Un début d’histoire SF, ou comment l’imagination vient aux auteurs…
Nous les auteurs nous vivons toujours dans deux dimensions parallèles : la vie réelle, et la vie imaginaire. Chaque rencontre, péripétie, voyage, échange, va nous donner des idées ! Des histoires se forment toutes seules dans nos pensées en même temps que nous vivons notre vraie vie… et le temps manque pour tout écrire ! Car il faut choisir : vivre ou écrire.
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Nouvelle Terre
Le général sonne le rassemblement.
— Chers aventuriers, chers amis, vous êtes les premiers à fouler cette terre inconnue. Je tiens à saluer votre courage de m’avoir suivi sur cette planète étrangère ! Je suis plein d’espoir quant à notre réussite, il y a de la vie ici, des végétaux… A nous de mettre au travail, ne ménageons pas notre peine pour faire fructifier cette terre et prospérer ! Nous allons commencer par le plus urgent : explorer notre territoire, chercher de la nourriture, bâtir des abris… et nous allons nous amuser aussi ! Nous aimer, fonder des familles, nous multiplier, pour que ce lieu devienne notre chez-nous ! Nous étions des explorateurs, nous devenons des colons…
Des cris de joie et des applaudissements répondent au général, l’enthousiasme est à son comble ! La foule se disperse, chacun s’affaire, explore, fouille, farfouille, et rend compte de ses trouvailles. Sur ce monde inconnu, on se serre les coudes, on se soutient. Tout va très vite, des maisons de rochers et d’écorce sont bâties, des tunnels creusés. Les couples se forment, et des bébés ne tardent pas à naître, soudant la communauté autour d’eux.
Les colons sont au paradis, ils ne manquent de rien. Un mystérieux climat agite régulièrement le ciel, des tempêtes inconnues grondent, secouent le sol de séismes, des vents violents projettent des averses torrentielles et quantités de déchets végétaux de provenance inconnue dont ils font leurs délices. Ils n’ont plus peur, ils s’habituent à ce déchaînement des éléments, apprennent à l’apprécier. On dirait que la planète est de leur côté, veut les aider de son mieux, maladroitement parfois…
Mais bientôt, des nouvelles alarmantes proviennent des frontières. Les explorateurs sont allés loin, aussi loin que possible, et ils se sont heurtés à une falaise. Les plus hardis ont réussi à la franchir, ils ne sont toujours pas revenus. Il semblerait que leur camp de base se soit installé au milieu d’un cercle de falaises, les emprisonnant. Cette nouvelle terre d’accueil sera bientôt trop petite pour les accueillir et les nourrir tous, il va falloir refaire les bagages, trouver un moyen de s’envoler ailleurs, repartir à zéro.
Le général soupire, et sonne le rassemblement.
Et maintenant, l’histoire vraie :
Tout commence par un cri de femme dans la nuit.
— Aaaaaaa !! Quelque chose bouge, là, au pied de notre bonsaï.
L’homme, flegmatique, se contente d’un laconique :
— Ne t’inquiète pas, ce sont des cloportes !
— Quoi ? Mais non… ouste, je ne veux pas d’insectes à la maison !
— Ils ne posent aucun souci, ils ne bougent pas du pot, ils restent dans la terre… ce sont les alliés des jardiniers : ils remuent la terre, l’aèrent, recyclent les débris végétaux… on va s’amuser, regarde…
Il dépose au pied du bonsaï des épluchures de légumes, et effectivement, au fil des jours, elles sont avidement grignotées.
Je me méfie un peu quand même, je me promets de surveiller de près leur comportement, aucune envie d’avoir des cloportes grouillant partout dans la maison. Si jamais j’en surprend un qui fait mine de sortir, ça va chauffer !
En soulevant les petites pierres décoratives, j’en déniche des grappes ! Notre bonsaï abrite une véritable colonie, qui s’active sous la terre. Ils se tiennent tranquilles cependant, et ne s’aventurent jamais en dehors de leur habitat. Peu à peu, ils gagnent ma confiance ; pire, je m’attache à eux. Je remarque que des maladroits tombent dans le plateau sous le pot, et je vérifie de temps en temps. Ils explorent désespérément cet espace de plastique désertique. Alors, je transvase ces imprudents dans les jardinières du balcon, ils y seront plus au large. Petit à petit, je regarde de plus en plus souvent, les accidents devenant plus nombreux à mesure que la colonie prospère. Certains ne survivent pas, et les découvrir tout secs les 4 fers en l’air me chagrine… Je me promets de vider le plateau une fois par jour. Puis, deux fois par jour.
Et maintenant, je vérifie toutes les heures ! Je ne veux plus déplorer la moindre perte dans la colonie dont je suis devenue responsable ! Ils ont l’air d’avoir une autonomie très faible en dehors de leur terrain : une nuit ou une journée tout ou plus à tricoter des papattes pour tenter de sortir du plateau, avant de renoncer, se renverser sur le dos et se laisser mourir.
Là par exemple, je pense à eux puisque j’écris à leur sujet, et ça me démange d’aller vérifier s’il y a eu des chutes.
Je commence à me faire du souci aussi, ils s’agglutinent de plus en plus nombreux aux abords du pot, se pressent contre ses parois, comme s’ils cherchaient à sortir. Et s’ils étaient malheureux, prisonniers ?
Je me renseigne sur internet, discrètement, pour vérifier si je deviens folle, et ouf, je ne suis pas seule, il y a même des vidéos sur Youtube sur l’élevage de cloportes. Un youtubeur se réjouit d’avoir eu des « bébés » ! ça va, je me détends, il y a pire que moi ^^. Je vais quand même étudier de près si je peux améliorer leurs conditions de vie…
Photos : prises sur le net, projets de colonisation de Mars
2 commentaires
Merci beaucoup Pastelle ! J’hésite toujours à sortir de mon registre habituel, mais finalement, je ne résiste pas à l’envie de faire ce que je veux… et je suis contente que mon histoire bizarre te plaise
Elle est excellente ton histoire, bravo ! J’adore…