J’ai envie de commencer une petite série sur mon blog : « les fantasmes » versus « leur réalisation ».
On dit toujours qu’il faut s’efforcer de réaliser ses fantasmes – pas tous cependant ^^:
– il y a des fantasmes irréalisables (ceux avec les aliens, les tentacules, ceux qui nécessitent une logistique trop compliquée, ou encore sont interdit par la loi – les lieux publics, etc.)
– d’autres le sont tout à fait au contraire, et parmi ceux-là :
* il y a ceux qui alimentent notre imagination et notre excitation, mais que l’on ne souhaite pas réaliser, pour X raisons. Ce « cinéma interne » suffit à notre bonheur.
* et ceux que l’on a envie de réaliser, juste une fois, ou à maintes reprises, jusqu’au fétichisme. Le plaisir persiste malgré la répétition, jamais le fantasme ne s’use. Parfois, il ne reste plus que lui dans toute une vie sexuelle qui fut sans doute plus variée avant, mais il comble son fantasmeur qui n’aspire à rien d’autre (je pense à certains soumis qui ont UN kink et un seul, toujours le même, depuis des années, et qui s’y adonnent avec toujours autant d’enthousiasme.)
Ou sinon, on peut réaliser son fantasme une seule fois dans notre vie, et cela nous comble pour toujours. Ce fantasme peut ensuite se maintenir, ou non, dans notre bibliothèque interne : revenir spontanément dans nos pensées, comme des flashs, être invoqué au moment ad-hoc, ou s’évanouir en fumée une fois confronté aux désillusions de la dure réalité.
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Je rêve souvent de me retrouver sur une moto, enlaçant un motard. Ne faire qu’une avec la machine (et le motard), savourer le ronronnement du moteur, sentir la moto vibrer entre mes jambes… L’ivresse de la vitesse, en confiance avec un pilote de compet’ ! Je ne sais pas ce que je préfère, la moto ou le motard… Les deux ensemble, indissociables !
Un fantasme qui a la vie dure, depuis toujours, je ne sais pas d’où il vient (Top Gun ou Mission impossible ? ), et qui parfois se confronte à la réalité ; je ne compte plus les amis que j’ai «embêtés » pour qu’ils m’emmènent ici ou là sur leur moto.
Mais je crois que j’aime surtout «l’idée de faire de la moto», car une fois juchée sur l’engin pour de vrai, c’est une toute autre histoire : l’appréhension m’envahit (elle est inexistante dans mon fantasme), je deviens trouillarde, et le plaisir vient petit à petit, une fois la peur envolée… (un peu comme au ski)
Dans mon fantasme, j’enfourche l’engin avec grâce et facilité, hop.
Mais en fait, c’est haut ! Il faut me désarticuler, m’écarteler, pour grimper laborieusement sur le siège, mettant en péril l’équilibre général, au risque d’entraîner dans ma chute la moto, le motard…
Une fois juchée sur la moto pour de bon, je voudrais entourer la taille du pilote de mes mains, de mes bras, le serrer à l’étouffer, comme s’il était ma planche de salut, mon sauveur… Le broyer entre mes mains au point de provoquer ce que je redoute ^^
Mais il ne veut pas que je l’étreigne ; je dois me tenir sagement, mettre mes pieds là, mes mains ici… Okayyy. Ce n’est pas le moment de discuter, de le contrarier, alors que je remets ma vie entre ses mains.
Il commence doucement, on roule à peine. Il devine mon anxiété, il me laisse le temps de m’accoutumer, quand soudain, sans prévenir, il accélère brusquement, en un centième de seconde on passe le mur du son, on vole plus vite que la lumière ! Panique à bord, «on va tous mourrriiiiiiirrrrr !!!», je vais être propulsée dans les airs, m’écraser sur le bitume, mille voitures vont me passer sur le corps (on est sur le periph’). Il ralentit, pong, mon casque cogne le sien — je me collais à lui, question de survie…
Un fantasme secondaire lié à la moto, et qui revient souvent dans mes textes, se réalise : avec le vent de la course, ma jupe s’envole, je montre mes jambes, peut-être plus, à tout le monde. Le temps d’un clignement des yeux, personne n’a le temps de voir, on passe à la vitesse de l’éclair quand tous se traînent à deux à l’heure… Super pouvoir de super héros !
