Ecrire, relire et relire encore

Je recopie ici aussi mon article Facebook :

Écrire une nouvelle, une novella, un roman… même combat, c’est toujours un processus itératif infernal et sans fin !

Tout commence dans l’euphorie, la joie et l’allégresse, l’enthousiasme…
Les doigts volent sur le clavier, le stylo caracole sur le papier, l’imagination bouillonne, les idées et les mots se bousculent… C’est la phase créative, ma préférée ! Des personnages prennent vie, une histoire se développe, on part à l’aventure sans trop savoir où l’on va … (Enfin, les auteurs désorganisés qui comme moi ne font pas de plan et ne savent pas à l’avance ce que leur réservent leur héros !).
Les scènes érotiques s’écrivent toutes seules, elles me tournent les sens, je suis à deux doigts de me jeter sur mon lit, mais je tâche de continuer coûte que coûte, on pensera au plaisir plus tard, ce n’est pas le moment de lâcher…

Je pose enfin le crayon, la souris, étourdie par des heures de pianotage intense qui m’ont mise en transe. Je frôle la tendinite, il est temps de faire une pause, de déjeuner, de sortir, de m’habiller…
Je me relis, je grince des dents, me lamente, tout est à jeter ! Parfois je m’arrête là, découragée, c’est trop mauvais, je dois tout réécrire, ça ne vaut pas le coup de continuer…
Et mon manuscrit en cours rejoint la cohorte des histoires inachevées.

Cette fois, je me suis donné le petit coup de fouet nécessaire, on m’a motivée, je me suis accrochée ! J’ai corrigé les incohérences, les fautes de frappe, d’orthographe, les contresens, j’ai complété avec des passages manquants, amélioré les liaisons entre les chapitres, etc…
Je confie le tout à un bêta-lecteur qui se reconnaîtra, pour connaître son ressenti, ses réactions, mais il ne se montre pas très objectif, je ne reçois que des compliments et des louanges. Ce n’est pas comme ça que je vais améliorer mon texte !

Le moment tant redouté est venu, le passage d’Antidote, le logiciel de correction bien-aimé des auteurs, cette torture que l’on s’inflige, impossible d’y couper. Il s’agit d’examiner laborieusement one by one les centaines de corrections qu’il propose, le pire était la gestion des répétitions ! Au secours ! Un travail à la chaîne minutieux, répétitif, usant pour les nerfs et les yeux… Tant pis, je laisse quelques répétitions, on verra comment ça sonne à la relecture.
Se poser des questions, ne jamais trouver de réponses, mal chercher sans doute, se perdre dans des forums où chacun y va de son avis perso : faut-il mettre les mots anglais en italique, comment écrire l’heure, etc…

Au bout d’une dizaine d’heures, et autant de cafés (il faut dire que je n’avance pas vite, Facebook reste non ouvert non loin pour m’offrir des petites récréations et des distractions… un peu trop à la réflexion !) la récompense, enfin : j’imprime le tout ! Et je décide de laisser reposer la pâte. C’est le moment où il faudrait passer à autre chose, écrire cet article que l’on m’a proposé, revoir tel texte en souffrance depuis des mois, corriger tel autre, sortir visiter une expo, voir des amis… mais j’ai l’esprit entièrement tourné vers l’histoire que je viens de terminer, je vis encore au rythme de mes personnages, de leurs états d’âme. Je relirais bien tout de suite, là, maintenant, pour battre le fer tant qu’il est chaud.
Non !
Le nez dans le guidon, on ne voit plus rien ! Il faut se retenir de relire dans la foulée je pense, se changer les idées au contraire, se détacher de son texte, l’oublier pour le reprendre avec un regard neuf.

Je relirai dans une semaine, en vacances, j’aurai tout mon temps, et point de réseaux sociaux. Normalement…
Je sais que je vais faire plein de modifications, il me faudra les reporter sur Word. Puis, me relire encore peut-être, car j’ai sans doute fait des changements qui vont avoir un effet dominos, ou papillon… ; ou alors décréter que ça commence à bien faire, je ne peux plus voir mon texte en peinture ! J’ai fini !!

J’envoie ma bouteille à la mer à d’autres bêta-lecteurs, à des maisons d’édition. Ou pas. J’hésite… Pourquoi ne pas opter pour une publication en épisodes sur mon blog, ou sur une autre plate-forme… Je choisirai plus tard !

Tiens, j’ai une nouvelle idée d’histoire ! Un projet qui m’emporte, écrase tout sur son passage, efface le reste, il n’y a plus que lui qui compte… Et là, dans l’euphorie et l’allégresse : retour à la case départ !

