L’été dernier, alors que j’étais en phase de correction finale de mon manuscrit Le Village des soumises – une dernière relecture pour tenter d’éradiquer les ultimes coquilles (mot pudique qui signifie en fait « fautes d’orthographe et de grammaire inexcusables ») -, une vague de témoignages a déferlé dans des storys sur Instagram. Une amie les a rassemblés pour alerter la communauté BDSM : plusieurs jeunes femmes découvrant le milieu ont vécu des séances traumtisantes avec de faux maîtres, qui, sous couvert de pratiques BDSM ont abusé d’elles, ne tenant pas compte de leurs réticences. Elles n’ont pas osé protester souvent, pensant que c’était « normal » dans le cadre d’une relation BDSM, avant d’ouvrir les yeux, parfois bien plus tard.
Nous avons été choquées, tristes pour elles, et en colère contre ces hommes ayant abusé de leur confiance. Le BDSM est un milieu bienveillant par nature, et le premier a avoir mis en avant l’importance du consentement.
Je me suis sentie un peu « coupable » d’écrire une histoire où des maîtres profitent joyeusement de soumises – consentantes, certes – lors d’un séjour dans un club de vacances. J’ai demandé à l’éditrice en charge de la mise en page de mon roman s’il n’était pas trop tard pour ajouter deux pages en annexe, une sorte d’ « avertissement » pour rappeler l’importance de l’écoute, de la complicité et du consentement.
Elle a accepté et je l’en remercie ! Je recopie mes deux pages ci-dessous. Elles sont forcément imparfaites et incomplètes, mais je ne voudrais pas que mon roman soit pris au pied de la lettre.
J’en profite pour évoquer un article qui vient d’être publié sur le blog des Sinners : La découverte d’une pratique sexuelle intense, parfait pour découvrir le BDSM quand on débute : il présente les différentes pratiques, la relations de domination/soumission, et souligne l’importance de l’écoute, de l’after care…
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Découvrir le BDSM
Ce roman est une œuvre de fiction destinée avant tout à distraire et émoustiller les lectrices et les lecteurs.
Il évoque surtout des pratiques sexuelles, ce qui ne représente qu’une partie des pratiques BDSM (Bondage et Discipline, Domination et Soumission, Sadisme et Masochisme). Il ne cherche pas à être réaliste, n’a pas vocation à servir de guide pratique ni à décrire le milieu du BDSM. Les opinions, les discours, les goûts, et les agissements de mes personnages imaginaires n’engagent qu’eux !
Si vous souhaitez découvrir l’univers du BDSM, le mieux est de rencontrer des personnes bienveillantes qui se feront un plaisir de vous accueillir et de vous initier. Il existe des rendez-vous réguliers entre amateurs, permettant d’échanger sur les pratiques et les fétichismes, de se renseigner sur les événements, de faire des connaissances : les munchs. Les soirées fetish-BDSM sont l’occasion d’expérimenter des sensations dans un cadre sécurisé, grâce à la présence des organisateurs et des autres participants.
Quand on débute en tant que soumise, il est préférable de ne pas rester seule derrière son ordinateur et choisir un maître sur un site de rencontres. Cela peut très bien se passer, se révéler une bonne surprise, mais c’est risqué, et parfois dangereux. Il existe en effet des hommes peu scrupuleux, manipulateurs, abusant de l’inexpérience des nouvelles venues dans le milieu.
Le consentement est la clef d’une séance BDSM réussie.
Une séance BDSM commence toujours par un échange entre le maître et la soumise, en particulier s’ils viennent de se rencontrer. C’est l’occasion de dialoguer, de se connaître. Le maître s’assure du consentement de la soumise, la soumise exprime ses limites.
Le consentement n’a rien de définitif, la soumise peut changer d’avis à tout moment et décider de mettre fin à la séance ou à la pratique en cours si elle ne lui convient pas. Souvent, un safeword est convenu entre les deux partenaires, afin de marquer clairement l’arrêt du jeu. Mais avant d’en arriver là, la soumise ne doit pas hésiter à faire part de ses ressentis ou de ses réticences.
De son côté, pendant toute la séance, le maître reste constamment tourné vers sa soumise, à l’écoute de ses réactions, veillant à ce que tout se passe bien et s’adaptant au besoin.
Il sera particulièrement vigilant sur la sécurité. Certaines pratiques ne s’improvisent pas et peuvent être dangereuses. Des formations existent, par exemple pour apprendre le shibari (attacher avec des cordes).
À la fin de la séance, il aide la soumise à redescendre sur terre. Il l’entoure, la réconforte, la félicite, s’assure qu’elle va bien, désinfecte les marques si besoin. C’est l’occasion de débriefer la séance qui vient de se dérouler.
Le but est que chacun éprouve du plaisir : le plaisir de s’offrir, de lâcher prise, d’éprouver des sensations pour la soumise ; le plaisir de mener le jeu, de donner du plaisir pour le maître.
(J’ai évoqué les relations entre un maître et une soumise, mais ceci est valable pour toutes les configurations : une dominatrice et un soumis, une dominatrice et une soumise, ou un dominant et un soumis).
Amusez-vous bien ! Et faites attention à vous…
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Une importante communauté sur les réseaux sociaux partage des conseils ; des sites rassemblent des infos ; des lieux permettent de faire ses premiers pas en toute sécurité, par exemple :
– Les munchs de l’association PariS-M : rencontres, échanges, débats…
– Les Goûters du divin marquis : pour se lancer
Comme le dit PariS-M : « Fais-moi mal, mais fais le bien 😉 »
Sur ce thème du consentement, je recommande l’excellent Retour au manoir d’Emma Cavalier, qui montre les dégâts à long terme d’une relation BDSM abusive.
– Photo : film La secrétaire
1 commentaire
Clarissa, merci de citer Paris-m, je rajoute que le slogan qui tu cite fait aussi carrément l’objet d’un petit fascicule joliment imprimé du même nom, assez complet et qui est le must-have de tout curieux, débutant (ou pas). A mettre entre toutes les mains ! Je suis sûr que tu me permets de mettre le lien de download. Des biz. https://www.paris-m.org/archives/Livret-Fais-moi-mal-mais-fais-le-bien.pdf