Les trois hommes

🌶

Un conte de fées détourné, ça fait longtemps ! Depuis Blanche-Neige je pense…
Vous trouverez aisément lequel 😉
Merci à l’ami qui m’a soufflé l’idée !

 

***

Héloïse retira son manteau avec satisfaction et le confia à Jules, le gérant du club libertin. Elle s’étira, heureuse de pouvoir s’exhiber enfin dans sa mini robe noire au décolleté plongeant. Libre de s’afficher, de n’écouter que ses désirs et de ne faire que ce qui lui plaît ! Elle secoua ses boucles blondes en espérant qu’elles se replacent toutes seules avec élégance, et se sentit prête à affronter la foule des mâles en rut. Ils devaient tourner en rond, hanter le club comme des âmes en peine, n’attendant que son arrivée pour ne faire d’elle qu’une bouchée… Évidemment, elle envisageait tout le contraire, c’est elle qui dégusterait les mets de son choix !
— Chérie, c’est très calme cet après-midi, il n’y a que trois hommes, la prévint Jules, toujours soucieux du bonheur de sa protégée.
— Il suffit d’un seul… fit Héloïse mystérieusement.
— Tiens, justement, quand on parle du loup ! Héloïse, je te présente Pierrick ! la coupa Jules, la poussant littéralement dans les bras d’un beau jeune homme. Pierrick, je peux faire quelque chose pour toi, ou tu venais pour mes beaux yeux ?
— Heu, j’ai entendu la sonnette, j’ai voulu voir si je pouvais me rendre utile…
Jules leva les yeux au ciel.
— Tu voulais griller les deux autres, ah ah ! Et maintenant, ouste, disparaissez dans les coins câlins tous les deux, j’ai du travail, moi !
C’était faux, Jules n’avait rien à faire, le vestiaire était méticuleusement rangé, mais il fallait bien les aider un peu et forcer le destin, sinon ils se regarderaient par en-dessous jusqu’au lendemain ! Il avait deviné qu’ils se plaisaient, il sentait bien ces choses-là, depuis le temps qu’il travaillait dans ce club, et observait des couples éphémères…
Héloïse sourit à son soupirant du jour.
— Je suis timide, Jules a pris l’habitude de m’encourager, à sa façon, sinon je traînerais longtemps toute seule, sans oser…
— Belle comme vous êtes, cela m’étonnerait que vous resteriez longtemps seule !
Héloïse minauda et baissa les yeux en souriant modestement. Elle n’était pas dupe : les compliments, c’était juste pour baiser ! Ça tombait bien, elle était là pour ça elle aussi. Elle avait faim et soif de lui ! Et des deux autres aussi pourquoi pas, s’ils avaient une jolie figure. Elle allait les prendre tous les trois, l’un après l’autre, dans un crescendo de sensations…
Elle ne perdit pas plus de temps en paroles inutiles et l’entraîna.

Héloïse avait ses habitudes dans ce club, elle fonça vers la chambre du fond, ni trop petite ni trop grande, parfaite pour trois personnes – elle adorait les trios ! Pour l’instant, elle allait se consacrer à Pierrick.
Elle s’étendit de tout son long sur le lit, l’attira dans ses bras et s’attaqua directement à ses boutons de chemise, tandis qu’il lui retirait sa robe. Elle enleva elle-même son soutien-gorge tant elle avait hâte de sentir ses mains pétrir ses seins. Il ne résista pas et les malaxa bientôt avec enthousiasme. Très excitée, Héloïse décida d’abréger les préliminaires et s’intéressa au contenu de son boxer. Elle se figea en découvrant un sexe énorme, qui n’en finissait pas de grandir dans sa main ! Ses doigts n’en faisaient pas le tour… ça n’allait pas être possible, avec elle en tout cas.
— Je suis désolée, tu es trop grand pour moi, lui glissa-t-elle à l’oreille, inquiète de le décevoir – elle détestait décevoir. Je sais que la plupart des femmes adorent ça, mais je suis une petite nature…
— Je vais faire très attention, je te le promets ! promit Pierrick en lui faisant les yeux doux.
Il enfila un préservatif et s’inséra en elle avec mille précautions, progressant au ralenti pour ne pas lui faire mal. Elle s’ouvrait de plus en plus, ruisselante de désir, emplie comme jamais, ses chairs écartelées en limite de rupture… Pierrick se lança dans quelques mouvements de va-et-vient, bridant ses élans. Héloïse tint bon quelques instants, avant d’épargner son sexe déjà meurtri.
— Ne m’en veux pas, je préfère arrêter…
Beau joueur, il se retira et s’installa sur le côté, continuant à la caresser.

