Élucubrations grammaticales

Quand on écrit, on doit choisir tout de suite, au risque d’avoir beaucoup de travail ensuite sinon : écrire à la première ou troisième personne ? Au présent ou au passé ?

La force de l’écriture à la première personne m’a sauté au visage, après avoir lu deux autrices, Claire Von Corda et Amy Waldo ! La première personne permet de mieux décrire l’urgence du désir, l’impatience, l’excitation, la tempête et le désordre des émotions, des ressentis… On se coule dans la peau de l’héroïne, on voit à travers ses yeux, on vit ses aventures à en perdre haleine, on devient « elle ».
De mon côté, je privilégie le plus souvent, et même toujours je crois, l’écriture à la 3e personne, car j’aime bien jouer avec différents points de vue, et aussi me tenir à distance de mes personnages : ce n’est pas moi, tout est inventé ! Mais j’ai de toute façon cette question qui revient régulièrement, parfois assortie d’un clin d’œil bien gras : « c’est autobiographique ? » – et je ne suis pas la seule d’après mes échanges avec mes consœurs ! (je réponds « oui », de plus en plus souvent, par pure provocation) Alors, pourquoi ne pas tenter l’écriture à la première personne, pour changer…
Cet inconvénient de l’écriture à la première personne me retient : on se prive du point de vue de l’autre, et je ne sais pas si je suis prête à m’en passer. J’aime bien me glisser dans les pensées de tous mes personnages…

Leurs livres « coups de poing » (« Chaude comme l’enfer », « Obsessions ») sont écrits au présent. Cela se passe ici et maintenant ! On est tenus en haleine, on vit intensément, sans aucune distance…
De mon côté, je varie les plaisirs : « Immersion » et « Le Village des soumises » sont certes écrits au présent, mais souvent, je préfère écrire au passé, car j’aime jouer avec l’imparfait et le passé simple ; deux temps du passé, alors qu’il n’y a qu’un temps au présent (je ne sais pas si je suis claire ^^) mais je reconnais que l’expérience d’une écriture au présent nous plonge en totale immersion dans l’histoire.
L’écriture à la première personne s’accommode mal de l’écriture au passé, car le passé simple donne un ton hautain, surtout si l’on doit employer le nous, (« nous allâmes » 😅), alors que ce n’est pas le cas quand on écrit à la troisième personne : « Ils allèrent » n’a pas de connotation prétentieuse.
Là, je relis un manuscrit écrit au passé, et je fais face à des énigmes grammaticales de haut vol (pour moi ^^) :
Le présent de mes personnages est donc raconté au passé, et dans le passage que je suis censée corriger (au lieu de traîner sur Facebook à raconter ma vie), mon héroïne raconte ses aventures passées… Le passé du passé.
La grammaire et les conjugaisons nous offrent des voyages dans le temps insoupçonnés !

– J’aurais dû mieux écouter mes professeurs et professeures de français pour jongler en virtuose avec tous ces temps (même si certains tombent en désuétude, dommage ou tant mieux, je n’ai pas d’opinion arrêtée, je m’en remets aux experts et expertes), mais ce n’est pas le cas, et je m’en mords les doigts, m’en remettant à ce qui sonne juste à mon oreille défaillante et mon éventuelle future correctrice pour rattraper mes erreurs.
(J’ai écouté une interview d’Amélie Nothomb, elle expliquait que la grammaire c’était quand même la base du métier d’écrivain ! Avec une force et un aplomb du tonnerre. Gloups. Je vais piquer le Bescherelle de ma collégienne (flambant neuf depuis des années, c’est louche)
Bon, je me suis montrée intarissable et verbeuse, j’aurais mieux fait de poursuivre mes corrections !

 

 

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