Je viens de terminer La servante écarlate, le livre de science-fiction – une dystopie pour être exacte – le plus oppressant jamais lu depuis 1984, de George Orwell – un de mes livres SF favori, relu plusieurs fois, pour frissonner d’épouvante, et me réjouir d’être ici et maintenant.
Une tyrannie religieuse a pris le pouvoir, et se montre particulièrement virulente à l’encontre des femmes. Elle s’occupe en particulier des questions de fécondité, de maternité, car nous sommes dans un société qui a du mal à se renouveler : les naissances sont rares, difficiles, échouent souvent… pour des raisons environnementales, pollution chimique, nucléaire… La dictature a donc pris des mesures : des jeunes femmes « fertiles » sont placées auprès des familles ayant du mal à procréer, pour engendrer leurs enfants. Nous suivons le destin de l’une d’entre elles, oscillant entre résignation, obéissance, et révolte, se réfugiant dans ses souvenirs de sa vie d’autrefois. Tout le livre, j’ai craint qu’il ne soit question de maltraitance d’enfants, ou tout au moins d’enfants déracinés, rassemblés ailleurs, mais non, je peux rassurer les âmes sensibles comme moi ! L’histoire se concentre sur l’héroïne, et son entourage proche.
Seul espoir par rapport à 1984, on le comprend dès le début avec la visite insolite d’un groupe de japonais, cette dictature n’a pas gagné le monde entier, il reste de l’espoir ailleurs.
Le livre est très bien écrit, l’ambiance est prenante, pesante, glaçante, nous épousons aussitôt le sort de cette jeune femme arrachée aux siens, jetée dans une famille inconnue et hostile. Un livre merveilleusement construit aussi, à l’aide de flash back, de réminiscences, de suppositions, nous comprenons petit à petit comment l’impensable a pu se produire, à la manière d’un puzzle, j’ai pensé à Modiano.
Je l’ai dévoré, fascinée par l’histoire, charmée par l’écriture. Un léger bémol, le livre emprunte peut-être un peu trop d’éléments à 1984, en particulier un point clef qui m’a vaguement contrariée, mais que je ne peux révéler ici sous peine de spoil impardonnable. Et bien sûr, j’aurais aimé savoir la suite, qu’il y ait un tome 2 !
S’il m’a autant interpellée je pense, c’est qu’il traite de mes phobies : la perte de la liberté, l’enfermement, la fin de la lecture, de l’écriture, de l’amour, de la possibilité d’aller et venir à sa guise…
PS : surtout, ne pas lire la 4e de couverture, les deux tiers de l’histoire y sont racontés, vous perdriez tout le plaisir du suspense, et tout le début du livre ne serait pas vécu de la même façon… (Ce n’est pas la première fois que je le constate, à quoi pensent les éditeurs !)
Quelques extraits en photos :
4 commentaires
Et faire attention, (ô combien) au retour du religieux. Car ça aussi, on le paiera cher un jour.
Marlène, tu prêches une convaincue ! (si je puis dire ), pourtant l’Histoire ne manque pas d’exemples sur les excès des religions… fanatisme, guerres de religion, inquisition, conversions forcées… il faut défendre notre laïcité de toutes nos forces !
Hello Marlène, tu nous manques sur FB ! mais je comprends ton besoin de recul, et je ferais mieux d’en faire autant Et je suis bien d’accord avec toi, ne pas se résigner ! Et éviter le pire avant qu’il ne se produise en votant….
Clarissa, je profite de ton blog pour te dire un petit bonjour ! En fait tu as raison, les éditeurs font parfois n’importe quoi, mais quelle idée de tout révéler dans le résumé ! Sinon, vu mon état actuel, je pense que « la servante écarlate » ne sera pas dans ma liste de lecture, j’ai déjà eu du mal avec le premier épisode de la série… Moi aussi la perte de liberté, l’enfermement (je suis totalement claustrophobe), la privation de lecture et de culture en général est une de mes grandes peurs. À côté de ça, ce qui m’a énormément agacé dans les commentaires sur « la servante écarlate », c’est le fatalisme qui s’en dégage, comme si ça ne pouvait pas être autrement. Comme si on ne pouvait pas se battre et justement, éviter par nos justes combats que ça arrive. Ne pas se résigner. C’est la première chose à faire.