L’information est tombée la veille, le lieu de la soirée change – adieu le labyrinthe de play-rooms, d’escaliers et de coins câlins cachés d’Argenteuil ! Rendez-vous à St Denis, dans un club familier, théâtre de nombreuses soirées, offrant tout le confort nécessaire : nombreuses banquettes autour d’un bar en L, un grand dance-floor baigné de lumières rouges dansant en rythme avec la techno, et une vaste salle derrière.
Je suis curieuse de savoir comment elle sera aménagée. Selon les soirées, il s’agit d’un deuxième dance-floor, d’un donjon bdsm, d’un espace câlin, d’une dark room, avec souvent des séparations entre plusieurs espaces dédiés. C’est «la salle sur demande» !
Cette fois, la salle est séparée en deux par un grand rideau noir, elle est plus petite, je suis un peu déçue, mais elle magnifiquement équipée d’installations en fer forgé : cages, croix de St André, immense structure de chaînes en forme d’étoiles d’araignée. Pas de doute, Charon de la Forge est présent ce soir ! Il y a aussi de confortables fauteuils, avis aux fétichistes de pieds – et aux amatrices – , et des matelas, dont un dès l’entrée, ce qui me semble un peu incongru, mais on ne sait jamais, personne n’est à l’abri du coup de foudre 😉
L’un des organisateurs entrouvre le rideau noir, et aménage une ouverture. Chouette, tout l’espace disponible sera accessible ! Curieuse, je lui emboîte le pas, et découvre un plateau nu très sombre, seulement équipé de sièges et de quelques banquettes. La dark room ! Vide et très fraîche pour l’instant, mais plus pour longtemps ^^
Je suis arrivée très tôt – j’ai enfin écopé du ticket vestiaire numéro 1 ! L’occasion de bavarder avec le staff qui va veiller sur nous, nos angels, et Charon de la Forge, qui va performer ce soir. Je m’enquiers de l’heure, ne voulant pas manquer sa performance, mais je ne récolte que des réponses vagues. Je préfère rester dans le secteur avec des amis pour être sûre d’être présente et bien placée le moment venu.
Une belle séance de shibari se déroule sous le tripode de métal, une suspension. C’est très beau… et cela doit être bon aussi de se retrouver dans des cordes attentionnées, presque momifiée tant l’entrelacs de cordes est dense. Un ami se penche à mon oreille et me confie en riant qu’il n’aurait pas la patience d’apprendre. Moi non plus, je manque de concentration (dans mes loisirs en tout cas)… mais j’aimerais connaître quelques bases, savoir attacher des poignets, des chevilles, un torse ; ça peut servir !
Les participants commencent à se rassembler autour de l’espace Donjon, au plus près de Charon de la Forge. Je les rejoins, il va commencer. Il a délimité une frontière, une sorte de rigole que je reconnais, ce sera bientôt une frontière de feu dans laquelle il plonge ses martinets. Il attache une magnifique soumise nue à la croix à la croix, et la fouette de ses martinets enflammés. Ils dansent dans les airs, forment des figures de feu. J’ai déjà vu Charon performer et je ne m’en lasse pas ! Le feu est un élément fascinant, je pourrais le regarder des heures. La chair pale de la soumise nue, les flammes vives caressant son dos, ses fesses, le maître de la forge puissant et attentif… Nous ne restons pas indifférents ! La jolie soumise est ensuite installée sur un banc à fessée, à quatre pattes, et sa chute de reins est enflammée à plusieurs reprises.
Pendant ce temps, un garçon s’est faufilé pour me rejoindre, je le connais un peu, et je me décale pour lui faire une place à côté de moi. Galant, il prend ma main et entreprend de la masser. Trop agréable de regarder le show en bénéficiant de petits massages !
