Je fais l’impasse sur la soirée en question (certaines choses doivent rester secrètes 😉), pour raconter directement l’après-soirée ; toute une aventure de parisienne, en proie avec les mystères de la banlieue ^^
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Je quitte ma soirée un peu avant la fin — toujours ma crainte de la cohue devant le vestiaire si j’attends la dernière minute ! Des amis m’ont proposé de les suivre en after, je suis tentée un instant, avant de renoncer sagement — mais comment font-ils !
Ma soirée se déroulait dans un bâtiment situé sur une immense dalle, surplombant plusieurs niveaux de parkings. A l’aller, je ne me suis pas posée de questions, le métro m’a déposée à proximité des lieux (J’ai un peu erré ensuite dans un grand centre commercial violemment illuminé et désert, jusqu’à ce qu’un vigile bienveillant me guide à travers un dédale de couloirs techniques ; certains lieux de soirée se méritent, un vrai jeu de piste ! Je l’ai vivement remercié.
— C’est normal, je suis là pour rentre service !
J’ai préféré ne pas lui dire que des centaines de fêtards égarés vont sans doute suivre…)
Le contraste est incroyable entre l’effervescence, la musique de la soirée, et le calme absolu de la nuit. Un silence total, un froid vif, mais agréable, comme s’il allait neigeait.
Un homme m’accoste, il veut bien me ramener chez moi, tout de suite, et me demande mon adresse. Je comprends que c’est un faux Uber, qui travaille au black.
— Pour vous, ce sera 40 euros, dans 18 minutes vous êtes chez vous.
Ça me paraît exorbitant, je vérifie le prix d’un Uber.
— Mais c’est 20 euros avec Uber !
— A cette heure-là, il n’y en a pas, vous allez attendre dans le froid longtemps.
Ça m’est égal, je n’aime pas ce sentiment de me faire arnaquer — et au pire, le métro ouvre bientôt.
Pour commander un Uber, il me faut trouver une adresse, et là je suis au milieu de nulle part, sur cette immense dalle de béton telle qu’on les affectionnait dans les années 70’s. Je n’aime pas trop, on est loin de la rue, de l’animation, de la vie… sans adresse, dans une dimension inaccessible. Ce n’est que du béton vide à perte de vue, aucun effort de déco, aucun arbre.
Impossible de trouver un escalier pour rejoindre la rue plus loin en contrebas, ici c’est le règne de la voiture, rien n’est prévu pour l’humain privé de son exosquelette à quatre roues. Je dois m’aventurer dans les parkings déserts. Je commence à m’enfoncer de plus en plus dans les différents niveaux de parkings, et jamais je ne trouve le panneau « sortie » – les seules sorties indiquées sont « centre commercial », sur la dalle d’où je viens. Les parkings sont plongés dans l’obscurité, vaguement éclairés de vert comme un vaisseau spatial en sommeil.
Ils sont étrangement beaux, je n’ai pas peur, je prends même une photo ; il y a peut-être une histoire à la clef ! Je continue d’errer entre les niveaux de parkings, un vrai labyrinthe. Je suis un peu dépitée, mais sans inquiétude, à part celle de prendre sur mon temps de sommeil, car d’autres festivités m’attendent le lendemain… mais bon, au pire, je remonterai pour attendre le métro, je ne suis pas en danger au fin fond de la jungle. (Si je retrouve mon chemin ! Et peut-être que le parking a refermé ses portes jusqu’à lundi, m’engloutissant entre ses murs)
Et soudain, grand flash lumineux, le parking s’éclaire de toutes ses lumières, des néons blancs, aveuglants. Ils deviennent plus inquiétants, toujours déserts, animés d’une vie propre — heureusement, il ny a pas de musique classique, sinon je me retrouverais dans un film d’épouvante ! Je prends une autre photo, mais le parking ne se laisse pas faire, c’est flou ! Je guette un bruit de voiture, le pas d’un vigile ; rien. Il s’est allumé mystérieusement pour rien, pour moi, pour m’aider. Et effectivement, je trouve enfin le panneau « sortie » ! Celle pour les voitures, faut pas exagérer non plus ^^ mais au moins je serai à l’air libre ! Et je me mettrai en quête d’une adresse à entrer dans l’appli Uber.
Je débouche sur une station-service, et une sorte de sortie d’autoroute ; je dois même enjamber un parapet et marcher sur un terre-plein, histoire de ne pas marcher directement sur la route ! Un paysage de banlieue s’étend à l’infini, des bretelles d’autoroutes, des voies rapides, des immeubles ; pas un passant, pas un troquet, pas un bruit, aucune voiture. Le temps s’est arrêté. Et là, comme dans des films surréalistes, j’avise une station de bus toute éclairée et accueillante — limite je m’attends à voir apparaître Totoro ! Plusieurs bus à trois chiffres proposent leurs services, pour plein de destinations lointaines, une véritable invitation au voyage. Tous fonctionnent déjà et affichent leurs temps d’attentes : 14 minutes, 22 minutes… Je commence à me dire que je vais prendre n’importe lequel, et on verra bien ! L’aventure !
Je me ressaisis et décide d’appeler un Uber à moi (Je jouais aux jeux de rôles il y a longtemps, je ne peux m’empêcher de me dire que mon téléphone est un objet magique qui me permet d’invoquer des créatures et des démons, un tapis volant ou un cheval ailé !)
Miracle ! Il y a un Uber dans le secteur, à trois minutes, et il me choisit ! Et miracle numéro 2, la géolocalisation fonctionne, il trouve tout de suite mon abribus coincé entre deux autoroutes. Quelques assoupissements plus tard, me voilà rentrée, home sweet home !
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— Cela me rappelle d’autres anecdotes avec Uber, ces amis de fin de soirées qui me raccompagnent jusqu’à chez moi quand le métro me fait défaut, ou que je suis trop fatiguée.
— A venir aussi bientôt, une nouvelle érotique hard dans un parking ! Censure en vue sur Facebook ; ça me fera une pause 😉