Le monstre sous le lit

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  Une petite histoire d’Halloween inspirée par un dessin de John Kenn Mortensen, un illustrateur que j’apprécie beaucoup.

***

   Une nuit, Émile entendit des grognements et des raclements sous son lit. Il se leva d’un bond, le cœur gonflé d’espoir. C’était sûrement le monstre sous le lit qui lui rendait visite… enfin ! Depuis le temps qu’on lui en parlait… Il l’attendait depuis des mois, il ne comptait plus les heures passées à lutter contre le sommeil et scruter le silence de la nuit jusqu’à ce que ses oreilles bourdonnent.
   Il se glissa hors du lit et s’aplatit sur le sol pour le voir. Il se figea : deux yeux jaunes brillaient dans le noir. Émile frissonna, et sentit son cœur s’accélérer. Il s’empressa de chasser son début de panique ; c’était sans doute un monstre tout à fait inoffensif, pas de quoi s’alarmer. Et peut-être même que ce monstre avait peur du noir ! Il alluma sa bougie.
   — Viens, sors de là, n’aie pas peur, je ne vais pas te faire mal… c’est froid par terre en plus…
   Le monstre était couvert d’une épaisse fourrure, ça lui était égal, il ne bougea pas d’un poil.
   À force de cajoleries, Émile réussit à le convaincre de sortir de sous le lit. C’était un monstre curieux, cela l’intéressait de connaître enfin le dessus du lit, lui condamné d’ordinaire aux dessous de lit poussiéreux.
   Émile étouffa un cri en découvrant l’immense créature qui se déployait sous ses yeux ; comment réussissait-il à tenir sous le lit ! Le monstre souriait de toutes ces dents, comme pour s’excuser de prendre autant de place. Tant de dents pointues… Émile sortit de sa chambre à pas de loup et chipa quelques friandises dans la cuisine, au cas où la créature aurait une petite faim – « mieux vaut prévenir que guérir » disait toujours sa grand-mère.
   Quand il revint, le monstre avait pris ses aises et occupait tout le lit. Il ronflotait paisiblement, appréciant le matelas moelleux et l’oreiller de plumes. Émile envisagea un instant de se glisser sous le lit pour s’amuser à lui donner des cauchemars – juste vengeance pour tous les enfants traumatisés – avant de renoncer. Ce monstre-là avait l’air gentil, ce devait être un autre le coupable. Il grimpa sur le lit et se fit une petite place entre les pattes griffues, au chaud contre la douce fourrure.

   – Dessin de John Kenn Mortensen
 

2 commentaires

  1. Clarissa a écrit :

    Merci beaucoup !

  2. Howard Wotton a écrit :

    Une belle histoire « Tim Burtonesque ». Félicitations.

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