Hier soir, la Nuit Dèmonia fêtait ses trente ans !
C’est l’occasion d’étrenner un nouveau lieu, Les pavillons des étangs, et nous sommes tous excités et curieux de le découvrir. Un lieu qui se mérite, avec la traversée du bois la nuit, la pluie qui menace… Je suis flanquée d’un espèce de bandit des grands chemins, méconnaissable et inquiétant, au milieu d’individus louches qui convergent vers nous et nous cernent peu à peu. Un vrai début de film d’horreur ! Mais bientôt, les lumières du pavillon de l’étang nous font signe, et on retrouve des amis. Nous allons bientôt basculer dans un autre monde, une fois passées toutes les étapes logistiques du décollage : fouille des sacs, dépose au vestiaire du superflu… La Nuit Dèmonia est victime de son succès, la foule se presse dans ses plus beaux atours, bien décidée à s’amuser de pied ferme et impatiente d’en découdre !
Il est encore tôt, nous explorons les lieux de fond en comble. Je retrouve avec joie des amis photographes qui nous offrent ce double plaisir : des souvenirs après la soirée, et sur le moment, s’amuser à poser (un plaisir toujours un peu gênant pour les timides comme moi qui doivent se forcer un peu et arborer leur meilleur sourire figé — et c’est meilleur encore, ce léger embarras, même avec des amis photographes que je connais depuis longtemps !)
D’un côté, il y a une vaste salle de danse, avec une grande estrade pour les shows et un bar.
Et de l’autre, une sorte de salle des pas perdus, où je retrouve régulièrement des amis, avec également un bar, et des bancs qui courent le long des murs pour se poser, profiter de massages des pieds… et l’accès au donjon ! Un très beau donjon dans une salle art nouveau, avec des fenêtres donnant sur la forêt (le contraste de la nature avec nos sombres activités !). Un donjon super bien équipé, rapidement investi. Au centre, une scène où va se dérouler toute la nuit de belles séances de shibari. Il y a un DJ là aussi, et une excellente programmation old shcool (pour l’instant), qui tranche avec la techno du dance floor. Personne ne danse encore, mais je me dis que c’est le moment où jamais de danser le rock, qui sait si ces tubes repasseront ! Là aussi, il s’agit d’ignorer le léger embarras qui menace, c’est une soirée libre, où tous les fétichismes et délires sont permis, et même vivement encouragés ^^ Plus tard, ce sera un vrai dance floor rencontrant un franc succès, avec vue imprenable sur les séances en cours dans les cages, et sur les diverses installations, croix de St André, bancs à fessée… et surtout la scène de shibari, où j’admire en particulier deux belles séances de suspension : une jeune femme encorde un jeune homme mince, et le suspend la tête en bas, concentrée. Je regarderai aussi un maître shibariste opérer, l’un des meilleurs dans cette discipline.
Ces deux espaces ne sont pas reliés, il faut sortir dehors un instant pour passer de l’un à l’autre ! Heureusement, un toit de toile nous protège de la pluie, et bientôt, je n’y fais plus attention. À peine le temps de frissonner de froid dans ma tenue lègère, avant d’être bien réchauffée, en dansant ou en retrouvant des amis.
Je n’ai pas arrêté d’alterner entre la piste de danse et l’espace de jeux, nageant joyeusement dans ce bain de foule où je tombe à tout moment sur des amis, avant que les courants ne nous séparent. Il y a des amis que je ne croise qu’aux Nuits Dèmonia, ils viennent souvent de loin, de province, et c’est toujours un plaisir, ce rendez-vous année après année.
Beaucoup de nouveaux venus aussi lors de cette édition, certains m’ont dit avoir osé venir après avoir lu des récits de soirées sur mon blog ; ça me fait toujours super plaisir ! Je les considère du coin de l’oeil, je me ferais un plaisir d’initier des débutants aux subtils plaisirs de la soumission, si jamais ils s’aventurent dans mes pattes – finalement, je ne ferai qu’une seule victime 😉 (consentante)
Une équipe d’ angels s’active et patrouille pour veiller sur nous et à ce que tout se passe bien : discrets et respectueux des jeux en cours, et bien visibles avec leur casquette multicolore si on a besoin d’eux.
