Dans le premier épisode, nous avons fait connaissance avec la démone Luciférine, c’est au tour de son pauvre pécheur, Valentin, de se présenter.
Chapitre 2 – Péché véniel (Crimson)
Valentin se trouvait dans un environnement totalement inconnu. Comme souvent après ses nuits de débauche, il faisait un rêve embrumé, peuplé de créatures hurlantes.
Il suffit que je me demande comment je suis arrivé ici, se dit-il, afin de vérifier qu’il rêvait bel et bien. Tâche ardue, tant la nuit précédente fut emplie d’excès en tous genres.
Il s’évertua à reconstituer le fil de sa soirée : le club libertin où il s’était rendu, les personnes qu’il avait croisées, les femmes qu’il avait baisées… Un samedi soir très classique pour un libertin comme lui, qu’il avait conclu en s’écroulant de fatigue dans son lit. Pour se retrouver ici. Tout cela n’avait aucun sens, il était sûrement en train de rêver. D’un instant à l’autre, il se réveillerait, et…
« Aïe ! » Le fouet manié par l’un des occupants de cet endroit venait de lui mordre les jambes. La douleur n’aurait-elle pas dû le sortir de son rêve ? Il se pinça pour s’en assurer… Non, la souffrance était bien réelle, il n’était pas en train de rêver !
Comment était-ce possible ? Il se souvint de la douleur à sa poitrine, juste avant de s’effondrer dans son lit, qu’il avait mise sur le compte d’une simple fatigue musculaire due à ses excès. Se pourrait-il que ce fût autre chose ? Se pourrait-il qu’il fût… mort ?
Mais alors, cet endroit… Malgré la chaleur intense, un frisson glacial lui parcourut l’échine. Il arriva à la seule conclusion qui s’imposait : il était en enfer. Bon sang, les culs bénis avaient raison en fin de compte, grommela-t-il. Allait-il être tourmenté pour l’éternité ?
La petite troupe de trépassés dont il faisait partie fut conduite dans une sorte de temple, où se trouvaient plusieurs créatures difformes, à cornes, à queues, à sabots.
En regardant apeuré la scène, il ne put s’empêcher de poser ses yeux sur une paire de seins, la plus belle chose – et de loin – qu’il avait le loisir de voir depuis son « réveil ». Incapable de détourner les yeux, il se dit que finalement, tout ne devait pas être si désagréable dans ce lieu. Qui sait, la propagande religieuse avait peut-être dénigré l’enfer à tort.
Grand mal lui en prit. La créature démoniaque à laquelle la sublime poitrine appartenait avait surpris son regard, et commençait à se diriger vers lui. Sans lui laisser la moindre chance de se débattre, elle le chargea sur ses épaules, comme s’il ne pesait pas plus qu’une simple plume.
Il fut transporté de salle en salle par cette démone, et fut témoin sur le chemin de diverses scènes de tortures – il avait tort : l’enfer était bel et bien infernal.
Elle le déposa enfin dans une caverne, près d’un prie-Dieu orné de figures démoniaques et de croix inversées, et lui intima de lui révéler ses péchés. Pour lui, c’était une évidence, c’était bien la luxure qui l’avait mené ici. Bien, il fallait donc trouver une petite confession d’un petit péché, et espérer une petite pénitence. Il se mit à fouiller dans sa mémoire, et se remémora l’histoire parfaite, celle de sa première fois.
— Je vous avoue, madame, je suis un pécheur, j’ai succombé au péché de chair.
Était-ce bien celui-là qui portait sur le sexe ? Ou bien était-ce synonyme de gloutonnerie ? Il aurait pu le savoir s’il avait fréquenté les églises plus souvent. La dernière fois qu’il y était allé… Non, vite, se retirer ce souvenir de la tête, ça ne ferait qu’aggraver son cas.
— J’avais seize ans, j’étais encore un puceau. Avec plusieurs amis, nous étions en train de fêter le passage à l’an 2000, nous avions tous beaucoup bu. À la fin de la soirée, tout le monde avait fini par se coucher, sauf moi et deux amies, Alice et Chloé.
Il s’arrêta quelques instants, guettant la réaction de la démone. Son regard plein de curiosité l’incita à continuer.
— Je m’étais rapproché de Chloé, nous étions en train de nous embrasser. Je dus m’absenter quelques instants pour répondre à des besoins naturels, sentant que ce point risquerait de me gêner plus tard si la situation devait dégénérer. En revenant des toilettes, quelle ne fut pas ma surprise de voir que Chloé m’avait remplacé par Alice, et qu’elles étaient toutes deux en train de s’embrasser tendrement.
J’en voulu à Alice sur le coup, me disant qu’elle venait de ruiner mes chances, et que ce n’était pas encore ce soir que je perdrais ma virginité. À ce moment, elle rouvrit ses yeux, croisa mon regard, et m’invita à les rejoindre.
Nous mélangions abondamment nos salives, nos mains se baladaient sur nos corps… Je ne me souviens plus comment cela arriva, mais ma main glissa dans le pantalon de Chloé, au-dessus de sa culotte. « Vas-y, n’hésite pas », soupira-t-elle. Comment aurais-je pu refuser une telle demande ? Bientôt, ma langue remplaça mes doigts, tandis qu’Alice dégrafait le soutien-gorge de Chloé, et commençait à lui embrasser la poitrine.
Le reste de la nuit est plutôt vague. Je me souviens avoir perdu mon pucelage avec Chloé, avec qui Alice jouait également. Je me souviens m’être retenu d’enfouir mon visage dans les fesses d’Alice. Je me souviens que nous avons fini pas nous endormir exténués à même le carrelage.
Une petite histoire d’adolescence, un peu croustillante, voilà qui devrait calmer la démone et ses envies de fouet, se dit Valentin.
Luciférine n’avait pas perdu pas un mot du récit, se mordillant les lèvres au fur et à mesure. Elle s’approcha du prie-Dieu avec un grand sourire. C’est bon, je vais être absous, se dit-il, confiant. Elle se pencha à son oreille.
— Charmant récit, il m’a beaucoup plu.
Puis, reculant de quelques pas, elle lui lança un regard noir :
— Mais si tu penses que ça va me suffire, tu te trompes lourdement !
Photo d’Olive the duck : Luciférine en train de soumettre Valentin à la question, lors de la première Sinners Fetish Party