Un défi tourne en ce moment sur Facebook « poster une photo de soi à 20 ans ».
Je pensais avoir mis toutes mes photos à la cave pour gagner de la place, avant d’en retrouver une sur mon ordi. J’ai hésité à la poster, avant de me lancer, amusée par les photos des autres. On est là pour rire et remonter le temps !
Je poste ma photo et je replonge dans mon passé, les souvenirs me submergent.
Sur cette photo, j’ai 21 ans en fait (mais 20 ans, ça fait mieux pour le titre !).
C’est l’été, je me suis échappée deux jours de mon séjour linguistique pour rejoindre un garçon de ma fac, en vacances dans les parages. On est fous amoureux l’un de l’autre, de façon romantique, chaste, platonique, car je suis déjà en couple avec un autre depuis un an, c’est sérieux, et à l’époque, on ne parlait pas encore de polyamour !
On s’écrivait souvent depuis quelques mois, des lettres manuscrites, et on se voyait dès qu’on le pouvait, on se frôlait, on riait beaucoup. Montagnes russes du cœur et du corps, embrasements, chutes libres ; je dansais sur des charbons ardents en permanence ! J’adorais ça, mais je souffrais aussi, du manque.
Là, on a deux jours devant nous pour faire tout ce que l’on aime : nous promener dans des jardins anglais, visiter des musées de peinture, goûter des pâtisseries géantes, résister à l’envie de s’embrasser et même de se prendre la main….
Le soir venu, il me prend en photos, je suis heureuse, pleine d’espoir, anxieuse, vibrante de la tête aux pieds. Nous avons mis des matelas par terre pour dormir tout près l’un de l’autre et chuchoter tard dans la nuit, comme des enfants. Nous nous rapprochons de plus en plus, à la faveur de l’obscurité. Je le désire tellement, un désir qui surpasse tout ! J’ose lui avouer l’indicible, moi, si timide, si pudique : « j’ai envie de faire l’amour avec toi ! » Il sourit, m’effleure, mais il n’ose rien, ne tente rien, plus timide que moi encore.
Mon aveu m’a ôté mes dernières forces, je me sens repoussée, je suis meurtrie. J’ai tout donné, il m’est impossible de faire un pas de plus vers lui, il me semble que je me suis mise à nu, déjà. Je renonce, je me laisse couler au fond de l’océan, mes larmes roulent sur mes joues. Il ne voit rien, on est dans le noir.
Je le quitte le lendemain, je dois retourner dans ma famille anglaise. J’ai le cœur en cendres, je sais que tout va s’arrêter là, je ne le reverrai plus… Il part à l’étranger à la rentrée, il y avait encore le service militaire à l’époque.
Le souvenir de cette nuit ne m’a jamais quittée. Se consumer de désir, en vain, des heures durant…
Bien plus tard, on se retrouvera, l’incendie repartira de plus belle, et on ne se quittera plus… mais ceci est une autre histoire !