Je me régale avec les fabuleuses tenues croisées : des « poupées » aux têtes immenses, des créatures masquées, des fans de latex en grand nombre, des créatures dark, cyber, d’une autre planète ou d’un autre temps…
Une amie créatrice, Raphaëll Nunorthodox s’est fabriquée d’immenses ailes, devenant une sorte d’ange du jugement dernier, sans se départir de son grand sourire.
J’ai adoré aussi la tenue d’Evie Calypso créatrice de Sweet Arrogance (où j’ai bien craqué lors du fetish market) : un costume féérique de loin, rose romantique… mais de près, Halloween à fond, avec son chapeau-cerveau sur sa tête dégoulinant de sang sur son visage, son corset dessiné d’entrailles, et ses chaussures rose bonbon à mâchoires… j’ai aimé cet humour décalé et sanglant ! Dans le même esprit, j’ai aussi croisé une amie avec un poignard planté dans le crâne. Et moult créatures cornues et diaboliques, en phase avec le thème Inferno.
Pour faire bonne mesure, je porte une croix gothique autour de mon cou, qu’un ami s’est amusé à baiser avant de mimer d’atroces souffrances de vampire. J’ai croisé aussi quelques nonnes infernales, bien décidées à faire sucomber à la tentation le pauvre pêcheur.
Du côté des uniformes, j’aperçois de loin une casquette, je frémis, pour découvrir mon méchant garçon préféré, compagnon de voyage récent. Il y a aussi ce policier en latex noir brillant, casquette comprise.
J’ai dévoré des yeux une amie absolument ravissante dans sa robe de latex hérissée de piquants de métal et son serpent autour du cou et dans les cheveux… qui s’y frotte s’y pique !
J’ai croisé une inconnue vêtue de feuillages, avec un serpent aussi. Poison Ivy ? Non, Eve ! et une mignonne chatonne avec ses oreilles et son bout du nez tout noir. Et, plus incongru au milieu de ces créatures démoniaques : un panda… une touche kawaï dans cet univers démoniaque.
Beaucoup de maquillages spectaculaires, des paillettes, des strass, des larmes en perles, des lentilles qui donnent un regard de chat… Un ami, le visage entièrement peint en noir m’embrasse, et une amie me dira plus tard que j’ai la figure toute sale (dur, j’avais déjà fait des photos ! J’ai foncé me regarder devant une glace, dépitée devant mon nez noirci et mes joues terreuses ^^ une vraie ramoneuse de cheminée)
J’ai réussi à voir plusieurs shows cette fois, prenant garde à ne pas rester ad vitam dans le donjon (j’aurais pu, il y avait de quoi se distraire non stop !) : des danseuses, une pôle danseuse, des séances de shibari…
J’ai admiré le show époustouflant de Mère dragon en étant aux premières loges (je m’étais renseignée sur l’horaire, je suis en place une demi-heure avant son entrée sur scène, et je patiente en bonne compagnie au premier rang. Elle apparaît enfin, créature démoniaque tout en noir, avec sa queue et ses cornes. Elle allume des flambeaux, danse avec eux, crache le feu comme une dragonne, se joue de lui… Je sens la chaleur du feu sur mon visage, je profite de tous ses gestes et mimiques. Elle s’envole ensuite sur sa barre de pole dance, au milieu d’un pentacle de feu. Fabuleux show !
Je repense aussi à cette performance étrange et recueillie, extrême. Un homme se perce l’arcade sourcilière, dans une danse de sang, tandis que derrière lui, une jeune femme fantomatique se balance, suspendue par des crochets plantés sur son dos.
Je vis aussi des moments surréalistes comme je les aime : danser à nouveau le rock comme dans les soirées étudiantes de ma lointaine vie étudiante ; écouter quelques instants un ami DJ chanter des ballades à la guitare dans la salle des pas perdus. Je me serais bien attardée auprès de lui, chanter peut-être aussi avec lui, mais un rendez-vous m’attend… Un peu plus tôt, assis sur un banc, il accueille près de lui ses amies frileuses et les recouvre d’un grand drap blanc. Je me glisse au milieu d’eux, dans ce « lit » improvisé. Nous nous blottissons, bientôt rejoints par un chaton bien connu de nos services qui vient nous lécher les mains et le cou (heureusement, sa langue est plus douce que celles des chats !).
