Ça sent la rentrée, après de longues vacances aventureuses et paresseuses… et la rentrée, ça commence d’abord par le retour en train !
Je m’installe sur mon siège avec allégresse ; j’aime les trains, ces espèces de no man’s Land entre deux lieux où je n’ai rien à faire, qu’à me laisser porter vers ma destination ! Je sors mon livre de mon sac, le dernier « Osez 20 histoires », un peu honteuse, avant de décider que ça m’est égal. Je n’ose jeter un coup d’œil à mon voisin, il a peut-être aperçu a couverture de mon livre. Et puis la situation m’amuse, je ne le connais pas, pourquoi me soucier de ce qu’il pense, et un peu de provo’c ne pourra qu’animer mon voyage !
Une histoire naît dans mes pensées au moment où je le pose sur la tablette, un fantasme plutôt, autour de mes thèmes fétiches : l’inconnu, le train, la lecture…
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La parenthèse des vacances se termine ! Des vacances libres, où Lise a pu renouer avec sa vie de jeune fille, sans liens ni contraintes… Reconnaissance éternelle à ses parents qui ont accueilli ses enfants à bras ouverts pour quelques semaines de vacances ! Elle en a bien profité jusqu’à hier soir, et se retrouve dans le TGV, un peu étourdie par les nuits de fêtes. Elle va chercher ses trésors chéris, ses filles nourries de glaces au chocolat et dorées à point par le soleil. Elle se réjouit de les revoir, elles lui manquent, elle veut renouer avec la douce vie entre filles. Elle est comblée de fêtes, de danses, d’amants d’un soir ! Elle a fait le plein de réjouissances et de plaisir pour l’année, elle se sent prête à affronter son boss et la rentrée scolaire.
Pour l’instant, elle est encore seule dans ce train le temps du voyage, dernier espace de liberté où tout est possible, avant que la vie ne la rattrape à toute vitesse. Une dernière chance de s’amuser en toute insouciance, peut-être… Lise sort discrètement son livre de son sac, un livre spécial pour vivre des aventures : il suffit de le poser l’air de rien sur la table d’un café, d’un restaurant ; rencontres garanties à la clef ! Osez 20 histoires inavouables. Elle ne l’a pas tout à fait terminé, et c’est maintenant ou jamais, loin du regard curieux de ses filles, toujours à l’affut du moindre de ses gestes. Elle le pose sur sa tablette, affectant une négligence qu’elle est loin de ressentir. Elle ressent le délicieux frisson de l’aventure, une effervescence qui court sous sa peau et la chatouille des pieds à la tête. Elle évite soigneusement de regarder son voisin et se plonge dans son livre.
Le pouvoir des histoires érotiques ne tarde pas à se manifester, un brasier s’allume entre ses jambes et menace de l’incendier tout entière. Une dernière étreinte in extremis avant la vie familiale ne serait pas de refus ! Lise considère son voisin du coin de l’œil, elle lui lance des œillades appuyées. Il a l’air sage, très sage avec ses lunettes d’écaille, plongé dans son téléphone, indifférent à ses cuisses nues, à son livre coquin. Elle écarte les jambes, elle a pris soin de ne pas mettre de culotte, quelques effluves et phéromones viendront peut-être lui chatouiller les narines et le réveiller ? Il reste imperturbable en apparence, mais il passe à l’action, sans lui jeter un regard. Avec des ruses de Sioux, il jette négligemment sa veste sur ses jambes nues et entreprend de glisser sa main sous sa jupe. Lise garde une immobilité de statue, elle essaye de poursuivre sa lecture, mais les lettres dansent devant ses yeux. Les doigts de l’inconnu se faufilent dans son entrejambe humide, à la recherche de la petite source. Il se révèle un parfait gentleman, il désigne d’un signe de tête son flacon de gel hydroalcoolique : ses mains sont propres ! Lise s’ouvre en confiance, les doigts écartent doucement les petites lèvres, se glissent dans son intimité douce et chaude. Ils l’explorent avec précaution, à tâtons, accueillis par un surcroit d’humidité. Lise reprend sa lecture, délicatement fouillée au diapason. Elle se tortille, remue, pour positionner les doigts au bon endroit : un peu plus haut, oui, c’est mieux. Quand les hommes comprendront-ils que le clitoris ne se trouve pas à l’intérieur ! Certes, il y a le poing G et d’autres trucs sympas, mais dans un train, mieux vaut aller droit au but et opter pour plaisir le plus simple et le plus direct. Il a l’air content d’être guidé, il sourit et la caresse, légèrement, il l’effleure à peine, à un rythme néanmoins soutenu, pendant que l’héroïne de son livre se fait rudement pilonner par derrière. Les caresses de l’inconnu, sa lecture, forment un cocktail détonant, Lise se cabre, tandis qu’une explosion de plaisir se diffuse et irradie tout son corps, l’emportant dans une autre dimension. Elle se mord la main, un réflexe pour ne pas gémir trop haut, et réussit dans un sursaut de lucidité à transformer ses cris de plaisirs en fou rire. Il met longtemps à s’éteindre, Lise est toute secouée de spasmes. Ironie du sort, un orgasme contrarié dure encore plus longtemps !
