Samedi dernier, je suis allée à La Nuit Dèmonia « in the mood for lust » – le clin d’œil au fameux film indiquait le thème : l’Asie ! Son esthétisme, ses dragons, et ses subtils supplices…
Petit récit de soirée dans le désordre :
(En début de soirée, je me promets toujours de m’efforcer à bien me souvenir de tout pour vous raconter, mais évidemment, une fois immergée dans la soirée, j’oublie tout, et le lendemain, il ne me reste que des bribes de souvenirs, des images floues comme des rêves…)
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J’arrive une bonne demi-heure avant l’ouverture. Je commence à faire la queue, je suis contente de retrouver des amis photographes, on bavarde gaiement. Jusqu’à ce que l’un d’entre eux m’informe qu’il s’agit de l’entrée pour les performers et les photographes, mais peut-être vais-je monter sur scène ? Heu, non, pas cette fois ! Je file, direction les escaliers et l’entrée des participants. Quelques personnes patientent déjà, et le temps passe vite, entre retrouvailles et papotages, d’autant plus que j’aperçois régulièrement des flammes : une artiste danse avec du feu ou crache du feu – un muret mal placé me cache l’essentiel du spectacle.
Petit passage au vestiaire pour me changer et me présenter devant le responsable du dress code. J’ai beau le connaître, et être parfaitement au courant du dress code, je suis un peu nerveuse : la dentelle qui volète au-dessus de ma jupe wetlook va-t-elle « passer » ou me faudra-t-il l’arracher ? C’est bon, le gardien de lieux m’invite à entrer !
Sinon, tout est prévu pour les étourdis : près du stand où l’on peut acheter des tickets boissons, une mini boutique Dèmonia s’est installée : on y trouve des accessoires, martinets, paddles… et surtout de quoi dépanner si on ne respecte pas le dress code ! « Il y en a pour tous les budgets, me dit la vendeuse en souriant, on a prévu des strings en latex à 5 euros ! ». Elle pointe du doigt le sous-vêtement, et nous rions toutes les deux. Je trouve l’idée excellente ! Mieux vaut opter pour ce string au lieu de devoir faire un aller-retour chez soi – Apparemment, tout le monde s’est montré prévoyant, je n’ai croisé personne avec ce mini string rouge ou noir au cours de la soirée.
Délestée de mon manteau et de mon sac, je pars à la découverte des lieux avec des amis. Nous les connaissons déjà, c’est là que s’est déroulée la Nuit Dèmonia Love has no borders l’an dernier. L’aménagement a été revu pour améliorer la circulation et éviter les risques d’embouteillages dans la playroom. (Elle était fermée l’été dernier, il fallait faire demi tour au bout de cette impasse pour retourner danser). A présent, une autre entrée permet de regagner le dance floor par le bas. Je ne vais pas me priver de faire des tours de manège ! (Voir plan ci-joint, hélas je n’ai pas suivi d’études en architecture, ça se voit un peu ^^…)
Le dance floor
La scène est magnifique ! Un temple japonais parcouru de lumières trône sur la scène, devant un écran géant qui diffuse des films, des images, des sortes de mandalas mouvants… Effet hypnotique garanti, parfaitement assorti à la musique electro.
Le spectacle est permanent ; je suis restée un long moment sur la piste de danse, les yeux rivées sur la scène, où se succèdent danseuses et danseurs, portant des tenues extravagantes, juchés sur des échasses, dansant, se déhanchant, ou se dénudant peu à peu… Le spectacle est aussi dans la salle : des danseuses perchées sur des échasses en costumes farfelus se fraient un chemin parmi les danseurs, parfois en s’appuyant sur l’épaule d’un fêtard pour avancer 😉 – un ami a été surpris ! J’ai aussi admiré une pôle danseuse au milieu de la piste. Je n’ai pas vu de performances BDSM ou fetish ni d’acrobates cette fois, mais j’étais parfois ailleurs – souvent même 😉.
