Après la phénoménale Monarch fin janvier, je trépignais d’impatience !
Cette fois-ci, j’évite le voyage en train, même si je me prive peut-être de quelques aventures : nous partageons un Uber avec un ami voisin. Nous arrivons dès l’ouverture (et même un peu avant ^^ – il faut vraiment que je me détende sur les horaires, je fais vivre un enfer à mes cavaliers d’un soir tant je les tanne pour partir tôt !).
C’est l’occasion de revisiter les lieux de fond en comble, et de noter les petits changements par rapport à la dernière fois :
Ce soir, un seul dance-floor nous tend les bras, je le regrette un peu, mais d’un autre côté, ce sera plus facile de retrouver les amis, et les lieux se réchaufferont plus vite. Il fait encore un peu frais pour l’instant, mais prudente et avertie, j’ai gardé mon perfecto aux multiples zips sur ma robe fetish.
Une grande tente accueillant un stand de bijoux et le stand RDR (réduction des risques) permet de rejoindre les play-rooms sans trop se refroidir (quelle bonne idée !). Je connais déjà bien l’espace play-rooms, mais je suis à nouveau époustouflée par le dédale de petites salles qui s’offrent à nous – et j’en découvre de nouvelles qui m’avaient échappée la dernière fois ! C’est un lieu magique qui se reconfigure au fil de nos visites ! Pas étonnant que l’on s’y perde, et qu’il soit difficile de le quitter, avec ses tentations dans les moindres recoins. Une enfilade de petites pièces plus ou moins éclairées et de toutes tailles proposent des lits, des banquettes, j’aperçois aussi une croix de St André, un pilori, un siège de dentiste, un fauteuil de velours…. Cerise sur le gâteau, un décorateur d’intérieur est passé par là, apportant sa touche personnelle : des fleurs printanières sont disposées ça et là, des tableaux kitchs accrochés aux murs (réclames anciennes, chalet suisse, Berger Allemand…) Un petit côté décalé qui me donne le fou rire, j’imagine déjà les étreintes fougueuses et viriles sous ces images d’Épinal !
La perspective des shows à venir me ramène au plus près de la scène.
J’ai bien failli passer toute la nuit là, tout contre une croix de St André, devant cette scène où les shows et les performances s’enchaînent. Je ne veux en manquer aucun !
Au début de la soirée, des danseurs et des danseuses se succèdent sur l’estrade, parfois à deux et même à plusieurs, pour nous offrir des chorégraphies pleines d’énergie, parfaitement en phase avec les rythmes trépidants de la techno. Ils nous hypnotisent et nous dansons comme des fous avec eux ! Certains se révèlent de véritables contorsionnistes, et tous ont la musique dans la peau, je ne les quitte pas du regard.
Charon de la Forge entre en scène en compagnie de sa soumise. Elle s’appuie sur le banc à fessée, se cambre et tend ses fesses. Elle semble fragile à côté de son maître aux allures de colosse, toute fine, nue, gracile. Charon dispose une sorte de canal au bout de la scène, juste devant les spectateurs, et allume une rivière de feu. Vision féérique et infernale, nous sommes subjugués, il se transforme sous nos yeux en maître du feu, un sorcier maléfique qui le dompte et en joue. Il fait naître des flammes éphémères dans ses mains, enflamme le dos de sa soumise, avant de balayer le feu d’une caresse. Des flammes qui ne durent qu’un instant, le temps de chauffer sa peau sans la blesser.
Charon enflamme ses martinets au contact de la rivière de feu, les martinets s’embrasent, dansent sur les fesses de sa soumise. Une magnifique flagellation, avec les martinets qui évoluent à toute vitesse, traçant dans les airs des figures de feu, éclairant la peau nue par éclipses… Charon offre régulièrement des pauses à sa soumise, elle reprend son souffle, tandis qu’il en profite pour se fouetter lui-même le dos de ses martinets enflammés.
