Libération

Petite histoire inspirée par une affiche du Mouvement de libération nationale vue au Mémorial de Caen :

Le soldat venait de débarquer avec son unité sous un déluge de feu, choqué, sonné par le vacarme, les cris et les larmes. Il se battit courageusement avec ses camarades, repoussant l’assaillant et libérant ce premier village du joug de l’ennemi.
Le calme revenu, les GI’s pavoisèrent dans les rues, accueillis en libérateurs avec des vivats et des embrassades ! Lui préféra rester à l’écart de toute cette liesse, il furetait dans les maisons, cherchant à rassurer des habitants toujours terrés.
Il découvrit au fond d’une cave une prisonnière enchaînée, pâle et faible, emmitouflée dans un drap. Il s’empressa de la délivrer et lui offrit du chocolat. La jeune femme reprenait déjà des couleurs, elle se libéra elle-même des dernières chaînes qui la retenaient et se précipita dehors. Elle s’étira, heureuse, offrant son visage au soleil qui perçait enfin la couche de nuages, éloignant les orages. Il la contemplait, bouche bée, elle était bien plus grande qu’il l’imaginait, et bien plus belle aussi ! Elle irradiait littéralement de bonheur, lumineuse et merveilleuse…

Le vent de la liberté soufflait fort, le drap qui l’enveloppait s’échappa un instant, claqua dans le vent. Un drapeau français ! Le drapeau l’entoura à nouveau, lui colla à la peau, créant une robe de fête et exhibant fièrement ses couleurs.
Elle se tourna vers lui.
– Marianne, enchantée ! Merci d’être venus !
Elle caressa sa joue d’une main fraîche et le serra contre son sein, éternellement reconnaissante.
Galvanisé, le soldat lui fit un salut militaire et s’inclina.
– Madame, nous ne faisons que notre devoir.

Le feu aux joues, il rejoignit sa troupe au galop, et répandit la nouvelle. L’esprit de la France venait d’être libéré, il s’épanouissait et déployait ses ailes, prêt à reprendre son destin en main. « Elle » plutôt… une femme, et la plus belle qui soit ! Il préféra ne pas entrer dans les détails, on l’aurait cru fou, mais le soir, lors du bivouac, il croqua les traits de la jeune femme drapée dans son drapeau.
– Tu en pinces pour une petite française on dirait, le taquina son sergent.
– Pour la France toute entière ! répondit-il, avec un léger sourire aux lèvres.

 

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