Épuisée de plaisir, elle s’écroule sur son voisin et atterrit sans façon sur ses genoux. Il l’accueille avec le sourire, il caresse doucement ses cheveux, son cou. Lise ne bouge plus, goûtant ses mains sur sa tête, sa nuque. Sa bouche se trouve exactement au niveau de sa braguette, elle s’amuse à souffler un air chaud, à presser ses lèvres contre le jeans. Pas sûr qu’il sente quoi que ce soit avec l’épaisseur du tissu ! Soudain, elle est plongée dans le noir, une veste recouvre sa tête ; elle comprend l’invitation muette. L’homme se lève à demi, ouvre son jeans, le descend, et libère son sexe qui vient buter contre ses lèvres. Elle ne lui donne pas tout de suite satisfaction, elle s’amuse à le butiner de baisers, de petits coups de langue, amusée de le sentir tressaillir d’impatience. Elle meurt d’envie de lui offrir cette caresse et ne résiste plus, elle ouvre la bouche et l’accueille entre ses lèvres. Elle l’enveloppe langoureusement de sa langue, entame une danse lascive autour de sa queue, passant et repassant, tandis qu’elle l’aspire toujours plus loin dans sa gorge. Mais tout à coup, il la repousse. Lise est déçue, elle l’interroge du regard, avant d’être immédiatement rassurée. Il la veut, ses yeux ont l’éclat du métal !
Il se rajuste, prend sa main et se lève. Lise le suit, les idées en feu, peu importe le lieu où il l’emmène du moment qu’ils peuvent fusionner. Ils s’enferment dans les toilettes. En temps normal, Lise aurait plissé le nez et décliné avec une moue dégoûtée, mais le désir l’enflamme et balaye toutes ses réticences. Son amant s’assoit sur la cuvette, elle lui grimpe dessus vivement, s’assoit à califourchon sur ses cuisses. Elle lui laisse à peine le temps d’enfiler un préservatif avant de s’empaler sur son sexe, en soupirant de contentement. Il la tient par la taille, la fait aller et venir puissamment sur lui ; elle ne pèse rien ! Ils perdent la tête, il n’y a plus ni temps, ni lieu, ni convenances, seulement l’instinct de vie, cette pulsion de leurs corps qui se collent l’un à l’autre et se secouent en tous sens jusqu’à l’extase.
***
Une annonce retentit dans les haut-parleurs et met fin à mon fantasme — heureusement tout le monde a eu le temps de jouir ! Je réalise que nous n’avons toujours pas quitté la gare. Je tends l’oreille.
— … Malgré tous nos efforts, nous n’avons pas pu réparer la rame, vous devez monter à bord d’un autre train, il se situe quai K. La SNCF s’excuse pour la gêne occasionnée…
Mon voisin m’interpelle, il a un accent anglais tout à fait sexy. Il n’est pas sûr d’avoir compris, il semble perdu.
— Il faut aller quai « quatre » ?
— Non, quai « ka », comme la lettre K, the letter…
— Oh you mean « keïe » ?
— Yes ! Well… You can follow me if you want ?
Je serre les dents, surtout ne pas lui montrer que je suis vexée comme un pou en raison de mon french accent. Mais j’ai tout le voyage pour faire quelques progrès ! Nous devisons gaiement. Je ne suis plus sûre d’oser ressortir mon livre une fois installée dans le nouveau train, mon voisin n’est plus un inconnu.