Roxy, dominatrice cagoulée et amie, se présente à deux reprises sur la scène, pour des séances d’anthologie qui nous scotchent sur place. Elle domine quatre soumis à la fois sans le moindre temps mort, une véritable prouesse de performeuse sur l’espace restreint de l’estrade.
Les soumis n’ont pas une minute de répit ! Ils s’alignent sagement nus devant elle, debout, et s’offrent à la brûlure des bougies, à la morsure du fouet, aux flagellations du martinet…. La dominatrice jongle entre tous ces instruments en virtuose. Les soumis tendent tour à tour leur langue pour recevoir des gouttes de cire brûlantes, ils s’allongent pour en recevoir aussi sur leurs dos, leurs fesses (amusant cet alignement de fesses rebondies !), avant de se tourner de l’autre côté. Leurs sexes sont également copieusement arrosés sans qu’ils ne bronchent — nous, en revanche, nous frissonnons, les yeux grands ouverts sur leur martyre ! Je les trouve extrêmement endurants, d’autant plus que l’un d’entre eux porte une cagoule qui ne permet de respirer que grâce à une poche d’air percée d’un trou minuscule.
– Debout !
La dominatrice les emmaillote dans du cellophane épais noir, ne laissant dépasser que leurs têtes et leurs sexes. Elle s’empare de son fouet, fouette leurs sexes exposés qui dépassent du cocon noir. Le fouet s’enroule aussi autour de leurs flancs, de leurs cous… Nous retenons notre souffle. Elle fait danser au creux de sa mains ces trois soumis qui se plient à toutes ses fantaisies ! Juste devant moi, deux autres soumis attendent qu’on les appelle, peut-être. Je les connais, je me retiens de les chatouiller, ils doivent rester concentrés, mais l’un d’eux attrape ma main et me baise le bout des doigts.
Roxy demande à ses quatre soumis de s’allonger sur le sol à nouveau, et les aide au passage, car ce n’est pas simple quand on est emmailloté. Les deux soumis qui patientaient devant moi son requis, afin de la tenir tandis qu’elle piétine les soumis allongés de ses bottines à talons aiguille — ils sont heureusement un peu protégés par le cellophane, mais quand même ! Une marche impériale sur un parterre d’hommes… Je serais bien venue emprunter ce chemin vivant moi aussi.
Je quitte mon poste d’observation à la fin des shows et reprends mes déambulations, en quête de retrouvailles, de rencontres, de danse, d’aventures…
J’alterne toute la nuit entre le dance floor au plus près du DJ, au cœur du bain de foule techno ; le bar où je suis certaine de toujours retrouver des amis ; le labyrinthe des coins câlins qui m’attire régulièrement. Je me perds dans ce dédale, curieuse, me laissant gagner par les scènes entrevues, les gémissements et les cris… toute une ambiance onirique et érotique contagieuse ! Les plus tendres enlacements côtoient les étreintes sauvages, on se frôle dans les couloirs étroits, sur le seuil des petites pièces, des couples et des groupes se forment, se mélangent, se détachent… Toute une vie sensuelle et charnelle, où l’unique règle encore en vigueur est le respect du consentement ! Dans une pièce plus vaste, une séance de domination se déploie, digne des performances… Le tout sous le regard discret des angels qui veillent sur nous et patrouillent, en réussissant à se faire oublier (comment se lâcher sinon^^)
Je m’assois un instant sur le banc du stand RDR sous la tente près d’un ami. Il s’est assis là car ce sont les seuls sièges disponibles (hors play-rooms), et se retrouve à donner des conseils aux teufeurs. Il me protège du froid de son écharpe-drap, et nous rêvons un instant d’un espace chill plein de coussins et de plaids, où nous poser. (La dernière fois, il s’est formé spontanément sur un grand lit, mais ce soir, le lit est le théâtre d’intenses ébats !)
La soirée se déroule comme un rêve éveillé, jusqu’à ce que l’aube dissipe l’enchantement. Je retrouve mon voisin, nous quittons cette dimension parallèle de danse et de jeux pour rejoindre à regret la vraie vie… jusqu’à la prochaine soirée !