Je me promène dans la salle, j’oublie de danser, pour le plaisir de regarder les tenues époustouflantes des participants : des femmes aux coiffes scintillantes ou cornues, des tenues cosplay, de superbes maquillages, des créatures aliens ou fantastiques… J’avoue avoir un faible pour les tenues de latex : je croise un policier full latex, une nonne, un couple en latex blanc, avec une casquette d’officier de marine pour lui, une cagoule pour elle… Je ne savais plus où donner de la tête ! (hâte de voir les photos)
Beaucoup se sont amusés à respecter le thème asiatique. Une jeune fille a le corps entièrement peint d’estampes japonaises. Elle regrette que ses vêtements aient un peu brouillé les couleurs en chemin, mais l’effet n’est pas du tout gâché, elle est magnifique habillée de peintures ! De mon côté, je me suis contentée d’un éventail rouge, mais d’autres participants arborent de magnifiques kimonos, avec bien sûr le bas dans une matière ad-hoc, même s’il s’agit d’un simple short de vinyle 😉
À gauche quand on regarde la scène, une croix de St André bien en vue est installée sur une estrade. J’admire un moment deux dominatrices en train de flageller un homme. Elle s’entendent parfaitement, jamais leurs coups de fouets ne se croisent. L’une des dominatrices se consacre ensuite entièrement à lui, et lui offre une séance à la fois sensuelle et piquante, alternant caresses et coups de fouet.
À droite près de la scène, un lieu dédié au shibari accueille des performances tout au long de la nuit. J’ai aperçu de magnifiques suspensions, des jeunes femmes habillées de cordes rouges évoluant gracieusement dans les airs, guidées par des mains de fer. Je regrette de ne pas m’être attardée plus longtemps, appelée par d’autres plaisirs. Ces démonstrations étaient comme une soirée dans la soirée !
La musique est un peu lente à mon goût, et pas encore très dansante, je quitte le dance floor – il faut dire que je suis férue de techno indus bien intense et bien hard maintenant, j’ai été à bonne école avec les Master Squat et les Monarch 😉 . – Finalement, cela m’a permis de bien profiter de la playroom, un espace dédié aux jeux presque aussi grand que le dance-floor !
La play-room
Derrière le bar du fond, une petite pièce glacée mène au coin fumeur et à la salle de jeux BDSM. Je n’ai pas eu le courage ni le temps de jeter un coup d’œil au coin fumeur. Un ami fumeur m’a dit qu’il y faisait très froid, il n’a jamais aussi peu fumé en soirée. Je lui ai rétorqué, avec la cruauté des non-fumeuses :
– C’est le moment où jamais d’arrêter, le plus dur est fait !
Je privilégie toujours la porte de gauche, vers la playroom. Les lieux sont un peu frisquets et déserts en début de soirée, cela va bientot changer. Elle est bien équipée d’une croix de St André, de cages, et de coussins…
Tout au fond, une excellente surprise nous attend ! Un deuxième DJ nous offre une programmation plus rock, et nous serons nombreux à nous regrouper autour de lui et danser, jusque dans les escaliers – à nos risques et périls, j’ai failli chuter sur mon voisin de devant !
A gauche, un large couloir propose une autre cage, un banc à fessée, toute une rangée de banquettes encore libres, et en face, le clou de la soirée : Pat a installé son salon de massage BDSM ! Il a même prévu un meuble où il peut entreposer tout son matériel : « Et ce n’est qu’une partie de ma collection ! » dit-il en riant. Nous nous attardons avec deux amies, et Pat nous fait goûter ses dernières trouvailles à tour de rôle : divers vibros surpuissants qu’il promène sur nos dos, nos épaules… Je vibre de la tête aux pieds et je n’ai plus froid ! Il me fait aussi tester une sorte de boule lumineuse qui vibre plus doucement, elle m’a beaucoup plu. Pat nous montre enfin une sorte de coussin destiné à masser les cervicales, et nous propose de l’essayer sur nos poitrines, pour un bienfaisant massage des seins. J’adore son art de détourner les accessoires ! Un ami déplore que ses massages ne s’adressent qu’aux femmes ; Pat répond que c’est normal de nous traiter comme des reines, et je me rengorge, sans trop savoir pourquoi 😉
Je me promets de revenir plus tard, mais évidemment, la soirée m’a absorbée dans son trou noir temporel ! J’ai déjà profité de son massage récemment, c’est bien de laisser d’autres femmes goûter ses super massages ! Et puis, il faisait froid dans cette partie du couloir, même si je suis sûre que les mains de Pat et ses instruments vibrants m’auraient bien réchauffée partout 😉
Tourbillon de rencontres, de retrouvailles d’amis et de connaissances… tout le monde est heureux d’être là et bien décidé à faire la fête ! « Ici, on peut vraiment être soi, personne ne nous jugera » me souffle un inconnu. Ce sentiment de liberté totale ! Je ressens une bouffée de joie et le vent de la liberté souffle fort ! Je suis sur le point de lui proposer… je ne sais pas quoi en fait, mais sa femme revient des toilettes, il l’attendait. Elle l’entraîne vivement. (Ils sont switchs, et le sort a décidé que ce soir elle serait sa Maîtresse)
Je suis venue les mains libres pour danser sans être gênée par mes martinets ou autres, mais je ne reste pas inactive. Je referme mon éventail qui se transforme en mini paddle à l’occasion. Et les rencontres de hasard ne manquent pas pour me prêter tel ou tel accessoire ! Je danse avec un ami, quand un quasi inconnu s’invite entre nous. Un homme avec une casquette fetish – mon point faible. Il me tend son petit martinet aux lannières d’argent et m’invite à le fouetter, avant de me fouetter à son tour ; ça pique ! On s’amuse, on chahute et on danse à trois, une sorte de slow sur cette drôle de musique electro.
