Après le vendeur de souvenirs, une rencontre estivale d’un autre genre cette fois…
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Le soir, quand tout est calme, la maison rangée, la vaisselle terminée, ils s’installent sur la terrasse, pour le plaisir de fumer une cigarette, déguster un alcool fin. Ils bavardent, détendus par un dîner bien arrosé et la joie des vacances ensemble. L’excitation des bains de mer et des bains de soleil est passée. Ils se sentent fourbus d’avoir été roulés dans les vagues, fouettés, battus, d’avoir mené un combat perdu contre les flots rugissants. Ils regardent paresseusement les constellations, le sommeil les gagne peu à peu. Elle éprouve les vertiges de l’infini qui la fascinait tant adolescente, l’immensité de l’univers, les étoiles innombrables, tout ça…
Soudain, des bruits se font entendre dans les fourrés du jardin, piétinements, craquements de branchages. Elle se raidit, retient ses cris, et s’agrippe au bras de l’homme, enfonçant ses ongles dans sa chair tendre. Il serre les dents, tandis qu’elle scrute les buissons sombres et chuchote :
— Tu as entendu ? Il y a quelqu’un ! Là…
— J’entends rien…
— Mais, si, là !! A l’instant !
L’homme reste impassible, flegmatique, malgré la nana hystérique qui glapit à son oreille, sursaute à chaque bruit et met son bras en charpie. Il affiche un air déterminé et rassurant, il est prêt à bondir, à la défendre, pourfendre l’animal qui menace. Il allume la lampe-torche de son téléphone, balaie le jardin, et éclaire, vision d’horreur, deux éclats jaunes. Un chat noir, qui s’enfuit aussitôt, non sans avoir provoqué un nouveau sursaut. C’est vraiment lui qui fait autant de bruit ? Elle n’est pas tranquille malgré la fuite du félin, le cœur battant à tout rompre, elle guette le moindre bruit suspect.
Un raffut de tous les diables secoue le jardin, elle se jette dans les bras de l’homme à nouveau. C’est un monstre qui se cache là pour faire autant de tapage, un gorille, un tueur sanguinaire ! Elle s’use les yeux à fixer la mini jungle de leur jardin, chaque ombre semble prendre la forme d’une patte, d’une main…
Et il apparaît enfin, lui, le hérisson tant espéré, qui ne se montrait plus ces dernières années, ayant déserté le jardin des vacances ! Elle respire et s’attendrit, fond complètement devant la mignonne petite bête qui furète, farfouille, renifle, trottine… Ils retiennent leur souffle, l’homme lui fait chut du doigt, mais elle a un mot sur le bout de la langue, elle a besoin de son aide. Elle murmure à son oreille :
— Comment ça s’appelle déjà, un animal qui aime vivre au contact de l’homme ?
— La femme ?
— Toi alors ! Tu exagères ! ça me revient, c’est anthropophile, espèce de taquin !
— Et donc, tu ne serais pas un peu anthropophile par hasard ?
— …
Elle reste coite, elle se sent prise la main dans le sac, qu’est-ce qu’il soupçonne, que sait-il exactement… mais il rit, indulgent, la rapproche de lui, et elle choisit de rire avec lui. Et de changer de sujet :
— Tu crois qu’on peut l’apprivoiser ?
Le hérisson est son allié, il concentre toute leur attention. Il se promène tout près d’eux, indifférent à leur présence, et les réjouit de ses bruyantes allées et venues et de sa vivacité. La prochaine fois qu’il passe à sa portée, elle va toucher ses piquants pour voir. Il faut toujours qu’elle touche à tout…
3 commentaires
Merci Léo ! J’aime bien « sans avoir l’air d’y toucher » …
merci ! j’aime bien saliver…
…sans avoir l’air d’y toucher, avec grâce, légèreté, ces petits textes me font saliver..