Initiation au Shibari

2018-07-05 14     Le 4 juillet dernier, j’ai participé à un atelier Shibari, se déroulant au « Clocher ».
     « Le clocher » est une friche de la RATP en plein Paris, investie par des associations artistiques qui travaillent autour du corps. Il accueille en particulier des cours de découverte du Shibari.
    Pourvu que toutes ces associations puissent s’y installer à demeure !
    Surprise, c’est Belen, une amie actrice, qui nous ouvre, elle nous fait les gros yeux pour rire :
    — Oui, c’est pour quoi ?
    Plusieurs réjouissances se déroulent en ces lieux, une répétition d’un atelier Erosphère, et l’événement autour du Shibari, qui m’intéresse ce soir.
    — Le Shibari !
cours shibari    J’ai assisté à tant de belles performances, j’ai envie d’en savoir plus, sans l’ambiance d’une soirée fetish, sans la musique qui nous distrait, afin de me concentrer uniquement sur les cordes, pour peut-être apprendre un jour à mon tour. Ce serait sympa d’attacher mon soumis de soirée préféré, et l’agacer de savantes tortures, chatouilles, etc… J’ai aussi envie de vivre l’expérience des cordes, au-delà de mes mains liées, d’aller plus loin.
    Un ami amateur de cordes m’a parlé de ce cours de shibari, suivi d’une pratique libre. Je pensais arriver pour la partie libre, mais le cours n’est pas encore terminé.
    Le professeur, Stéphane Arnoux NawaShiva, nous invite à nous asseoir, c’est le moment du débriefing.
    Je bois les paroles des participants : « je me suis sentie comme dans un cocon, j’ai lâché prise, je me sentais bien, à l’abri, entourée ». La plupart des duos étaient connectés, dans une bulle, souvent sans même se connaître avant. Seul un duo a connu des dissensions : « je voulais plus de douceur, c’était trop intense » confie la jeune fille. Certains auraient aimé un cours plus axé sur la technique, l’apprentissage, d’autres étaient ravis au contraire qu’il se concentre surtout sur les ressentis, l’écoute, la connexion à l’autre, l’énergie qui circule.
    — Pour terminer le cours, je vais vous montrer deux exercices, vous choisirez celui que vous voulez, annonce le professeur.
    Je dois quitter mon rôle préféré, celui de voyeuse, et passer à l’action. Des cordes sont à portée de mains sur le sol, j’en saisis une pour me familiariser avec son contact.
cours shibari 2    Le premier exercice consiste à ramener les bras en arrière, enrouler la corde autour du cou, gloups, la ramener ensuite vers les poignets. Le deuxième s’intéresse au corps tout entier : il s’agit d’allonger son partenaire, de faire bouger son corps naturellement, avant de le lier dans une position naturelle, confortable pour lui, et ceci trois fois de suite.
    Je me concentre sur la démonstration. Les gestes du maître shibari semblent faciles, couler de source quand je le regarde, mais une fois ma corde en main, tout s’embrouille. Vite, je la donne à mon partenaire.
    — Tiens ! Tu es plus doué que moi pour tout ce qui est manuel !
    Je tends mes bras en arrière, et m’offre à lui, ce qui nous fait un peu bizarre. Il commence à m’attacher, aidé par le professeur, bienveillant malgré notre intrusion tardive. Au moment où il passe la corde autour de mon cou, l’instinct de survie est le plus fort, tout mon corps se rebelle.
    — Non ! Je ne veux pas mourir maintenant, pas encore !
    Nous rions, il me taquine pour me détendre.
    — Promis, je vais faire attention…

mon dos
    Il essaye de passer la corde plus haut, l’applique doucement, juste en dessous de mon menton, mais ça ne me va pas non plus. J’hésite entre fou rire et panique, la contrainte exercée sur ma gorge me donne envie de ruer et de me dérober. La corde trouve finalement sa place juste en dessous de ma bouche, et je me détends, attentive aux sensations. Je me sais légèrement claustrophobe, je préfère ne pas penser au temps qu’il faudrait pour me libérer en cas de souci.
     Je goûte enfin le moment, entravée, à la merci de mon gentil partenaire qui se montre si attentif à mon bien-être, et me parle au creux de l’oreille. Je me laisse aller à la sensation des cordes glissant sur ma peau, s’enfonçant légèrement, de ses doigts agiles qui me frôlent au fil des nœuds, comme des caresses furtives. Je comprends peu à peu ce qui plait tant aux amateurs de cordes, même si je ne fais qu’effleurer le sujet.
  2018-07-05 14  C’est fini, la corde se déroule, je me sens presque seule sans son étreinte, mais libre aussi, légère, et je cours vers mes amis échanger nos impressions.
    Je reviendrai !

    Quelques liens :
    La page French Bonds
    Le site French Bonds :
    Prochain cours le 25 juillet : L’événement Facebook
    Le tumblr de Stéphane Arnoux
   
    Photo de Stéphane Arnoux et son modèle : Jess Grinneiser

6 commentaires

  1. Leo a écrit :

    J’ai toujours cru que le Shibari était une technique barbare. Déjà beaucoup moins en vous lisant. J’aime bien la métaphore du cocon, mais je préfère les papillon(nes) aux chenilles

  2. Leo a écrit :

    Le Shibari m’avait toujours dégoutté… la lecture de ces très beaux billets sur l’amour de cordes, la description de vos sensations, l’image du cocon ne m’ont pas fait changé d’avis mais…un je ne sais quoi, une attirance, entre malaise et curiosité me titille. Je sens la passion sous vos mots…troublant…

    1. Clarissa a écrit :

      Merci Léo pour ce retour ! Je suis ravie d’éveiller ton intérêt ! De te faire changer d’avis, peut-être…

      1. Clarissa a écrit :

        C’est une pratique très belle je trouve…. et les cordes finissent toujours par se délier et libérer le papillon

  3. Clarissa a écrit :

    J’aime beaucoup regarder, maintenant, je franchis une étape… c’est une pratique fascinante !

  4. Chris a écrit :

    J’aime beaucoup le Shibari, merci de ce compte rendu d’expérience ! 😊

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