Je ne tiens pas en place et je reprends mes explorations seule, non sans tomber à chaque pas sur des amis, ou des quasi inconnus. Mais où s’est-on déjà vus ? Certains me connaissent grâce à mon blog ou Facebook, me parlent de mon livre, ça me surprend et ça me fait plaisir ! Un couple me dit même être venu à la soirée après avoir lu un article de mon blog ; voilà qui booste ma motivation !
Je fends la foule pour rejoindre la playroom, et m’assois sur les coussins avec la ferme intention de profiter d’un massage de pieds. Les candidats ne manquent pas ; bientôt, des soumis font la queue pour me masser les pieds ! Je passe un excellent moment : ils seront trois à me masser, apparemment enchantés de mes petits pieds. Je les taquine de mon éventail, discute avec mes voisins de coussins, tout en regardant du coin de l’oeil une très belle scène se déroulant à côté : une superbe dominatrice brandit trois ou quatre bougies dans sa main et fait couler la cire sur la poitrine d’une jeune femme… Beauté de son visage éclairé par la lumière des bougie et de son regard déterminé, de la cire rouge s’éclatant en tâches rouges sur la peau pâle. Je crains un instant de recevoir des gouttes de cire sur mes dentelles, mais non, la domina maîtrise parfaitement son geste.
Et puis, l’envie de me dégourdir les jambes reprend le dessus. Je remercie mes fétichistes et me relève, faisant quelques déçus qui patientaient dans l’ombre. Je lance à la cantonade un vague « à plus tard peut-être ! » et poursuis mes déambulations.
Les cages sont toutes occupées et bien animées : des couples, parfois deux couples ensemble, s’adonnent à toutes sortes de jeux BDSM.
J’aperçois une dominatrice s’occupant de trois soumis à la fois. Prosternés, le visage contre le sol, ils subissent alternativement ses coups. On ne voit que leurs dos nus courbés, attendant le fouet. Une séance troublante.
J’échange quelques mots avec une superbe dominatrice tout de blanc vêtue. Elle me confie qu’elle aime s’occuper des soumis esseulés, timides, laissés pour compte.. « je suis la Brigitte Bardot du bdsm ! » Elle me fait rire, mais comme je la comprends, j’aime bien moi aussi les timides, les curieux de tout, au lieu de ceux, trop aguerris, ayant fait le tour de la question, qui se présentent avec leur pedigree et leur « liste de courses ».
Je regarde l’heure pour la première fois et marque un temps : presque 4h30 ! La soirée se termine à 5h30, mais je dois filer vers 5h pour éviter l’attente au vestiaire. Ô désespoir, il ne me reste qu’une demi-heure de soirée, et je n’ai rien fait encore, j’ai l’impression que la soirée commence à peine, le temps de saluer tout le monde 😉
Un dernier tour de piste !
L’ambiance se réchauffe encore dans la playroom et devient torride – je n’en dirai pas plus.
