Demain…

Horloge-Dictateur  Elucubrations diverses en écriture automatique… #atelierd’écriture. 

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    Demain, je me mets au sport, j’arrête les sucreries, demain je trie mes papiers, mes photos, mes histoires, demain je termine ce texte, ce livre… Demain…
   Ah finalement, non, car demain, je le revois enfin, mon amant qui se fait attendre depuis si longtemps !
   Demain est le plus joli mot de la langue française ! Porteur de tant d’espoir, de promesse, d’impatience…
   Alors tout attendra après-demain… car aujourd’hui, je ne fais rien, je ne pense qu’à demain !
   Demain n’arrivera donc jamais, le temps ralentit, s’allonge, finit par s’arrêter tout à fait.
   De guerre lasse, je me résous à trier mes photos, mes papiers, mes fichiers. Je reprends mon livre, mon récit, et miracle, le temps repart, s’emballe. Demain sera vite là finalement. A condition de réussir à dormir cette nuit.
   On est demain enfin ! Je le vois aujourd’hui ! Ce soir…
   Mais la journée ne fait que commencer, et je suis déjà prête, lavée, épilée, maquillée, coiffée, apprêtée… Je n’ose plus bouger de peur de transpirer, me décoiffer, brouiller mon maquillage. J’attends, le temps s’est figé. Pour de bon cette fois.
   J’allume la télé pour passer le temps, je choisis une série au hasard, je vis par procuration les aventures des héros, j’enchaîne les épisodes sans réfléchir, de plus en plus absorbée, les personnages sont devenus mes amis, ma famille ; cette fiction, ma nouvelle réalité. 
   Fin de la saison 1. Il fait nuit noire dans l’appartement. Je regarde ma montre et sursaute, le coeur transpercé d’un coup de poignard. Il est déjà plus de minuit, j’ai raté mon rendez-vous avec lui, mon amant adoré. J’attrape mon téléphone en tremblant, j’ai une dizaine de messages en attente, des appels en absence. Je l’avais laissé en mode silencieux. C’est lui bien sûr, il me cherche, s’inquiète, s’énerve. Je n’écoute pas ses messages, je ne le lis pas ses textos, je me contente d’une seule réponse : « je t’ai trop attendu, je ne fais que ça depuis hier, je n’en pouvais plus ».  
   Je m’enfonce dans le canapé, je ne veux pas y penser maintenant, je verrai demain. Je lance la saison 2 de ma série, je m’abîme à nouveau dans les mésaventures de mes nouveaux amis, je m’y plonge jusqu’au cou, je ris, je pleure avec eux. Mon mascara coule, mes cheveux s’emmèlent, ma robe se froisse, ça m’est égal. Oubliés mon amant, les corvées, la vraie vie… Allez tous au diable !

   Photo : Harold Lloyd

2 commentaires

  1. Clarissa a écrit :

    Oh merci infiniment ! Je crois que c’est le plus beau compliment que l’on ne m’ait jamais fait ! Je suis vraiment contente et heureuse si j’ai su vous toucher… Je trouvais ce passage inabouti, j’ai failli ne pas le poster, mais j’ai fini par jeter ma bouteille à la mer, et j’ai bien fait

  2. Japil a écrit :

    Je trouve ces quelques lignes bouleversantes. C’est de la vraie littérature. Continue! Jacques

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