Samedi dernier, Dèmonia nous conviait à une soirée fetish-bdsm comme on les aime tant, avec, cerise sur le gâteau, une croisière sur la Seine en guise de before !
Admirer les quais de Seine nonchalamment accoudée au bastingage, dans la tiédeur d’une nuit d’été, entourée de matelots canons moulés de près dans leur marinière ? Génial ! Je me suis tellement précipitée pour prendre ma place que j’ai hérité du billet numéro 10…
Finalement, il faisait plutôt fraichou, et le vent soufflait fort près de la balustrade ! Mais commençons par le début…
Surtout, ne pas manquer le départ du bateau ! Nous arrivons bien en avance et retrouvons avec plaisir les premiers amis, toujours les mêmes, qui préfèrent eux aussi patienter devant une porte close plutôt qu’affronter la queue et la joyeuse cohue des vestiaires, autant d’occasions de rencontres pourtant, j’ai testé ^^. Le temps d’échanger sur les récentes festivités et de se montrer des bouts de costumes sous nos vestes, les portes s’ouvrent. Nous descendons dans un tunnel en béton nu avec de gros tuyaux au plafond – il n’a rien à envier aux bunkers des séries post-apocalyptiques dont je suis friande – , avant d’émerger devant une immense péniche blanche brillamment éclairée ! Magique !
On embarque aussitôt à bord, pile à l’heure. Des amis se changent déjà, nous les rejoignons avec enthousiasme pour ôter nos oripeaux citadins, et réapparaître tels des super héros : mon fidèle acolyte en matelot de corvée, moi en officier de marine jusqu’au bout de mes ongles bleus, et au moins « premier maître » avec ma casquette ! (On me dira que je fais plutôt « titi parisien » en fait, flûte). On est tatoués de partout, j’ai enfin des tentacules éphémères qui s’enroulent autour de mes bras et font couler des navires, mon matelot arbore fièrement une pin-up 50’s sur son biceps et ces simples mots « Propriété de Clarissa » sur son torse nu. Les choses sont claires ! – Je me souviens trop bien de notre précédente Nuit Dèmonia où il manquait de se faire enlever dès que je regardais ailleurs ^^ Et là, j’ai bien l’intention de me promener toute seule à l’occasion, et risquer quelques mésaventures !
Les organisateurs nous accueillent tous sourires et détendus, prêts à faire la fête eux aussi après avoir tant œuvré pour métamorphoser la péniche en un donjon bdsm. On a le temps de les embrasser, ils nous tendent une coupe de champagne, réservée aux happy few qui profitent de la croisière en toute intimité. En attendant la bande de pirates en délire qui va se lancer à l’assaut du bateau quand on retournera à quai, vers 23h30, j’en frissonne d’avance 😉
Là, sur le pont du navire, nous goûtons le moment, notre coupe à la main, trinquant sans fin. Moment surréaliste ! Nous sommes si habitués aux soirées où l’on se plonge dans la musique tout de suite… C’est bon aussi de prendre le temps de bavarder, tout le monde est heureux de se retrouver, de « faire des mondanités » et des gros hugs, en grignotant de délicieux petits fours proposés par de charmantes demoiselles tout sourires. On se croirait à une fête de l’ambassadeur sans les tenues extravagantes des participants ! Beaucoup ont joué le jeu du thème, on croise énormément de moussaillons et de marinettes, j’ai même vu quelques sirènes… D’autres se sont complètement détachés du thème au contraire, et s’affichent dans de magnifiques costumes de reines de la nuit ou de démons de l’enfer. Vivement les photos ! Les conversations aussi n’ont rien à voir avec celles des soirées mondaines, certains évoquent avec nostalgie les délires des croisières bdsm qui se déroulaient autrefois, une tradition avec laquelle renoue Dèmonia à notre plus grande joie !
Je navigue entre les groupes comme un poisson dans l’eau afin de saluer tout le monde et admirer chaque tenue. Amusant de rencontrer enfin des connaissances virtuelles de longue date ! Le bateau tarde à larguer les amarres, faudra-il envoyer nos matelots en salle des machines, fouetter quelques marins ? Finalement, les moteurs grondent, le bateau quitte le quai au ralenti et s’élance sur les flots déchaînés – enfin, la Seine – nous offrant une vue magnifique sur Paris illuminé, notre ville lumière adorée qui porte si bien son nom, et son symbole phallique lumineux… Petit coup au cœur en passant sous le pont Alexandre III où nos fantômes des précédentes Nuits Dèmonia dansent encore, en attendant la prochaine. Comme les enfants, nous levons tous les bras pour faire signe aux touristes qui se penchent pour mieux voir. Youhoo !! Un ami a l’idée du siècle : s’il avait raté le départ, il aurait pu courir et se jeter du pont, tel James Bond !