Sur la piste de danse, la musique me plaît de plus en plus, je la laisse me pénétrer, m’entraîner ; je ne vais plus quitter le dance floor, profiter de chaque minute de son ! J’aperçois au loin une amie en train de danser sur l’estrade, et je m’approche, attirée comme un papillon par la lumière. Elle danse merveilleusement au grè de la musique. Elle invite une amie en combinaison « cat suit » de latex noire à monter sur scène. Elles nous offrent un duo irrésistible, elles dansent avec espièglerie, complicité, sensualité, jouent l’une avec l’autre… Elles m’enchantent et m’envoûtent. Et nous dansons avec elles avec enthousiasme au plus près de l’estrade ! Je lève les bras un instant en dansant, un ami taquin me chatouille et me sort de ma transe. 5h15 ! Il est vraiment temps de lever le camp, même si tout mon corps veut rester encore, comme un enfant capricieux qui ne veut pas quitter le manège.
Je m’élance vers les vestiaires ; il était temps ! A peine mon manteau enfilé, la musique s’arrête, la fête est finie.
Je me retrouve dehors avec quelques amis devant le métro qui lève son rideau de fer juste pour nous, un peu hébétée par la violence du changement, arrachée à une nuit de plaisirs pour être jetée sur le bitume dans l’aube grise de l’hiver parisien.
Le marchand de sable me jette tout son sac dans les yeux. Pleine d’énergie quelques instants auparavant, je m’endors sur la banquette du métro alors qu’on échange sur la soirée.
En conclusion, une excellente soirée et une organisation au top ! Accueil charmant du vestiaire (installé dans un cinéma – il paraît qu’ils ont pu regarder des films X 😉 – ils m’ont sûrement taquinée vu l’affluence ^^), accueil très sympa aux bars (mais je bois très raisonnablement, n’étant pas raisonnable sur d’autres sujets – d’ailleurs, si on pouvait acheter des tickets à l’unité, ce serait cool ! Petit message pour les organisateurs s’ils m’ont lue jusque-là 🙂 )
Une soirée de danse, electro et rock, de shows, de jeux, de rencontres et de retrouvailles comme on les aime ! Bien sûr, on peut chipoter, et je ne m’en prive pas : l’electro était trop mou (pour moi), les couloirs trop frais (je suis frileuse et en nuisette fetish) … c’est mon côté parisienne râleuse 😉, mais ne boudons pas notre plaisir ! J’ai passé une excellentissime soirée !
Mon principal regret : la fin de la soirée à 5h30 ! 22h30- 5h30, c’est trop juste pour profiter à fond de toutes les facettes de la soirée ! Elle s’est terminée alors que j’étais au sommet de ma forme, bien chauffée, « ambiancée » 😉 et j’étais loin d’être la seule…
– Je pense que j’aurais pu passer toute la soirée sur la piste, entre la croix de St André et le shibari, ou bien toute la soirée dans la playroom… je me suis efforcée de varier les plaisirs, et je n’ai fait qu’accélerer le cours du temps et me disperser ! Et tous ces amis et amies à qui j’ai lancé avec insouciance « on se voit tout à l’heure » et autres « à plus tard », je ne les ai jamais revus ! Qu’ils me pardonnent ;-)^^
J’imagine dans mes rêves les plus fous un festival fetish-bdsm : on part tous ensemble loin quelques jours ! Une sorte de camp à l’instar des Burning man, ou de festival comme le Hell Fest…
Pour venir la prochaine fois
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En attendant les photos officielles, quelques photos perso : un selfie vite fait avant de partir, la tour Eiffel croisée en chemin, comme une amie que je n’avais pas vue depuis longtemps, et mon point de vue en attendant l’ouverture, pour informer un ami de faire la queue au bon endroit.
– Finalement, j’ai opté pour un éventail plus petit, car je pouvais le glisser dans mon décolleté et avoir les mains libres !
2 commentaires
Je suis contente de vous avoir fait sourire… J’ai aimé ce moment entre deux aventures ! oui, ce serai un plaisir partagé
Chère Clarissa, votre récit m’a fait fait esquisser un sourire; cela m’a remémoré la conversation que nous avions jusqu’à ce que m’a femme m’entraîne vivement à sa sortie des toilettes vers de nouvelles aventures Au plaisir de se recroiser lors de nos prochaines escapades fétiches!