Il y a quelques années, une domina rencontrait un soumis, à la Nuit élastique très exactement.
Monsieur fumait tranquillement son paquet de cigarettes quotidien. La domina, un brin sadique, s’intéressa à l’affaire, y voyant une occasion de jeu supplémentaire ; une façon aussi de joindre l’utile à l’agréable. Elle décréta un beau jour :
— Un paquet, c’est trop, désormais, tu ne fumeras que dix cigarettes par jour, car tel est mon désir.
Le soumis s’inclina. Réduire sa consommation de tabac ne l’intéressait guère, mais il s’exécuta, pour les beaux yeux de la dame, qui n’allait pas tarder à lui en demander toujours plus — enfin, toujours moins plutôt.
— Et maintenant, tu passes à cinq cigarettes par jour ! Et que ça saute !
Bientôt, cela ne lui suffisait plus, à peine quelques semaines plus tard, ses exigences montèrent d’un cran.
— Trois cigarettes par jour…
Là, elle sembla satisfaite enfin. Le soumis trouva son rythme, une cigarette le matin, une le midi, et une le soir, jusqu’à ce que la sentence tombe à nouveau.
— Un peu d’effort, deux ce serait bien !
Il renâcla pour la forme et s’adapta : une le matin avec son café, une le soir. Mais son répit fut de courte durée, l’impitoyable dominatrice imposa qu’il s’en tienne à une seule cigarette quotidienne : celle du soir.
Cela dura des mois, des années. Le soumis pensait avoir la paix, même si, taquine, la dominatrice le cherchait parfois sur ce terrain : « bientôt, ce sera zéro cigarette ! Alors profite bien de chaque bouffée ». Elle hésitait cependant à franchir ce dernier pas, qui mettrait fin au jeu. Et puis elle appréciait ses gestes de bad boy sexy quand il fumait, pourquoi le nier. Mais peu à peu, l’envie d’aller plus loin l’aiguillonna, elle le menaçait de plus en plus souvent pour rire.
Il la surprit en devançant ses désirs, la frustrant de ce dernier ordre qu’elle s’apprêtait à lui donner, reculant l’échéance.
— J’arrête ! annonça-t-il, fier et ravi de lui plaire. Je viens de terminer ma dernière cigarette.
Elle le félicita, heureuse, sa frustration vite envolée. Finalement, c’était mieux que la décision vienne de lui. Sans doute voulait-il abréger ses souffrances liées au suspense et à l’anxiété, même si elles allaient être aussitôt remplacées par la souffrance du manque…
Elle pensait déjà à un nouveau jeu qui les occuperait quelques années !