Et pour vous mes amis auteurs, ça se passe comment ?

4 commentaires

  1. Leo a écrit :

    Je prends votre sourire comme un compliment…je suis totalement dans le flou : j’écris mais je ne sais pas qui cela peut intéresser en dehors de mon entourage ( a part vous, chère Clarissa, qui ne connaissez que ma production érotique, une très petite part de ce que j’écris

    1. Clarissa a écrit :

      Je veux bien vous lire aussi dans d’autres registres aussi ! J’aime plein d’autres genres en plus de celui qui m’occupe ici

  2. Clarissa a écrit :

    Merci pour ce témoignage très intéressant, de nous confier votre méthode, pourquoi vous écrivez, vos motivations, vos ressentis… Vous êtes très organisé, bien plus que moi ! Moi, je n’écris que si j’en ai envie…et je vois bien le risque que vous évoquez : ne pas réussir à s’arrêter, l’histoire qui prime sur la « vraie vie »…. et vous me faites sourire quand vous dites « je m’habitue à ma médiocrité »

  3. Leo a écrit :

    Merci pour ce billet, j’adore quand les écrivains racontent leur cheminement. Je vais m’autoproclamer ami et auteur et vous livrer ma façon de faire.
    Je n’ai jamais envie d’écrire si je ne l’ai pas planifié la veille. Chaque jour, je me prévois au moins une heure et j’essaye de m’y tenir, même si rien ne me viens, je m’astreins à rester une heure devant mon ordinateur à réfléchir à mon texte. Si c’est un texte long, je commence par un fichier de brouillon avec des idées jetées en désordres puis un vague plan. Quand je passe au texte en lui-même, j’essaye d’abord de garder un flux dans l’écriture, sans trop me soucier du style. Au bout de mon heure, je ne relis pas, j’éteins l’ordinateur, et je fais autre chose, j’essaye de ne plus y penser sauf que souvent les idées tournent dans ma tête. Je les note au fur et à mesure de ma journée sur un carnet ou mon téléphone. Quand j’ai une ébauche plus longue, avant de repartir pour une heure d’écriture je décide si je relis ou pas. Si je relis, je décide à quelle vitesse. Si c’est une relecture lente, je retravaille chaque phrase en essayant de trouver un style qui me plaît, que tous les mots soient à leur place. Quand j’ai assez de matière je fais de relectures rapides, comme si je lisais le texte d’un autre et je surligne les passages qui ne me plaisent pas pour y revenir plus tard.
    Je me demande souvent pour qui j’écris. Pour moi, pour tout le monde, pour personne ? J’adore relire des passages que j’ai complétement oublié, redécouvrir mon texte avec un œil presque neuf et me dire « j’aime bien, en fait c’est pas si mal » : j’écris pour celui que je serai dans le futur, pour plaire à celui qui aura oublié ce que j’écris aujourd’hui, et je me relis pour juger celui que j’étais dans le passé…voilà pourquoi je me limite à une ou deux heures d’écriture par jour, sinon je me dédouble, je rentre complétement dans mon monde, je deviens fou !
    J’avance comme ça, un coup j’écris, un coup je relis et en général, je finis mon texte complément différemment de ce que j’avais prévu au début. Parfois j’ai l’impression que quelqu’un écrit à ma place, que je suis transpercé par les idées qui s’incarnent sur l’écran à mon insu sans que je l’ai prévu, c’est jouissif…Je sors de mon corps, et j’entre dans le monde immatériel des mots…sauf sur les passages érotiques, où mon corps refait surface, j’écris et fantasme en même temps, parfois je suis trop excité pour continuer à écrire…
    En parallèle à mon activité d’écriture, je lis le plus possible. J’ai toujours refuser de participer à des ateliers d’écritures pour ne jamais pouvoir me réfugier dans une technique extérieure mais j’ai besoin de lire pour côtoyer des écrivains et me sentir moins seul face à la page blanche. Sauf que je me suis aperçu que comme mon style personnel est loin d’être affirmé, j’ai tendance à adopter le rythme des phrases des auteurs que j’aime, voire à plagier leur style…
    Alors, je relis encore et encore, le texte se solidifie et un jour je décide qu’il est fini. Parfois je me dis qu’à force de me relire, je finis par m’habituer à ma médiocrité et je n’arrive plus à en sortir. Il est alors temps de le donner à lire à mes proches. C’est mon objectif quand j’écris : donner le meilleur de moi-même à ceux qui me lisent, puis échanger sur mon texte, qui devient un nouveau sujet de conversation, de partage.

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