Un homme se tenait en embuscade sur le pas de la porte, Héloïse lui fit signe de les rejoindre. Surexcitée, elle n’y alla pas par quatre chemins ; elle descendit directement son pantalon et alla droit au but, dans son boxer à la recherche de son sexe. Elle fourragea un moment, perplexe, mais où se cachait-il ? Il finit par se nicher dans sa main et se déploya de son mieux. Héloïse retint un rire nerveux ; un sexe minuscule cette fois… Ce n’était pas son jour de chance décidément ! Elle décida de le sucer, elle ne risquait pas de se décrocher la mâchoire !
Elle le sentait à peine en bouche, mais les gémissements de l’inconnu la guidaient ; apparemment il appréciait. Galant, il l’interrompit au bout d’un moment et s’empressa de descendre entre ses jambes pour lui rendre la politesse et la lécher. Ne pouvant jouer les étalons vigoureux auprès de ces dames en raison de ses modestes attributs, il avait développé un talent sans pareil pour les faire jouir de sa langue agile. Héloïse se tordait bientôt de jouissance et criait sans retenue sous ses coups de langue bien appliqués.

Le troisième homme accourut, attiré par ses trémolos. Héloïse mourrait d’envie de faire l’amour, son désir fouetté par l’orgasme, plus frustrée que jamais : un premier amant trop bien pourvu par la nature, un deuxième amant trop mince ; était-elle donc si difficile à satisfaire ? Peut-être ce troisième homme lui conviendrait-il ? Elle décida de vérifier tout de suite, afin de leur épargner d’éventuelles déceptions. Elle lui fit signe de s’allonger et plongea aussitôt sa main dans son pantalon. Elle se réjouit et respira, elle venait de trouver le Graal : il avait la taille idéale, enfin ! Il était déjà bien dur, fin prêt, il n’y aurait pas de mauvaise surprises. Un sentiment de plénitude l’envahit, elle le suça avec gourmandise, avant de lui demander de mettre un préservatif sans plus tarder. Ils fusionnèrent avec un soupir de bien-être, c’était tout simplement parfait ! Ils batifolèrent et s’ébattirent longtemps, sous le regard égrillard des deux autres compères qui se masturbaient en rythme. Ils avaient bien compris qu’ils n’obtiendraient plus rien de cette femme exigeante. Pierrick surtout se sentait vexé ; d’ordinaire, les libertines adoraient son sexe de bûcheron.

Ils finirent par s’éclipser, lassés, ça n’en finissait plus ! La place manquait, ils étouffaient… Et puis qui sait, d’autres convives seraient peut-être arrivés entre temps ? Des demoiselles peut-être ?
Il n’y avait que Jules, fidèle au poste derrière le bar, prêt à recoller les morceaux de leur ego en miettes. Ils décidèrent de noyer leur dépit dans ce cocktail dont Jules gardait jalousement le secret. Il avait du métier, il devina le drame qui s’était joué dans la chambre du fond ; ces deux-là avaient été remerciés, apparemment. C’était la règle du jeu ici, les femmes étaient les reines et choisissaient leurs sujets !
Il sut les dérider, avec son humour subtil légendaire :
— Une de perdue, zéro de retrouvée, ah ah ! Et si vous deveniez gay les gars ? Ce serait plus simple, non ? Allez, un effort… bi au moins ! Bon, en attendant que votre esprit ne s’ouvre, et le reste aussi, trinquons messieurs : aux femmes et aux tourments qu’elles nous infligent !