Nous arrivons à destination, retour au point de départ, le bateau est amarré, nous nous préparons à accueillir les hordes de fêtards en furie qui vont nous envahir et nous conquérir. Nous sommes plus que consentants, et accueillons à bras ouverts ces renforts, dont certains, inespérés, pleuraient encore sur Facebook le matin même sur leur difficulté à trouver une place ou leur impossibilité à venir ! Nous nous réjouissons sans fin de nous retrouver, et de l’infinité des coïncidences qui a rendu le miracle possible…
Nous avons chaud enfin, bien serrés les uns contre les autres près du bar. J’ai dû mal à quitter le bar d’ailleurs, je suis en bonne compagnie, entre mon matelot, mon cow-boy tatoué et son ami débutant qui ouvre grand les yeux. Et puis les deux barmaids sont irrésistibles ! L’une, en très jolie tenue de matelotte, la même que celle du billet, gouailleuse, souriante, rieuse, taquine, affectueuse au possible ; l’autre, irréelle de beauté, une déesse des mers incarnée le temps de la soirée ! Une jolie jeune fille à couettes se faufile près de moi, elle glisse un papier dans mon décolleté. Un mot doux peut-être ? Non, un préservatif ! On ne sait jamais, autant être prête à tout ^^ Mais finalement, l’emballage dentelé me gratouillera trop la peau, je le mettrai vite à disposition sur une table pour les plus coquins que moi…
La musique monte d’un cran, il est temps d’explorer les étages inférieurs de la péniche !
Au pied de l’escalier, un adepte du trampling attend nos souliers pointus. Mon paillasson préféré, devenu un ami au fil de mes piétinements ! Je me ferai une joie de danser et sautiller sur lui à chacun de mes passages. Il me regarde avec un sourire communicatif et m’encourage, un peu déçu sûrement par mes ballerines vernies (je veux danser !), mais des talons aiguilles ne devraient pas tarder à le combler…
Une grande salle de danse s’étend devant nous, avec un son excellent, l’envie de danser se réveille, circule dans tout mon corps, m’électrise ! (Mais finalement, ce sera une soirée où je danserai moins que d’habitude, attirée régulièrement par le bar du haut et ses joyeux convives accoudés, par l’animation sur le pont, la nuit étoilée, la fraîcheur nocturne après l’ambiance torride des cales, à tel point que mon matelot de soirée grommellera à la fin contre ces excès de « mondanités » : on n’a pas assez dansé, on a trop causé… Quoi ! On se plaint ? Une punition s’impose dans un très proche avenir !)
Le Donjon nous accueille au bout d’une coursive brillamment éclairée où des hommes patientent, lourdement chargés de cravaches et de matériels divers, pendant que leurs maîtresses se refont une beauté dans les toilettes.
Un donjon bien équipé, je devine des croix de St André, des cages en fer forgé. La pièce est très sombre, éclairée seulement de quelques rayons lumineux, elle est déjà investie, si j’en juge par les claquements et les gémissements qui parviennent à mes oreilles. Mes yeux s’accoutument peu à peu, je distingue dans la pénombre des silhouettes dans les cages, « caressées » par des cravaches… Des soumis sont déjà au travail, massant des pieds qui ne doivent pas être très fatigués encore, mais c’est si agréable ! De jolis soumises attachées aux croix se font « taquiner », fouetter ; elles ondulent de plaisir. Au fil des heures, tard dans la nuit, l’obscurité encourage quelques débordements. Les lieux se chargent de tension érotique, la soirée bascule, un vent de folie souffle et se propage…
Tout au fond de la pièce, une table de massage est dressée. Pat et Alice, les masseurs bdsm que nous apprécions tant, proposent leurs mains bienfaisantes. La soirée passe trop vite, j’aurai juste le temps de venir les embrasser ! Mais je sais que beaucoup en ont profité… – J’ai trop la bougeotte en soirée, j’ai envie d’être partout à la fois, retrouver untel ou unetelle, danser, bavarder, boire, circuler, et finalement, il m’est impossible de tout faire !
Le jour se lève déjà, signant la fin de la fête ; nous sommes des vampires, nous devons retourner dans nos caveaux, alors que nous voudrions danser encore ! Le soleil détruit tout sur son passage, la musique s’arrête, nos mines sont défaites. Nous nous rhabillons, échangeant in extremis des coordonnées avec des inconnus, et nous donnons rendez-vous pour la prochaine soirée : le 26 octobre ! On y sera, tous, et bien plus nombreux encore !
Photos : Bruno Equalizer (Paris by night), Raphaël Sarrasin (costumes) . Je voulais attendre les photos « officielles » avant de publier mon billet, mais j’étais trop pressée de partager mes impressions, merci aux amis qui m’ont donné leurs photos !