Enlèvement

motard

    Je me souviens rarement de mes rêves, mais ce matin, un rêve m’est revenu tout de suite, avec tous les détails, mes sensations, mes pensées… il était à la fois effrayant, dérangeant et délicieux.

***

    Je marche dans la nuit, je suis avec un ami qui avance vite, et je perds du terrain. Bientôt, je me retrouve seule, mais je n’ai pas peur, j’ai l’habitude de marcher en ville la nuit, avec toutes les soirées où je vais. Cette fois, c’est un peu différent, on est dans une banlieue peu éclairée, c’est presque la campagne.
    Une bande de plusieurs garçons arrive en motos, elles vrombissent autour de moi. Ils m’abordent, me posent des questions, s’approchent un peu trop près. Ils sont tous en cuir noir, je ne distingue pas leurs visages avec leurs casques. Je me dis qu’ils veulent prendre mon téléphone – heureusement, toutes mes photos sont automatiquement sauvegardées sur un cloud, mais il y a tout le reste, les messages, les contacts… J’accélère le pas, anxieuse.
    L’un d’eux ralentit encore, s’arrête à mon niveau un instant, et m’enlève. Il me soulève de terre et m’installe devant lui sur sa moto. Je me débats, je veux descendre, mais il me maintient d’une main de fer, et redémarre aussitôt.
    Je ne bouge plus, j’ai peur de tomber. Peu à peu, je sens que quelque chose change. Au début, mon kidnappeur me tenait fort pour ne pas que je m’échappe, mais à présent, je devine qu’il me maintient tout contre lui pour que je sois en sécurité. Je suis un peu rassurée.
     Je me demande où il m’emmène avec toute sa bande, ce qu’il me veut. Si c’était seulement mon portable, ils auraient déjà pu l’avoir depuis longtemps, et s’ils voulaient abuser de moi, il suffirait de s’éloigner de la route… Je décide de ne plus me poser de question. Nous sommes en rase campagne, seul le ciel éclaire un peu le paysage. Je me laisse aller contre le poitrail du motard. Sa façon de me tenir change encore, il me serre comme il enlacerait son amoureuse. Je m’abandonne, je me risque à caresser un peu son bras, et il me rend ses caresses. Nous communiquons en silence, de nos corps et de nos mains. Son blouson de cuir et ses longs gants de cuir ne me laissent pas indifférente, même si ce sont des obstacles qui m’empêchent d’accéder à sa peau. Il roule à tombeau ouvert dans la nuit, longtemps, toujours en se montrant proche de moi, attentionné et tendre, et je voudrais que cela continue toujours. Je me sens de mieux en mieux, toute mon appréhension s’est envolée, je vis une aventure, en toute sécurité, car je sens qu’il me protègera quoiqu’il arrive.
    Il se gare enfin devant une maison isolée, suivi de près par sa bande de motards. Et là je comprends qu’il n’était pas censé se rapprocher de moi, car il reprend aussitôt ses distances devant les autres. Je me demande toujours ce qu’ils me veulent, mais je n’ai plus peur, je sais que mon motard veillera sur moi en secret dès que ses amis auront le dos tourné.

    J’ai oublié la suite hélas. Finalement, c’était une sorte de soirée. J’ai des souvenirs confus d’une espèce de vaudeville dans cette maison. On devait se cacher pour s’étreindre et s’embrasser, sans que les autres nous voient. Il y a eu des courses, et des parties de cache-cache dans toute la maison pour éviter de se faire attraper !

    Photo prise sur le net, créditée ou retirée sur simple demande

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