C’est une autre histoire aux feux rouges, mais heureusement, ma jupe s’est remise sagement en place. D’autres deux roues s’arrêtent à notre hauteur, j’échange des coups d’œil furtifs avec leurs pilotes. Impossible d’interpréter leurs regards à travers leurs casques : jaugent-ils la conduite de mon chauffeur, la marque de la moto, moi et ma jupette qui volette ? Je voudrais les aguicher, leur tirer la langue, mimer un baiser, leur faire un doigt d’honneur, et puis on filerait plus vite que le vent en riant aux éclats !
Je commence à me détendre et profiter du voyage. La beauté des lumières de la ville qui défilent à vive allure; des paysages presque oniriques, comme si l’on voyageait à travers le temps. (Dans mon fantasme, je songe surtout à la moto et au motard (le cuir de son blouson, la mécanique de la machine avec laquelle il ne fait qu’un…), mais dans la réalité, les paysages et l’environnement prennent le dessus, avec cette impression enivrante et effrayante de voler sur un tapis volant en ne se tenant qu’à un fil.)
Le pilote reste concentré, s’efforçant de rester toujours le premier, de passer devant tous les autres. Il zigzague, se fraye un chemin entre les rangées de voitures immobilisées… Les motards : toujours si fanfarons et compétitifs, ça m’amuse ! Est-ce leur seconde nature, ou pour me montrer l’étendue de leur talent, ou encore un changement d’attitude et d’humeur dès qu’ils enfourchent leur moto ?
Je goûte enfin le voyage, je pourrais aller au bout du monde, au bout de la France, et puis plonger nue dans la mer glacée du Nord, me sentir bien vivante après avoir frôlé le pire…. Mais on arrive déjà, quelques minutes d’éternité à peine… J’atterris toute étourdie, rompue, dans un état second, un peu comme lorsqu’on m’entraînait sur des montagnes russes ado, malgré mes réticences.
Je repense à tous les motards de ma vie. Je me souviens d’une virée en particulier, sur une autoroute déserte du sud de la France, avec un motard qui roulait à tombeau ouvert, longtemps, voulant m’impressionner peut-être, et c’était réussi au-delà de ses rêves et de mes cauchemars. Souvenir photographique de toutes mes sensations, de son blouson de cuir, de mes yeux fermés, mes dents serrées, tout mon corps tendu contre le sien, et c’était sans fin, on n’arrivait jamais, dans le bruit assourdissant du vent de la course… Je ne sais plus où on allait, je me souviens seulement du trajet.
J’ai préféré de loin cette balade nocturne dans Paris, avec les feux rouges pour reposer mon cœur, échanger quelques mots anodins avec le pilote (ce décalage !), avant de repartir pour un tour de grand huit à travers la ville.
Photo : film Top Gun 2 (un casque ? pour quoi faire ^^)
4 commentaires
Bonjour Miss Clarissa….
Très très drôle, j’ai été motard. Je vous livre ici une anecdote réelle vécue…
Je sors ma moto de révision et pars pour une balade en vallée de Chevreuse.
Je tombe sur une accorte autostoppeuse. Elle m’explique en 2 mots qu’elle vient de s’embrouiller avec son mec…et qu’il la planté ĺà.
Je risque le tout pour le tout et lui propose de la ramener chez moi prudemment pour lui fournir l’équipement nécessaire et la reconduire chez elle.
Elle ne portait qu’un petit haut. Peu habitué à être passagère elle m’enverre, et je roule prudemment. Étant déjà en infraction.
Quelques secousses non souhaités m’ont fait immanquablement sentir l’élastique fermeté de sa poitrine.
Provoquant chez moi, une certaine excitation dont elle n’a jamais rien su
Le reste de l’histoire ne présente aucun intérêt…
Mais ces quelques instants interdits… quel delice
Quel joli début d’histoire ! Et vous êtes un gentleman 🙂
Bonjour Clarissa, merci pour ce billet! Il me fait penser au roman « La Motocyclette » d’André Pieyre de Mandiargues qui, si je m’en souviens bien, évoque précisément ce fantasme. Tenez: il faudrait que je le relise… Bon été à vous!
Merci Fattorius pour ce retour et cette idée de lecture, qui m’intéresse, forcément ! Très bel été à vous aussi 🙂