L’écriture érotique, de Flore Cherry

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   C’est le moment où jamais de s’y mettre : écrire des histoires érotiques, ses fantasmes… (à défaut de les réaliser !). Flore Cherry vient de publier aux Editions La Musardine le livre idéal pour nous aider : L’écriture érotique.

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   Il y a une éternité, dans une autre vie, j’ai participé au lancement du livre !
   C’était le 11 mars dernier, je m’en souviens comme si c’était hier, l’une des dernières soirées entre amis, au 153, bar bien-aimé dans le centre de Paris. On ne s’embrassait déjà plus, mais on était insouciants et joyeux encore, et on s’est bien amusés avec des jeux, des défis, et plein de cadeaux à gagner… — C’est comme ça que j’ai hérité d’un super stylo présentant dans une cachette les positions du Kamasutra (pratique quand on s’ennuie en réunions, ce n’est plus trop d’actualité pour l’instant, mais elles reviendront !)

   Flore nous raconte qu’elle a écrit ce livre pour partager son savoir faire, « désacraliser » l’écriture érotique : tout le monde peut écrire de la littérature érotique !
   Elle a réalisé, en animant Les écrits polissons dont je suis une fidèle participante, que parler de sexe avec légèreté, humour, est un bon moyen pour lancer un débat sur la sexualité, sans que cela tourne à la thérapie de groupe avec chacun témoignant de ses expériences. Grace à des personnages, des histoires inventées, on parle de sexe sans parler de soi !
   Flore est aussi journaliste à Union, revue post soixante-huitarde proposant des histoires de sexe amateurs. C’est presque une thérapie : ça fait du bien aux exhibitionnistes de savoir que leur histoire sera lue et aux voyeurs de lire des histoires vraies !
   Depuis 4 ans, elle organise le salon de la littérature érotique. Elle a de son côté écrit 5 livres, et lit énormément de manuscrits. Elle nous livre au passage une astuce pour reconnaître si l’auteur est un homme ou une femme : si l’héroïne est hyper consentante et ultra enthousiaste, il y a de fortes chances que ce soit un homme ; si elle se pose des questions, réfléchit, hésite, ce sera plutôt une femme.
   (Cela peut d’ailleurs être repris pour différencier le porno et l’érotisme :
   – Dans le porno, le consentement est considéré comme acquis
   – Dans l’érotisme, les notions de pudeur, de consentement, sont questionnées.
   Mais sinon, les différences sont très subjectives, selon les sensibilités de chacun)

   Dès le début de sa présentation, et de son livre, Flore met fin à un mythe : pour elle, écrire de la littérature érotique fait partie de son job ! Elle ne cherche pas du tout l’excitation, ni à retranscrire ses propres fantasmes, mais plutôt à écrire des textes qui vont parler à ses lecteurs, les émoustiller, susciter leur désir.

   Elle nous explique ensuite à quoi sert la littérature érotique, par exemples :
   – Maintenir un lien avec un amant éloigné (se lancer des défis, se donner des ordres dans le cadre d’un jeu bdsm…)
   – Mieux se comprendre en découvrant ses fantasmes, via un journal intime, ou en se créant un double sexy grâce à un pseudo (là, j’ai été appelée à la barre pour témoigner ! Avoir choisi un pseudo me permet de m’amuser en toute liberté et d’écrire toutes les bêtises que je veux ! Le seul risque, c’est que ce « double » gagne en épaisseur, quitte le monde imaginaire et fantasmatique, pour s’incarner dans le monde réel ^^)
   – Lutter contre la censure et la morale, faire évoluer les mentalités (ainsi, les a priori sur le SM ont changé grâce à 50 nuances de Grey)
   – Apprendre des nouveaux mots, et des nouvelles positions ^^
   – A propos des outils d’écriture, Anne Vassivière évoque son son goût du papier : le contact sensuel du stylo qui glisse sur les pages, le plaisir de raturer, et de garder la mémoire du processus d’écriture… Anne aime travailler les « matières » : coller, scotcher, rayer… Je la comprends, j’aime beaucoup les carnets et les stylos moi aussi ! Mais ma paresse naturelle me fait privilégier l’écriture sur l’ordinateur ou mon téléphone, pour m’éviter de tout avoir à retaper ensuite.