Soudain Héloïse sursauta. Elle avait complètement oublié l’heure, elle devait partir, vite, elle était en retard ! Elle se dégagea des bras d’Eric et bondit sur ses pieds. Elle se rhabilla à toute vitesse, secoua ses boucles blondes et s’exclama, paniquée :
— Oh là là, je dois me sauver !
Son partenaire se plaignit amèrement d’être si brusquement expulsé du paradis, il fut tenté de la retenir, avant de redevenir un gentleman. Il s’inclina et s’empressa de renfiler son pantalon.
— Je vous raccompagne, moi c’est Éric au fait.
Héloïse connaissait le chemin, mais elle n’eut pas le coeur de le repousser ; il se montrait si galant. Elle se laissa guider jusqu’à la sortie, souriant dans le vague, toujours sur son nuage. Elle flottait dans un état second, ses pensées tournées vers ce sexe admirable lui convenant à merveille. Tout comme le reste du corps d’ailleurs, même si c’était moins important. Quel déchirement de devoir rentrer !
— Reviens quand tu veux, chérie, fit Jules affectueusement en lui mettant son long manteau sur les épaules.
Ce manteau pesant ramena immédiatement Héloïse à la raison. Elle abrégea les adieux et se précipita vers la sortie.
— Je serai là samedi prochain ! cria Éric à toutes fins utiles.
Héloïse ne se retourna pas et disparut dans une dernière envolée de chevelure ; l’avait-elle seulement entendu ? Pensif, il ramassa pieusement un cheveu doré ondulant sur sa veste et le fit miroiter à la lumière.
Jules joua les consolateurs, une fois de plus :
— Tu as déjà goûté mon cocktail ? Oui ? Bon, c’est pas grave, viens le goûter à nouveau et tu l’oublieras ta blonde !
Eric le suivit, pensif. Il n’était pas prêt de l’oublier ! Son sexe soi-disant parfait non plus, il piaffait déjà dans son boxer, torturé d’avoir été abandonné juste avant l’extase. Une divine torture, il fallait le reconnaître…

***

Que les hommes se rassurent, s’il en est besoin : contrairement à mon héroïne, beaucoup de femmes raffolent des sexes imposants, et elles sont nombreuses à aimer les sexes minces (lire l’excellent ouvrage Éloge des petites bites d’Octavie Delvaux)… D’autres pensent qu’il y a un juste milieu, et d’autres encore aiment varier les plaisirs et les sensations en variant des partenaires de toutes tailles…
Les modes nous influencent malgré nous aussi, et changent : les films X ont mis en avant les grands sexes, mais dans l’antiquité, les sexes menus avaient la côte… Ils semblent reprendre des couleurs ces temps-ci.
Finalement, il n’y a pas de taille idéale, il en faut pour tous les goûts ! Seuls comptent le désir, l’attraction, les sentiments, les préférences de chacune en la matière… Le sexe idéal, c’est celui qui nous plaît !

 

Photo : Laocoon et ses fils

4 commentaires

  1. Samy a écrit :

    Quel délice ! Merci pour ce clin d’œil malicieux aux contes d’antan… On rit, on frémit, on s’amuse à suivre Héloïse dans sa quête très personnelle du « juste milieu » 😉
    Et oui j’ai adoré ta dernière phrase « Le sexe idéal, c’est celui qui nous plaît ! »

    1. a écrit :

      Merci Samy ! Dans tout conte il y a une « morale » 😉

  2. Paul a écrit :

    Dire que j’ai été aux premières loges de l’élaboration de ce conte de fées moderne, voir même de sa genèse. Je n’ai pas inspiré le premier personnage, et je l’espère pas non plus le deuxième…

    1. a écrit :

      Merci pour l’idée de ce conte ! Tous mes personnages sont inspirés des trois ours 😉

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