Enfer et damnation – Chap.8 Le supplice de l’eau

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   L’adultère, ce n’est plus si grave de nos jours, mais cela mérite néanmoins un châtiment ; on n’est pas en enfer pour se la couler douce !

   Chapitre 8 – Le supplice de l’eau (Clarissa)

   Luciférine ne décolérait pas, il se moquait d’elle et la baladait avec ces récits mignonnets, digne d’un quasi puceau ! Tout le monde se retrouverait en enfer si l’adultère suffisait, la place manquerait, les démons aussi… Et puis ce ton satisfait, sexiste et macho… insupportable ! Cerise sur le gâteau, il semblait n’éprouver aucun remord, cherchant ses mots en se rengorgeant, pour composer un récit plaisant… Luciférine fumait d’exaspération et se retenait de le gifler à toute volée ! Mais son désir se réveillait malgré elle en écoutant cette confession érotique. Il n’y avait pas que les fessées et les flagellations dans la vie. Un feu s’embrasait entre ses jambes, jusqu’à l’enflammer tout entière.
   Valentin ouvrait grand les yeux : comme elle était belle, brûlant vive, une véritable torche mouvante ! Il se sentait plein d’élan vers elle, mais le moindre baiser s’avèrerait dangereux, il s’enflammerait à son contact, pour redevenir cendres et poussières. Avant de renaître, il est vrai, mais il préférait ne pas courir le risque.
    —  Viens, suis-moi ! tonna Luciférine.
   Elle entraîna Valentin vers un lac souterrain où des séances de noyade se déroulaient à l’occasion. Ce supplice était passé de mode, le lac restait le plus souvent désert, au grand dam des démons aquatiques qui s’amusaient autrefois à tirer des jambes et des bras pour faire couler les pêcheurs. De quoi se plaignaient-ils ! Ils se relèveraient d’entre les morts de toute façon. Ils hurlaient tous en chœur au moment fatal malgré tout, et les démons se moquaient de leurs derniers souffles. C’était la belle époque, à présent, ils s’ennuyaient, se chamaillaient… Luciférine tombait bien !
   Elle se plongea dans le lac. Il s’enflamma un instant, avant de se mettre à dégager une épaisse fumée. Elle salua au passage ses confrères et leur promit de revenir jouer avec eux bientôt, avec quelques jouets prometteurs. Elle préférait pour l’instant remonter à la surface et serrer fort Valentin entre ses bras mouillés —au moins, le feu était éteint. Elle faisait preuve d’une force surhumaine et le pressait contre sa poitrine à l’étouffer et lui broyer les os.
   Comblé au début, Valentin se mit à gigoter, suffoquant, et chercha à se libérer.
   — Mais tiens-toi donc tranquille, gronda Luciférine. Pour une fois que tu ne t’es pas torturé…
   Elle l’embrassa fougueusement, ajoutant encore à sa difficulté de respirer. Elle le sentit bientôt devenir tout mou dans ses bras et glisser à terre. Il s’était évanoui ; quelle chiffe molle ! Il allait falloir s’endurcir pour la satisfaire ! Elle le ranima de quelques gifles bien senties.
   — C’est quoi cette comédie Valentin, tu es pire qu’un joueur de foot ma parole ! 
   Il ouvrit les yeux et sourit, telle la belle au bois dormant. À ceci près qu’il n’était point une princesse éveillée par le baiser d’un prince charmant, mais un condamné à l’enfer réveillé par les claques sonores d’une démone à la beauté infernale. Elle rougeoyait déjà, et ses gifles devenaient brûlantes. Il ne fallait plus tarder à l’embrasser ou il se brûlerait !
   Il ne réfléchit pas. Esquivant une nouvelle gifle, il posa sa bouche sur les lèvres chaudes de Luciférine. Surprise, elle oublia de le repousser ; il se sentit bienvenu. Il osa forcer ses lèvres de sa langue et partit à la rencontre de sa langue bifide comme celles des serpents. Il s’y enroula avec délices. Luciférine goûtait ce baiser, un baiser bien trop chaste et doux à son goût. Elle le corsa à sa manière, le ponctuant de quelques morsures.
   Cependant, elle s’enflammait de plus belle, et pour maîtriser son désir, elle s’avança à nouveau dans les eaux tièdes du lac, entraînant Valentin à sa suite. Le lac se remit à fumer, les entourant d’un épais brouillard qui sentait le soufre. Valentin se réjouissait, enfin il pouvait embrasser sa belle démone tout son soûl sans se brûler ! Il la portait et la pressait contre lui, elle était toute légère dans l’eau, et semblait se laisser faire, se contentant de lacérer ses flancs et son dos de ses griffes de tigresse. Il lui attrapa les mains pour qu’elle se tienne tranquille et Luciférine reprit ses mordillements, ses morsures jusqu’au sang. Bon Dieu comme ce condamné était tentant ! Son appétit se réveillait, elle n’allait en faire qu’une bouchée et le mordre avidement partout avant de le dévorer tout cru !
   Valentin se prêtait volontiers à ces baisers mordants, il y prenait goût. Finalement l’enfer, ce n’était pas si mal ! Il commençait même à se détendre, quand il sentit quelque chose frôler ses jambes, passer et repasser, comme des sortes de méduses de plus en plus insistantes. Bientôt, on le tirait par les bras, les jambes, on cherchait à l’entraîner vers l’abîme. Il commença à se débattre pour rester à la surface, avalant de grandes gorgées d’air, avant de se retrouver à nouveau sous l’eau. Luciférine l’aida à se maintenir à flot quelque temps, avant d’abandonner son partenaire à ses collègues ; il fallait bien qu’ils s’amusent aussi les pauvres, ce n’était pas drôle de rester affecté au lac quand si peu de gens s’y rendaient !
   Valentin se sentit couler pour de bon, il se laissa faire, se concentrant sur le fait qu’il « revivrait ». Il s’accoutuma à la sensation de suffocation, et en profita pour palper une dernière fois sa démone, tant qu’elle voulait bien se laisser faire. Elle n’était pas en reste, et pour compenser sans doute l’horreur de la noyade, elle plongea à son tour, accompagnant son voyage vers l’abîme en suçant son sexe, ravie de le voir s’ériger malgré les morsures dont elle ne manquait pas de le gratifier entre deux coups de langue pointue.
   Il vécut de délicieuses secondes d’éternité, malgré les démons aquatiques qui le malmenaient de mille façons, avant de s’évanouir. Il tomba en douceur sur le sable noir tout au fond du lac, inanimé. Luciférine le ramena bien vite à la surface avant que ses copains ne le mettent en pièces. Elle le déposa sur le rivage et entreprit de lui faire un bouche-à-bouche bien chaud, assorti de quelques claques brûlantes. Valentin revint bientôt à lui.
   — Oh, c’était fantastique !
   Luciférine fronça les sourcils ; il était censé vivre un enfer, mais contre toute attente, il supportait plutôt bien les punitions, endurant et patient. Il y prenait même goût peut-être ! Il faudrait corser encore les choses…
   En attendant, elle le désirait toujours, et plus que jamais. Le souvenir de son sexe dans sa bouche ne la quittait pas. Elle voulait le prendre à présent, s’accoupler avec lui. Il fallait simplement qu’elle maîtrise son feu intérieur, il n’était pas question de le livrer à nouveau aux démons du lac.

   Photo de Daniel Power, lors de la dernières Sinners Fetish Party : Luciférine entraînant Valentin vers le lac

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