   Flore poursuit en nous décrivant les ressorts de l’érotisme :
   – La sollicitation de tous les sens, la vue, bien sûr, mais aussi le toucher…
   – Les sentiments (surtout si on écrit une romance érotique)
   – L’autobiographie (les voyeurs aiment lire des histoires réelles)
   – Tout ce qui est transgressif et que la morale réprouve
   entre autres…

   Elle nous offre aussi des astuces pour améliorer notre texte, en particulier si l’on écrit pour l’édition. Là j’ai pris frénétiquement des notes !
   – Rythmer, alterner les descriptions, les scènes d’actions
   – Pour éviter les répétitions : zoomer (par exemple, pour ne pas répéter tout le temps « les seins », parler de « l’aréole »
   – Utiliser tous les sens, pas seulement la vision, imaginer ce que serait la scène « dans le noir »
   – Évoquer les émotions : colère, gène, honte…
   – Utiliser les formules de style : accumulation, ellipses, métaphore, comparaison, mais ne point abuser
   – S’adapter au lecteur. Par exemple, dans une New romance (érotisme sentimental), certains mots sont bannis.
   – Si on débute dans l’écriture, écrire à la première personne, c’est plus simple, la maîtrise du point de vue externe est moins évidente.
   – Pas trop d’adverbes (oups, c’est mon défaut !)
   – Pas trop d’emphase, ni de points de suspension ou d’exclamation à l’excès
   – La morale et la censure évoluent selon les époques. Ne pas faire de prosélytisme de pratiques illégales, même si elles peuvent figurer dans notre histoire.
   – Ne pas écrire sur ses proches (ou changer leurs noms), ni sur des personnes connues, comme Brad Pitt, ou même imaginaires comme Mickey, on risque un procès. (de même si on copie, on peut être accusé de plagiat. Pas de souci avec les oeuvres tombées dans le domaine public)
   – Enquêter sur le terrain, pour éviter les lieux communs. Par exemple, si l’on situe une scène dans un club libertin, il faut en avoir visité un !
   – En cas de panne d’inspiration, tenter l’écriture méditative, sorte de brainstorming avec soi-même.

   L’écriture érotique est illustré de nombreux extraits savoureux, de toutes les époques (j’ai noté plein d’idées de livres !) et de témoignages (j’ai aimé retrouver de nombreux amis auteurs…). Il y a des exercices pour s’entraîner, des exemples à foison… J’ai particulièrement goûté les passages sur la fellation démontrant les différents styles de littérature érotique !
   Il se dévore d’une traite, et on en qu’une envie ensuite, écrire des histoires osées !

  2020-03-12 10
   Le résumé de l’éditeur
   Trouver les bons mots pour parler d’érotisme, de son désir, de son corps, de ses sentiments, faire monter l’excitation avec son partenaire pour le rendre fou,  se lancer dans l’écriture d’un roman… Que ce soit pour séduire, pour parler de soi et de ses fantasmes ou pour tenir en haleine un lecteur, ce guide vous permettra d’améliorer vos connaissances en matière d’écriture érotique et de vous entraîner de façon concrète.
   Vous découvrirez notamment :

• l’importance de la communication érotique dans votre vie quotidienne (même si vous n’êtes pas écrivain) ;
• les techniques pour écrire une histoire passionnante et  les pièges à éviter ;
• les astuces pour relancer le désir entre vous et votre partenaire  à distance ;
• comment vous faire publier et connaître du public (que ce soit  en roman, théâtre, musique, etc.).
   Émaillé de nombreux exercices et exemples issus de textes érotiques, ce livre est à mettre dans toutes les bibliothèques de ceux qui souhaitent apprendre à écrire l’amour et le sexe pour eux-mêmes, pour leur amant.e  ou pour un public plus large.

   Pour le commander

   Les Editions La Musardine
   Amazon

   Photo : le livre de Flore et les cadeaux gagnés le 11 mars dernier

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