Il y a foule à la pharmacie, on fait la queue sagement, quand je sens du mouvement derrière moi ; quelqu’un tente de se faufiler. La moutarde me monte au nez, je fais volte-face, prête à lancer à ce cuistre un bienveillant mais ferme « il faut faire la queue ». Je reste muette, il s’agit d’une vieille dame qui a l’air toute perdue. Une cliente l’accompagne et m’explique qu’elle a oublié son adresse, son nom… Apparemment, elle n’a pas de sac, donc pas de papiers d’identité sur elle.
Je me fige, comment l’aider, appeler les pompiers peut-être ?
La pharmacienne contourne son comptoir et présente une chaise à la vieille dame. Elle lui tient des propos rassurants « prenez votre temps, ça arrive, reposez-vous, je vous apporte un verre d’eau… ». Un homme sort de la file d’attente, il est policier et se dit prêt à aider.
La dame semble reprendre ses esprits, et bientôt, elle se met debout et clame son nom haut et fort, il résonne dans toute la pharmacie. Soulagement général dans la file d’attente ! La pharmacienne retrouve son adresse dans son fichier, c’est une cliente déjà venue dans le passé. Le policier propose de la raccompagner, ce n’est pas tout près…
Cette vieille dame égarée m’a serrée le cœur, avant qu’il ne soit réchauffé grâce à cette chaîne de solidarité s’organisant autour d’elle. Entre le policier et la pharmacienne, elle se trouve entre de bonnes mains !
C’est triste, cette perte de mémoire subite, se retrouver hébétée au milieu d’un lieu empli d’inconnu, sans plus savoir qui on est, où on habite… mais c’est bon de savoir que l’on peut compter les uns sur les autres ; il y aura toujours quelqu’un pour sortir du rang et offrir son aide.