La cave

Me voilà toute seule dans la maison vide… 99 % du travail accompli, je vais enfin pouvoir me prélasser ! Voire songer à rentrer… Mais c’est finalement le dernier pour cent qui est le plus pénible et le plus laborieux, et dont on ne voit jamais la fin.
Oh, on a complètement oublié la cave ! Il faut dire qu’elle est bien camouflée, et personne ne s’y risque depuis des lustres. On y entre par une trappe du garage qui s’ouvre à l’aide d’une manivelle. Je vais y jeter un coup d’œil, en croisant les doigts pour qu’il n’y ait pas grand chose.
Hop, je manœuvre la manivelle, la trappe se soulève avec réticence, lourde, retenue par mille toiles d’araignées… Un film d’horreur se déroule dans ma tête, cette scène vue cent fois dans les films et les séries : le méchant invite l’héroïne à descendre les marches d’une cave et referme violemment la trappe sur elle, l’enterrant vivante.
Personne ne cherche à m’emprisonner, enfin je crois, mais j’imagine déjà la lourde trappe refuser de se maintenir en place, le mécanisme grippé se relâchant soudain. Dans un fracas épouvantable, la trappe s’abat sur le sol et m’enferme, alors que je suis en train d’explorer la cave avec mon téléphone. Vlam !
Je suis seule, personne ne s’inquiètera de mon sort avant plusieurs jours. Il me faudra cohabiter avec des araignées, dans le noir, une fois mon téléphone en panne de batterie, ayant cherché en vain du réseau.. Je vais m’arracher les ongles à tenter de soulever cette trappe plus lourde que moi, m’user la voix à crier de toutes mes forces, mais vu l’épaisseur des murs, c’est perdu d’avance…
Tout ce scénario catastrophe jaillit en un millième de seconde et me fait reculer.
Tant pis pour la cave, elle restera intacte, emplie de coffres aux trésors jusqu’au plafond peut-être, mais plus vraisemblablement de vieilles bouteilles de vin périmées.
– Au moins, je ne serais pas morte de soif, mais d’ivresse.

Le 23 août – La cave, épisode 2 (ce thriller !)
Un chevalier servant (enfin, son équivalent des temps modernes : un bricoleur costaud) vient à mon secours pour examiner la cave oubliée. Je retiens la trappe traîtresse et il s’aventure avec son téléphone le long de l’escalier où des araignées vivaient en paix….
Il s’exclame :
– Des caisses en bois du sol au plafond !
Je m’alarme un instant avant de respirer : elles sont vides. Le long des murs, des étagères où s’alignent des bouteilles de vin passé, et tout au fond, un coffret en métal rouillé que mon bricoleur peine à remonter tant il pèse.
– On fait moitié-moitié ? fait-il avec un clin d’œil
– Tope-là !
Il s’acharne longuement sur la serrure rouillée, pendant que nous bâtissons des châteaux en Espagne : il évoque des Louis d’or ; j’imagine des lettres jaunies, des photographies sépia, des histoires d’amour malheureuses et des secrets de famille…
La clef finit par tourner dans un grincement sinistre. Suspense, nous retenons notre souffle !
Rien… La boîte est vide, malgré son poids d’enclume.
Adieu Louis d’or ou secrets révélés ; c’était bon de rêver et c’est encore mieux de rire de nous-mêmes et de nos espoirs déçus !

 

Étiquettes :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

À propos de l’auteur

Blogueuse et autrice