Charon s’adresse à nous, il nous demande si nous avons envie de tester le contact du feu nous aussi. Sans réfléchir, je tends mes mains, comme à l’église pour recevoir l’hostie. Charon les badigeonne d’une sorte de savon avant de les enflammer. Une belle flamme éphémère jaillit de mes mains, magique ! Elle meurt aussitôt — je ne suis pas une magicienne 20e niveau comme Charon. Je n’ai pas ressenti de brûlure, à peine une intense chaleur pendant une seconde. J’ai les mains pleines de mousse, j’hésite à m’essuyer sans façon sur le bras du soumis toujours à mes côtés, mais je ne le connais pas encore assez pour me permettre ce genre de familiarités légèrement humiliantes.
Dès la fin de la performance, je file me laver les mains, lui demandant de m’attendre à l’entrée du dance floor ; à tous les coups, il va en profiter pour s’échapper ! Mais non, il m’attend bien sagement à l’endroit prévu, tout sourire ! Je lui souris en retour avec un brin de sadisme. Il est venu se jeter dans la gueule de la louve, il va peut-être s’en mordre les doigts – moi je m’en pourlèche les babines. J’entraîne ma victime consentante au fin fond de la partie Donjon pour assurer les formalités : vérifier son consentement, choisir le safeword (avant, je voulais jouer les originales avec des mots compliqués ou évocateurs, mais finalement, l’important c’est de jouer, désormais je me cantonne aux couleurs : « orange » si c’est un peu trop, « rouge » pour arrêter. Enfin, qu’il n’hésite pas à me dire si ça ne lui plaît pas ou si j’outrepasse ses limites… et maintenant, let’s play !! Là je jette un voile pudique, vous me pardonnerez ^^
La soirée s’enflamme, inspirée par la performance sans doute !
Le dance-floor offre un bain de foule techno comme on l’aime, ce bain de son, de lumières, de corps s’agitant en rythme, parés de tenues fetish, à demi-nus et luisants. J’entrouvre le rideau de la dark room, des attroupements se sont formés dans le coin le plus sombre. Essentiellement des garçons, gagnés par le désir, emportés par vague techno, jetés irrésistiblement les uns contre les autres… Je les envie un instant, j’envie l’excitation pure, brute, qui leur fait tout oublier, ce désir animal qui balaye tout… La play-room semble presque sage à côté ! J’aperçois de belles séances de bougies, des fessées enthousiastes et sonores. Une soumise debout se fait enlacer avec douceur par un fouet qui s’enroule au ralenti autour de ses hanches. Elle bronche à peine, troublant. Un dominant flagelle sa soumise de ses martinets, avec amour, lentement, plus loin une dominatrice fouette deux soumis à la fois qui lui tendent docilement leurs fesses…. Autant de scènes très inspirantes !
Après les jeux, place à la danse. J’adore danser éperdument, portée par les rythmes, le son, légèrement hypnotisée par les éclairages qui balaient la salle et accompagnent la musique, cernée par d’autres fous de techno. Mais soudain, c’est étrange, je me mets à rêver toute éveillée, par éclipses, j’ai comme des visions fantasmatiques, je perds le contact avec la réalité quelques centièmes de secondes… Est-ce que l’on aurait glissé quelque chose dans mon coca ? J’en doute fort, je me sens parfaitement bien sinon, légère, détachée, j’ai l’impression de voler, de flotter, d’évoluer dans un rêve…. Je comprends que je suis en train de m’endormir tout en dansant ! Des bribes de rêves se mêlent à la réalité et composent un tableau fantastique et étrange. Je n’ai jamais vécu cela ! Trop de fatigue accumulée ces derniers jours sans doute…
Il est plus de 5h, et il n’y a plus qu’une chose à faire hélas, tirer ma révérence, rentrer dormir et rêver pour de bon. Avec regret, j’étais si bien, et la soirée se prolongeait jusqu’à 10h !
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Prochaine soirée :
Samedi 29 juin, soirée post Gay pride. Stay Tunned, quelque chose d’énorme se prépare !