Valentin vient d’être sévérement puni pour son péché d’adultère, mais Luciférine n’en a pas fini avec lui ! Va-t-il enfin lui avouer le péché ultime, celui qui a fait chuter son âme dans les entrailles de l’enfer, jusque dans ses griffes ?
Chapitre 10 – Péché sacrilège (Crimson)
À son réveil, Valentin n’était que souffrance. La punition de la veille lui donnait l’impression de n’être plus qu’une plaie ambulante. Il avait aimé pourtant cette étreinte brûlante avec cette créature du diable ! Mais il en payait chèrement le prix… Il aurait dû renaître avec un corps tout neuf, au lieu de souffrir encore. Les marques imprimées par Luciférine avaient dû être trop intenses, la sensation de brûlure perdurait, sur son sexe surtout, et ses fesses.
Il savait bien ce qu’il avait à faire pour la satisfaire et alléger sa condamnation. Il le craignait depuis longtemps, mais il était temps de lui révéler l’aventure qui, il en était persuadé, l’avait mené droit en enfer. Il redoutait ce moment : si les histoires précédentes lui avaient valu de telles punitions, qu’en serait-il de celle-là ?
Il passa une partie de la journée à méditer sur son sort, en pesant le pour et le contre, quand Luciférine entra dans sa cellule, le regard sévère. À contrecœur, il se leva et la suivit, comme un condamné qu’on mènerait à l’échafaud.
— Alors, as-tu enfin décidé d’avouer pourquoi tu es là ? Ou as-tu encore envie de me faire perdre mon temps, aboya-t-elle d’un air glacial.
Valentin s’agenouilla devant le prie-Dieu – la situation lui semblait particulièrement appropriée — et commença à balbutier sa confession.
— Madame, je vais vous avouer mon plus grand crime. Il y a quelques mois de cela, un ami de lycée, que je n’avais pas vu depuis dix ans, m’appelle. Il m’annonce que son père vient de mourir, l’enterrement est dans deux jours, et ça lui ferait plaisir que je sois présent.
Je n’avais croisé son père que deux fois tout au plus, mais je me sentis obligé d’accéder à sa requête. Je posai donc un jour de congé, pris ma voiture, et traversai la moitié de la France jusqu’à un petit village du Puy-de-Dôme. Le GPS fit des siennes, et je me retrouvai en retard à l’église.
La messe venait de démarrer, j’entrai discrètement pour ne pas déranger la cérémonie. J’avais décidé de ne pas laisser mon aversion personnelle pour la religion ajouter au chagrin de mon ami. J’allais tâcher de faire bonne figure.
Je pris place sur un banc de la dernière rangée, où était déjà assise une belle inconnue, blonde, la quarantaine, coiffée avec un chignon, habillée de noir. À mon approche, elle me dévisagea longuement de haut en bas. Elle semblait en train de me juger – qui arrive en retard à un enterrement ?
La messe suivait son cours, je ne l’écoutais qu’à moitié, mon esprit vagabondant entre mes conquêtes passées et mes soirées futures. Le curé nous faisait fréquemment lever et asseoir, ce qui me sortait de mes rêveries. Je ne pus m’empêcher de constater qu’à chaque fois que je me rasseyais, ma voisine était plus proche de moi sur le banc. Je dois m’imaginer des choses, me dis-je alors, après tout, c’était peut-être moi qui, inconsciemment, me décalais vers elle.
Le doute ne fut plus permis quand, au moment de nous rasseoir entre deux prières, nos mains se frôlèrent, discrètement d’abord, puis de façon de plus en plus marquée. J’entrepris de lui caresser le dessus de la main, tandis qu’elle me serrait le poignet. Elle a l’air très affectée, pensais-je, elle doit être très proche du défunt. Mais je ne discernais pas de tristesse dans ses yeux, plutôt un regard que j’avais déjà vu mille fois : un regard d’envie.
Une fois assis à nouveau, ma main glissa vers sa cuisse recouverte de nylon, et, la caressant délicatement, je commençai à remonter vers son entrejambe. J’aimais particulièrement ces moments-là, essayer de deviner si c’était des collants ou des bas qui gainaient les jambes de ma partenaire. Cette fois-ci, je sentis une jarretière sous mes doigts. Bingo, des bas ! Cela va nous faciliter la tâche !