Je ne pensais pas rester longtemps, accusant une certaine fatigue après avoir vécu déjà deux belles soirées : l’Opening party, très sympa, et la XX-Hell Fusion de la veille (oh là là, comme j’ai adoré cette soirée ! Superbe son et DJ, et quelle excellente idée d’installer le donjon dans un coin de la salle de danse, tous les plaisirs réunis ensemble ! Le partenariat entre Les Goûters du divin marquis, Hell’O Kinky et Dèmonia a merveilleusement fonctionné, pour nous offrir une soirée mi kinky mi bdsm, et la liberté joyeuse de mêler tous les plaisirs – mais je manque de temps pour raconter, et tout n’est pas racontable ^^ (on en redemande des soirées comme ça, nous sommes tous et toutes unanimes !)
Finalement, je suis restée jusqu’à la fin de la Nuit Dèmonia, toute fatigue envolée, portée par l’ambiance et les participants ! J’avais l’impression d’avoir plein de temps devant moi avec le changement d’heure, et une séance joueuse est sur le point de s’organiser entre amis, quand soudain la musique se tait dans le donjon, les lumières se rallument, nous tirant d’un long rêve. Il faut nous réveiller, nous secouer, et prendre le chemin du vestiaire, puis de la maison. Avec regrets ! Je n’ai pas eu le temps de m’attarder auprès d’untel ou unetelle, entr’aperçus un instant, j’ai manqué des shows, je n’ai pas assez dansé, pas assez joué… Comment une soirée supposée durer 7 heures d’affilée peut-elle se terminer aussi brusquement, alors que je suis encore à fond dans le bain, au top de mon énergie retrouvée et de mes envies.
Mon chauffeur Uber qui me ramène à bon port, curieux : « c’était une soirée Halloween, non ? J’ai vu quelques personnes déguisées ».
J’hésite à lui déciller les yeux, mais la fatigue l’emporte, je m’endors déjà.
— En quelque sorte
Mes derniers mots avant de m’endormir du sommeil du juste.
Ce matin – cet après-midi plutôt – je ressens une sorte de nostalgie, de déprime post soirée. J’attendais la Nuit Dèmonia avec tant d’impatience et d’espérances, et la voilà derrière moi. Tous ces amis à peine vus, et que je ne suis pas prête de revoir… Je n’en reviens pas de la vitesse supersonique a laquelle elle est passée ! Un présent qui s’étire éternellement sur le moment, et une accélération finale qui nous condamne tous au départ.
J’ai le goût des grosses soirées ! Malgré leur lot de galères vite oubliées. Les grandes soirées où se perdre en tout anonymat, peuplées d’inconnus (même s’il y a aussi plein de connaissances), où se promener sans fin, avec des shows extraordinaires… et Dèmonia nous offre cette magie, plusieurs fois par an… – J’espère qu’on aura bientôt la date de la future soirée ^^
– et j’aime aussi les plus petites soirées, intimes, familières, joueuses, ou les habitués sont devenus des amis et forment comme une famille fetish.
En conclusion, la Nuit Dèmonia a fêté en grandes pompes ses trente ans ! Deux jours de Fetish market réunissant des artisans de talent, des performers, des auteurs ; trois soirées avec chacune son identité et son ambiance, avec un crescendo jusqu’à la Nuit Dèmonia d’hier, point d’orgue de cette fetish week.
Joyeux anniversaire Nuit Dèmonia, et félicitations à toute l’équipe Dèmonia, au staff, aux partenaires, aux bénévoles qui ont oeuvré pour nous organiser cet événement hors-norme, un festival fetish-bdsm non stop sur trois jours 🙂
Photos : flyer de la Nuit Dèmonia, et ma tenue, avant de partir – il manque juste un masque de travers sur mes yeux. (J’ai failli porter un haut rose vif, mais mon cavalier du soir m’a fait remarquer que ce n’était pas trop raccord avec le thème Inferno. OK, en tout cas j’ai ma tenue pour le thème « cowboys et filles de saloon ! »