mieux pimenter les débats qu’en les ayant dans la fougue de deux corps qui s’attirent ? Car si Matriarchie pensait contrôler le sexe dans ses programmes, il en est tout autrement dans la vie…
Pour vous procurer le livre
Le site de La Musardine ou la boutique située au 122 rue du chemin vert, 75011
Paris
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