Nous fûmes tirés de nos attouchements par le prêtre qui nous somma encore une fois de nous lever. Je jetai un coup d’œil au livre de prières – bon sang, que celle-ci semblait interminable ! Après de trop longues minutes, nous fûmes enfin autorisés à nous rasseoir. Ma voisine ne perdit pas de temps, elle se saisit de ma main, et la plaqua sur son pubis. Sa culotte en dentelle était ruisselante de désir. Chacun avait sa propre façon de gérer son deuil.
Mes doigts se mirent à la masser, tandis qu’elle se mordait les lèvres pour ne pas gémir. Notre plaisir fut une fois de plus interrompu par le curé nous demandant de nous relever – qu’il se décide enfin, celui-là ! Debout ou assis, mais qu’on en finisse !
Mon regard se porta alors vers le côté de la nef. Le confessionnal était tout près de nous, et presque invisible aux yeux des autres participants. D’un geste de la tête, j’indiquai la direction à ma voisine. Je vis alors son visage se décomposer « Non, quand même, pas ça ! Pas pendant un enterrement ! » semblait-elle se dire. Puis, profitant du fait que le curé tournait le dos à la foule, elle se faufila promptement vers le confessionnal et en referma le rideau.
Amusé par tant d’audace, j’attendis quelques instants que l’attention du prêtre se détourne de l’assemblée à nouveau pour la rejoindre. Dans la loge étroite, je fus accueilli par mon amante, qui m’attendait sa culotte à la main, bien décidée comme moi à s’adonner au pire des vices.
Afin de limiter les éventuels bruits, je me saisis de sa culotte et la lui enfournai dans la bouche. Puis j’entrepris de la pénétrer en levrette, ce qui nous permit à tous deux d’assister à la fin de la messe à travers le grillage et le rideau entrouvert de l’autre isoloir. J’avoue, je fus peu attentif au corps et au sang du christ. Nous nous étreignîmes quelques instants, jusqu’à être pris tous deux de spasmes. La cérémonie venait de se terminer, les gens commençaient à partir.
Nous attendîmes plusieurs minutes avant de sortir de notre cachette, et, pensant l’église totalement vide, je fus pris d’une idée qui me sembla hilarante sur le moment. Mon amante se dirigeait vers la sortie, tandis que je me munis de mon préservatif encore empli de notre péché et le vidai entièrement dans le bénitier.
C’est alors que j’aperçus le curé, il rentrait à nouveau dans l’église après avoir laissé le défunt aux bons soins des agents funéraires. Je me sentis totalement honteux en croisant son regard furibond, et tentai de bafouiller quelque excuse.
— Je suis sincèrement désolé, monsieur, je ne sais pas ce qui m’a…
— Ne m’appelle pas « monsieur », mais « mon père », espèce de petit saligaud ! Tu n’as pas honte ? me coupa-t-il.
Mon sang ne fit qu’un tour, il n’allait pas gâcher ce moment délicieux par ses vociférations.
— Écoute-moi bien, mon petit bonhomme, t’es pas mon père, d’accord ? T’es juste un vieux con en robe. Non, je n’ai pas honte de ce que j’ai fait, j’ai aimé ça et je recommencerais mille fois si j’en avais l’occasion ! Je suis athée, libertin, et si ça ne tenait qu’à moi, on éradiquerait toutes les religions de la surface de la Terre !
À ces mots, je pris mes jambes à mon cou et m’enfuis de ce lieu de perdition.
Le lendemain, je reçus un message de mon ami : « Ne t’avise plus jamais de me recontacter, je ne veux plus entendre parler de toi ». Bien mérité, je dois dire, je n’étais pas très fier de moi.
J’ai longtemps cherché à retrouver ma voisine, en vain.
Valentin attendait, tête baissée, le châtiment qui lui était réservé. Évidemment, cette histoire était un aller simple pour l’enfer, cela allait de soi. Il était soulagé de s’être libéré de ce poids, mais appréhendait la suite.
Ne sentant rien venir, il se risqua à chercher Luciférine du regard. Elle se tenait devant lui, un grand sourire aux lèvres, avec dans les yeux le même regard d’envie qu’avait son amante de l’église.
***
Photos de Loïc Siebe, lors de la dernière soirée The Sinners Fetish Party : Luciférine prenant la tête de son pécheur, au propre comme au figuré 😉 et le beau vitrail projeté sur les voûtes de l’enfer, tandis que Valentin se confesse…