Coopération

Je viens d’écouter le dernier Podcast de « La pointe du cul » sur le pet play (on peut l’écouter ici), et j’ai envie d’ajouter mon grain de sel… ou ma patte plutôt, pour rester dans le thème !

Le pet play est un jeu de rôles qui consiste à imiter des animaux – généralement un chien ou chat, mais il existe aussi des chevaux, des poneys – et leurs propriétaires. L’occasion de jeux de balles, de bagarres, de caresses à rebrousse-poil, de léchouilles, de lapage de gamelle… Le pet play peut s’exprimer de façon intense : j’ai déjà croisé en soirée des « puppys » plus vrais que nature, ces garçons portant un masque de chien et des moufles pour marcher à quatre pattes. Ils chahutent entre eux comme de vrais chiots ! Je croise aussi souvent des chats, dont un en particulier, équipé d’une cagoule de latex à moustaches qui ne manque pas une occasion de me griffer les bras avec malice, et je m’attarde parfois entre ses griffes… (merci d’avoir accepté d’illustrer mon texte !) J’apprécie aussi d’adopter un chiot quelques instants en soirée, pour ébouriffer ses cheveux en le caressant, flatter ses flancs… avant qu’il ne patiente à mes pieds, bien sage comme un bon chien, et me lèche le bout des doigts.
Le pet play n’est pas une pratique bdsm si marginale je trouve, il commence dès qu’un soumis ou une soumise arbore un collier avec un anneau, auquel une dominatrice ou un dominant peut accrocher une laisse.

« La pointe du cul » ne manque jamais de poser la question des débuts aux personnes interviewées, et vient même de lancer une série dédiée. Je m’intéresse aussi beaucoup aux débuts, au déclencheurs d’un goût pour une pratique, et j’ai envie de poursuivre mes confidences, avant de recueillir celles des autres peut-être. Après les jeux de bagarre de la fin de mon adolescence, je retourne bien plus loin dans le passé, au temps de l’école primaire.

Je pense qu’aux origines du goût pour le pet play, il y a parfois un chien, un vrai, avec qui on a joué, couru, chahuté toute notre enfance, qu’on a abondamment caressé en échange de grands coups de langue, qu’on a embêté et qui s’est laissé faire, comme un bon toutou.
J’ai eu un chien, il m’a accompagnée toute ma scolarité, on s’entendait comme chien et chat ^^ Enfant, je le déguisais avec des chapeaux et des foulards, je le prenais en photo en me tordant de rire – là, il montrait un peu les dents parfois, il n’aimait pas quand je me moquais de lui – je le promenais en poussette de poupée, le coiffais longuement, le poursuivais quand il en avait assez et voulait échapper à mes « mauvais » traitements, et j’en passe… Il y avait beaucoup de drames aussi. Je ne rangeais que rarement ma chambre, il piétinait mes cahiers épars, dévorait mon goûter, grignotait mes stylos, mes vêtements, mes jouets, etc…
J’ai un souvenir en particulier :

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Je fais partie d’une génération qui, enfant, devait finir son assiette – sombre époque — ou au moins se forcer un peu, encouragée sévèrement par un père sourcilleux : « Allez une dernière bouchée ! », avant d’être enfin autorisée à quitter la table. Je baissais la tête, accablée devant mon assiette où refroidissait un steak bordé de gras, nageant dans sa sauce figée, avec son infecte ratatouille ; le tout me dégoûtait (les choses ont bien changé ^^). Les adultes ne se préoccupaient pas de moi, ils discutaient de leurs trucs d’adultes qui ne m’intéressaient pas une seconde, la politique essentiellement, encore et toujours (là rien n’a changé, les adultes discutent toujours politique des heures durant)
J’usai de ruses de sioux pour pousser et tasser le plus possible les aliments sur les bords de mon assiette et donner l’illusion d’avoir presque terminé, ou du moins bien avancé. Je ne m’en tenais pas là, car ça ne marchait que moyennement. J’avais un complice, le meilleur ami de l’homme, mon fidèle compagnon à 4 pattes, un superbe cocker noir, qui semblait si sérieux et respectable avec ses longues oreilles tombantes. Il se glissait silencieusement sous la table et se faufilait discrètement entre mes jambes. Ses poils chatouillaient mes jambes nues et je me retenais pour ne pas rire. Il posait sa truffe fraîche et humide sur mon mollet pour me signifier sa présence ; il était prêt ! Je glissais une main affectueuse sous la table et caressais sa tête poilue, me faisant abondamment lécher la main au passage, le tout dans un silence absolu, même s’il me chatouillait avec sa langue. De toute façon, les adultes ne nous prêtaient aucune attention — mais comment pouvaient-ils rester aussi longtemps à table, ça me dépassait ! Moi je ne pensais qu’à m’échapper, c’était d’un ennui mortel, alors que j’avais tant à faire… Je ne tardais pas à lui donner des morceaux de viande en cachette, le chien se régalait en silence, et je voyais avec satisfaction mon assiette se vider à vue d’œil et ma libération approcher. Il me léchait longuement les doigts au passage, j’aimais bien ça. Entre deux bouchées, le chien me remerciait de coups de langue sur mes mollets et en redemandait avec de petits coups de museau.
Cette fructueuse coopération se poursuivit pendant des années, jusqu’à ce que j’atteigne l’âge où l’on n’exige plus de moi que je termine mon assiette (je me servais toute seule dans le plat, avec modération)

Ce souvenir qui resurgit me donne envie de revivre cette scène de l’enfance, mais à la place du chien, j’installerai cette fois un soumis entre mes jambes. Je me régalerai du repas qu’il m’aura préparé et je lui donnerai à manger quelques bouchées parfois, quand j’y penserai. Si je l’oublie trop longtemps à son goût, il embrassera délicatement mon mollet pour se rappeler à mon bon souvenir. Je flatterai son pelage et lui donnerai de bons morceaux si ça me chante, ou serrerai mes jambes autour de son cou pour l’étrangler — ce que je n’aurai jamais fait au chien, mais là, je pourrais déraper !)

 

Site de La Pointe du cul , podcast consacré aux fétichismes et aux kinks

– Photo prise sur le net, retirée ou créditée sur simple demande

 

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